Après plusieurs semaines de guerre d’attrition, l’opération Cobra permet aux Américains de percer le front allemand en Normandie et de réaliser la percée d’Avranches ouvrant la voie à la libération de la Bretagne et débloquant la situation alliée à l’Ouest en lançant la 3rd US Army dans la brèche…
Historique
Contexte
Après avoir réussi à débarquer le 6 juin 1944, les Alliés parviennent à établir une solide tête de pont au 12 juin 1944 avec la prise de Carentan. Ils cherchent ensuite à gagner en profondeur. Les tentatives autour de Caen restent globalement infructueuses. En coupant en deux le Cotentin à partir du 18 juin 1944, les Américains peuvent remonter la péninsule en direction Cherbourg où toute résistance cesse le 29 juin 1944.
Les Américains progressent ensuite difficilement à travers le bocage normand. De leur côté, les Britanniques peinent à s’emparer de Caen et échouent dans toutes leurs tentatives de rompre le front allemand. Malgré son usure, celui-ci tient toujours, ce qui provoque d’importantes tensions dans les états-majors et entre les Alliés. La stratégie de Bernard MONTGOMERY est de plus en plus remise en cause et son poste est menacé.
Conception
Le 11 juillet 1944, les Américains lancent l’assaut sur Saint-Lô qui n’est prise que le 18 juillet 1944. Cependant, le 12 juillet 1944, Omar BRADLEY débute la mise au point de l’opération Cobra. Celle-ci consiste bombarder massivement puis à donner l’assaut des lignes allemandes sur un front étroit de sept kilomètres situé sur la route Périers – Saint-Lô pour ensuite lâcher les blindés sur les routes de Coutances et d’Avranches.
Ainsi, l’opération Cobra est l’une des rares occasions où les Américains choisissent de produire un effort sur un secteur limité du front plutôt qu’une offensive sur un front large [cf. Historical Perspectives of the Operational Art (Center of Military History, United States Army, 2005), p. 400].
La percée
Goodwood fixe les défenses allemandes autour de Caen
Pour parvenir à déstabiliser le front allemand et finir par le rompre, les Alliés activent deux offensives successives. L’opération Goodwood frappe la première le 18 juillet 1944 à l’est de Caen en partant de la tête de pont aéroportée britannique. Malgré un bombardement préliminaire intensif, les défenses allemandes se ressaisissent rapidement et mettent en échec l’attaque au bout de quarante-huit heures.
Faux départ pour Cobra
Prévu le 24 juillet 1944, le déclenchement de l’opération Cobra ne peut avoir lieu en raison des conditions atmosphériques au-dessus de la Grande-Bretagne qui empêchent une partie des bombardiers alliés de décoller. Cependant, certains d’entre eux ne reçoivent pas l’ordre d’annulation et accomplissent leur mission au-dessus des lignes allemandes. Le VII US Corps lance quelques unités de la 9th US Infantry Division afin de consolider ses positions et éviter que les Allemands ne profitent de l’évacuation des premières lignes américaines dans la crainte de bombes tombées trop court. Etonnamment, cette agitation n’alerte pas plus que cela les Allemands qui pensent avoir repousser facilement une tentative d’attaque.
Des débuts laborieux
Le bombardement massif se déroule finalement le lendemain 25 juillet 1944. Mille cinq cent bombardiers larguent trois mille trois cent tonnes de bombes. Plusieurs pertes sont à déplorer dans les lignes américaines dont le général Lesley McNair. Mais l’essentiel se déverse sur les lignes de la 130. Panzer-Lehr-Division de Montreuil à Hébécrevon en passant par La Chapelle-en-Juger le long de la route qui relie Saint-Lô à Perriers puis Lessay, ces deux agglomérations étant encore solidement aux mains des Allemands. Au soir du premier jour de l’offensive, l’avance ne dépasse pas deux kilomètres de profondeur. La 30th US Infantry Division s’empare néanmoins de Hébécrevon.
