Après avoir finalement percé le front allemand en Normandie lors de l’opération Cobra, les Alliés encerclent une partie de la 7. Armee et de la 5. Panzer-Armee au sein de la poche dite de Falaise. Cependant, sa fermeture tardive et imparfaite laisse échapper plusieurs divisions, même si celles-ci perdent l’essentiel de leur matériel lourd. La plupart d’entre elles parviennent à franchir la Seine et à rejoindre le Westwall et plusieurs d’entre elles sont reconstituées. L’incapacité alliée à détruire totalement les divisions allemandes encerclées constitue l’un des facteurs qui permettent le rétablissement de la Wehrmacht à l’Ouest donnant ainsi naissance à de nombreuses polémiques historiographiques.
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Historique
Le 6 juin 1944, les Alliés réussissent leur Débarquement et brisent sans réelle difficulté les défenses du Mur de l’Atlantique. Seule ombre au tableau, Caen reste entre les mains des Allemands. Les premières contre-attaquent de ces derniers se révèlent sans véritable danger malgré l’arrivée de puissantes unités comme la 12. SS-Panzer-Division ou la 130. Panzer-Lehr-Division. Dans les faits, la Wehrmacht ne sera jamais dans la capacité de repousser les Alliés. En dépit de la prise de Cherbourg, Américains et Britanniques ne parviennent pas à percer le front allemand malgré plusieurs offensives. Alors que les principales unités blindées allemandes sont fixées à l’Est de l’Orne avec l’opération Goodwood, les Américains déclenchent l’opération Cobra le 25 juillet 1944. Le front allemand s’écroule le lendemain. La 4th US Armored Division pénètrent dans Avranches le 30 juillet 1944 au soir. Les restes de la 77. Infanterie-Division tentent de contre-attaquer, mais en vain.
Chronologie
25 juillet 1944 : déclenchement de l’opération Cobra avec trois divisions d’infanterie du VII US Corps (9th, 4th et 30th US Infantry Division) en direction de la Montreuil-sur-Lozon, La Chapelle-en-Juger et Saint-Gilles. La progression américaine parait limitée, mais la 130. Panzer-Lehr-Division est totalement désorganisée par le bombardement aérien qu’elle a subit et peu de renforts sont disponibles.
26 juillet 1944 : Les 2nd et 3rd US Armored Divisions passent à travers les lignes des divisions d’infanterie américaines et éventrent les défenses allemandes totalement exsangues suite aux assauts de la veille. Dans le même temps, le VIII US Corps passe à l’attaque en direction de Lessay et de Périers. Sans percer le front allemand, il empêche les LXXXIV. Armee-Korps d’y prélever des renforts pour contrer la percée des divisions blindées américaines qui avancent de dix kilomètres.
27 juillet 1944 :
28 juillet 1944 :
29 juillet 1944 :
30 juillet 1944 : les Britanniques lancent l’opération Bluecoat
31 juillet 1944 :
1er août 1944 :
2 août 1944 :
3 août 1944
4 août 1944 :
5 août 1944 :
6 août 1944 :
7 août 1944 :
8 août 1944 :
9 août 1944 :
10 août 1944 :
11 août 1944 :
12 août 1944 :
13 août 1944 :
14 août 1944 :
15 août 1944 :
16 août 1944 :
17 août 1944 :
18 août 1944 :
19 août 1944 :
20 août 1944 :
21 août 1944 :
Unités allemandes encerclées
Cette liste représente les unités allemandes encore présentent à l’Ouest de la Dives le 16 août 1944.
- Etats-majors :
- Divisions :
- 84. Infanterie-Division : rejoignant le front normand après la percée américaine, elle se retrouve affectée au LXXXIX. Armee-Korps pour consolider le flanc allemand le long du corridor américain. Elle se retrouve au fond de la poche agissant en arrière-garde et perd les deux tiers de ses effectifs. Ses restes se retrouvent en Hollande lors de l’opération Market-Garden et interviennent dans le secteur de Nimègue.
- 89. Infanterie-Division
- 271. Infanterie-Division : initialement en position dans la région de Perpignan, elle rejoint la Normandie mi-juillet 1944 entre Villers-Bocage et Evrecy où elle relève la 10. SS-Panzer-Division. Elle se retrouve progressivement bloquée dans la poche par les opérations Totalize puis Tractable qui se produisent à sa droite. Sa proximité avec l’axe de sortie lui permet de sortir de la bataille avec les deux tiers de ses effectifs initiaux. La division est ensuite transformée en Volksgrenadier-Division et part combattre face à l’Armée Rouge.