Voir aussi…
- Article Opération Cobra de Wikipédia en français
Bibliographie
Livres
- Frédéric DEPRUN, Normandie 1944, 2. Panzer-Division, tome 2, Caen-Vire-Mortain, 1er juillet – 12 août 1944 [Heimdal, 2020]
- Jérémie HALAIS, D-Day, L’essentiel du débarquement et de la Bataille de Normandie [OREP, 2023] : origines, conception et réalisation de l’opération Overlord, le Débarquement en Normandie (têtes de pont aéroportées américaine et britannique, Utah Beach, Pointe du Hoc, Omaha Beach, Gold Beach, Juno Beach, Sword Beach), les combats pour le Cotentin et Cherbourg, Caen, la bataille des Haies, Saint-Lô, opération Cobra et la percé américaine d’Avranches et de Pontaubault, la contre-attaque allemande de Mortain, la poche de Falaise/Trun/Chambois, l’opération Paddle et la course à la Seine, la libération de Paris, le débarquement en Provence et la libération de la France (112 pages)
- Eric LEFEVRE, Les Panzers en Normandie [Heimdal, 1978]
- Didier LODIEU, Le sacrifice des Fallschirmjäger, tome 1, du 26 juillet au 5 août 1944 [La Poche de Falaise – Chambois, 2019]
- Robert CITINO, The Wehrmacht’s Last Stand 1944-1945 [Kansas, 2017]
Magazines et périodiques
- ?, La Kampfgruppe Heintz et l’opération Cobra, témoignage d’un infirmier [Batailles n°93 (Ysec, 2021)]
- Stephan CAZENAVE, “Götz von Berlichingen”, le baptême du feu normand [Batailles & Blindés n°112 (Caraktère, 2023)]
- Frédéric DEPRUN, La 84. Infanterie-Division (2ème partie), le saillant de Gathemo, 3 – 12 août 1944 [Normandie 1944 Magazine n°47 (Heimdal, 2023)] : transfert et arrivée en Normandie de la 84. Infanterie-Division début août 1944 qui renforce le LXXXIV. Armee-Korps après l’opération Cobra dans le secteur de Vire, Sourdeval, Champ-du-Boult afin de relever la 116. Panzer-Division devant la 4th US Infantry Division puis qui doit défendre Gathemo face aux 9th US Infantry Division et 28th US Infantry Division appuyées par le 803rd US Tank Destroyer Battalion et renforcées finalement par la 2nd US Armored Division qui contraint finalement les Allemands au repli par la poche de Falaise/Trun/Chambois où est fait prisonnier l’état-major de la division avec à sa tête son commandant, Erwin MENNY (46 pages)
- Frédéric DEPRUN, Der Windhund en Normandie, Panzer-Aufklärungs-Abteilung 116 Der blaue Kakadu (1ère partie) [Normandie 1944 Magazine n°26 (Heimdal, 2018)]
- Frédéric DEPRUN, Les Panther de la Das Reich, le vrai périple de Barkmann, 27 au 31 juillet 1944 [Normandie 1944 Magazine n°25 (Heimdal, 2017)]
- Frédéric DEPRUN, Les tracteurs RSO de la 275. ID, fuir la Manche à 16km/h, juin-août 1944 [Normandie 1944 Magazine n°23 (Heimdal, 2017)]
- Frédéric DEPRUN, Panzer-Kolonne en fuite, état des lieux entre Trelly et la Chapelle, 30 juillet 1944 [Normandie 1944 Magazine n°21 (Heimdal, 2016)]
- Frédéric DEPRUN, La Panzer-Kolonne de la Lande des Morts, vers l’anéantissement, 29/30 juillet 1944 [Normandie 1944 Magazine n°20 (Heimdal, 2016)]
- Sylvain FERREIRA, Août 1944, la poche de Falaise [Batailles & Blindés hors-série n°47 (Caraktère, 2021)]
- Paul GAUJAC, L’opération Cobra, première charge de l’Armored, 24-31 juillet 1944 [Tank Zone n°1 (Histoire & Collections, 2008)]
- Stéphane JACQUET, De la Normandie à la Baltique avec la 30 Assaut Unit [39/45 Magazine n°302 (Heimdal, 2012)]
- François ROBINARD, Le soutien stratégique aux grandes attaques alliées en Normandie [Normandie 1944 Magazine n°42 (Heimdal, 2022)]
- Benoît RONDEAU, Le carrousel des blindés, opérations Cobra, Bluecoat et Lüttich [2e Guerre Mondiale n°78 (Mars & Clio, 2018)]
- Franck SEGRETAIN, Echec et mat ! La bataille de la poche de Falaise (8-21 août 1944), in Ligne de Front n°85 (Caraktère, 2020)
- Jean TORCHIO, La Hell on Wheels dans le secteur de Notre-Dame-de-Cenilly (2ème partie) [Normandie 1944 Magazine n°29 (Heimdal, 2018)]
- Jean TORCHIO, La Hell on Wheels dans le secteur de Notre-Dame-de-Cenilly (1ère partie) [Normandie 1944 Magazine n°25 (Heimdal, 2017)]
- Philippe TROMBETTA, 4th Cavalry Group en Normandie [Normandie 1944 Magazine n°5 (Heimdal, 2012)]
Ludographie
- Mémoire 1944 [Days of Wonder, 2004]
Historique de la page
- Dernière mise à jour : 25/07/2023