- 275. Infanterie-Division
- 276. Infanterie-Division : venant de la région de Biarritz, elle rejoint le front normand début juillet 1944 pour prendre la place au nord de Villers-Bocage la place des 130. Panzer-Lehr-Division et d’éléments de la 2. SS-Panzer-Division qui peuvent ainsi être transférées face au secteur américain. Elle prend de plein fouet l’opération Bluecoat. Ses services de l’arrière parviennent à se replier à temps, mais elle compte moins de la moins de la moitié de ses effectifs initiaux à l’issue de la bataille de Normandie. Son chef, Curt BADINSKI, est fait prisonnier dans la poche. La division est transformée en Volksgrenadier-Division et participe à l’opération Wacht am Rhein / Herbstnebel dans les Ardennes.
- 277. Infanterie-Division : positionnée dans le secteur de Narbonne, elle rejoint la Normandie durant la première quinzaine de juillet 1944 et relève la 9. SS-Panzer-Division. Une partie de ses effectifs pris au piège dans la poche finissent par s’échapper et rejoindre les services de l’arrière ayant pu s’extraire avant. La division perd la moitié de ses effectifs initiaux en Normandie. Transformée en Volksgrenadier-Division, elle participe à l’opération Wacht am Rhein / Herbstnebel dans les Ardennes.
- 326. Infanterie-Division : affectée au Südwall en 1943, elle est affectée à la 15. Armee à Saint-Omer. Elle rejoint la Normandie dans les derniers jours de juillet 1944 et relève la 2. Panzer-Division au sud de Caumont-l’Eventé qui peut aller tenter de rétablir le front pulvérisé par l’opération Cobra. Elle est durement éprouvée par l’opération Bluecoat durant laquelle son chef, Viktor von DRABICH-WÄTCHER, est tué le 2 août 1944. Un millier de ses hommes s’échappent par Saint-Lambert-sur-Dives le 20 août 1944. Transformée en Volksgrenadier-Division, elle participe à l’opération Wacht am Rhein / Herbstnebel dans les Ardennes.
- 331. Infanterie-Division
- 353. Infanterie-Division : stationnée en Bretagne, elle est immédiatement transférée en Normandie suite au Débarquement. Arrivée dès la mi-juin 1944, elle prend position dans la région de Saint-Lô puis du Mont-Castre. Certains de ses éléments viennent renforcer la 352. Infanterie-Division. Après l’opération Cobra, elle est encerclée une première fois dans la poche de Roncey et s’en extrait dans le secteur de la Baleine. Elle constitue ensuite l’arrière-garde des unités allemandes dans la poche de Falaise mais cinq mille hommes parviennent en s’en extraire.
- 363. Infanterie-Division : après une courte période de stationnement au Danemark, la division rejoint la 15. Armee puis la Normandie à partir de fin juillet 1944 dans le secteur de Vire puis de Flers. Relativement positionnée au fond de la poche, moins d’un quart de ses effectifs initiaux semblent avoir quitté la Normandie. Transformée en Volksgrenadier-Division, elle participe aux combats de l’automne en Hollande puis sur la Roer entravant ainsi l’avance alliée en direction du Rhin.
- 708. Infanterie-Division : positionnée en Gironde, la division rejoint tardivement la Normandie, début août 1944 lors que les pointes américaines avancent déjà en direction de la Loire. Ses éléments se retrouvent éparpillés entre Angers, Le Mans et Domfront. Certains d’entre eux luttent notamment contre la 2ème Division Blindée et se retrouvent coincés dans la poche.
- 3. Fallschirmjäger-Division : stationnant en Bretagne, la division rejoint la Normandie à partir de la mi-juin 1944. Elle combat dans le secteur de Saint-Lô. L’opération Cobra se déroule à sa gauche et elle participe au rétablissement d’un front le long du corridor américain. L’opération Bluecoat l’oblige à se replier. Enfermée dans la poche, ses restes participent activement à la percée autour du Mont Ormel tenu par les hommes de la 1st Polish Armoured Division. Son chef Richard SCHIMPF est blessé juste avant la percée du 20 août 1944 et le commandant du II. Fallschirm-Korps Eugen MEINDL prend directement le commandement. Elle subit ensuite d’importantes pertes dans la poche de Mons. Reconstituée, elle participe à l’opération Wacht am Rhein / Herbstnebel dans les Ardennes.
- 5. Fallschirmjäger-Division : positionnée en Bretagne sans que sa formation soit encore achevée, elle rejoint par paquet la Normandie à partir de fin juin. Jamais engagée de façon complète, ses bataillons renforcent d’autres unités au cours des combats dans le bocage à Saint-Lô ou au Mont Castre. Ses éléments combattent finalement dans la poche avec la 3. Fallschirmjäger-Division. Reconstituée, elle participe à l’opération Wacht am Rhein / Herbstnebel dans les Ardennes.
- 2. Panzer-Division : quatrième division blindée allemande engagée en Normandie dès mi-juin 1944, elle combat essentiellement dans le secteur de Caumont-l’Eventé. Relevée par la 326. Infanterie-Division, elle tente de rétablir le front éventré par l’opération Cobra. Menacée à son tour par l’opération Bluecoat, elle doit suspendre ses efforts puis participe à l’opération Lüttich dans le secteur du Mesnil-Adelée. Repliée sur la forêt d’Ecouves, les restes de la division parviennent à s’extraire de la poche avant son bouclage définitif. Reconstituée, la 2. Panzer-Division participe à l’opération Wacht am Rhein / Herbstnebel dans les Ardennes et parvient à quelques encablures de la Meuse.
- 9. Panzer-Division : arrivée tardivement en Normandie en provenance du Sud de la France, la division ne peut arriver à temps pour la contre-attaque sur Mortain. Elle se heurte aux points avancées américaines et à la 2ème Division Blindée. Quelques uns de ses éléments se retrouvent pris dans la poche et combattent avec la 116. Panzer-Division. Quelques uns de ses chars combattent à Paris.
- 116. Panzer-Division
- 1. SS-Panzer-Division
- 2. SS-Panzer-Division
- 9. SS-Panzer-Division
- 10. SS-Panzer-Division
- 12. SS-Panzer-Division
- 17. SS-Panzergrenadier-Division
Bibliographie
Livres
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- Pierre PERRET & Pierre-Marie JAMET (sous le direction de), Le Char Tigre de Vimoutiers en Normandie (224 pages) [Oblique Art Poduction via OREP, 2023]
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- Frédéric DEPRUN, L’enfer de Saint-Lambert-sur-Dives (2ème partie), percer face aux Canadiens, 18-21 août 1944 [Normandie 1944 Magazine n°6 (Heimdal, 2012)]
- Frédéric DEPRUN, L’enfer de Saint-Lambert-sur-Dives (1ère partie), récit d’un Kanonier de la 116. Panzer-Division, août à décembre 1944 [Normandie 1944 Magazine n°5 (Heimdal, 2012)]
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- Stéphane JONOT, Walter Schäfer, opérateur radio du général Harmel, 10. SS-Panzer-Division Frundsberg [Normandie 1944 Magazine n°5 (Heimdal, 2012)]
- Stéphane JONOT, Nicolas Fank, radio de Panther mosellan dans la tourmente [Normandie 1944 Magazine n°3 (Heimdal, 2012)]
- Stéphane JONOT, Lucien Meyer et la s. Heeres-Panzerjäger-Abteilung 668 [Normandie 1944 Magazine n°1 (Heimdal, 2011)]
- Yannis KADARI & Hugues WENKIN, Falaise, premiers faux pas ! Entre tergiversations et incohérences [Batailles & Blindés hors-série n°25 (Caraktère, 2014)]
- Matthieu LONGUE, Hans Behrend, officier de la “Leibstandarte SS Aolf Hitler” (16 pages) [39/45 Magazine n°380 (Heimdal, 2023)]
- Jason MARK, Leaping Horseman in Normandy, I./Panzer-Regiment 24, July-August 1944 (43 pages) [Kampfzone Issue 2 (Leaping Horseman, 2022)]
- Nicolas PONTIC, Le I. SS-Panzer-Korps, la garde noire d’Hitler (112 pages) [Batailles & Blindés hors-série n°54 (Caraktère, 2024)]
- Stéphane REY, Voir le bocage et mourir, la schwere Panzer-Abteilung 503 en Normandie [Batailles & Blindés n°40 (Caraktère, 2010)]
- Franck SEGRETAIN, Echec et mat ! La bataille de la poche de Falaise (8-21 août 1944) [Ligne de Front n°85 (Caraktère, 2020)]
- Jean-Charles STASI, Bertrand du Pouget, un pilote de bombardier dans la bataille de Normandie [Normandie 1944 Magazine n°15 (Heimdal, 2015)]
- Jean-Charles STASI, Un para dans la tourmente, Johannes Börner, le parachutiste allemand devenu citoyen français [Normandie 1944 Magazine n°2 (Heimdal, 2012)]
- Pierre TIQUET, Sturmartillerie de la Waffen-SS : Hohenstaufen (96 pages) [39/45 Magazine hors-série Batailles & Témoignages n°18 (Heimdal, 2023)]
- Laurent TIRONE, Clash d’acier à l’Ouest, 1944/45, la Wehrmacht a-t-elle vraiment combattu à l’Ouest ? (30 pages) [Trucks & Tanks Magazine n°99 (Caraktère, 2023)]
Historique de la page
- Dernière mise à jour : 10/03/2024
- Création : 16/01/2018
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