Batailles & Blindés n°81 (Caraktère, 2017)

A nouveau, ce sont cent ans d’histoire de blindés, de guerre mécanisée et d’engins militaires que propose ce numéro du magazine Batailles & Blindés des Editions Caraktère, même si le sommaire reste très teinté Seconde Guerre mondiale.

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Recension

L’offensive britannique de novembre 1917 sur Cambrai rappelle que la Grande-Bretagne a été précurseur dans le développement et l’utilisation des chars au combat (cf. interview de David FLETCHER). L’opération est novatrice à plus d’un titre : rassemblement d’une masse de chars, coopération étroite entre l’artillerie, l’infanterie et les blindés, tempo et espace géographique limités. Les Allemands réussissent à bloquer l’attaque quand ils parviennent à scinder un élément du trio : les fantassins ne peuvent avancer sans l’appui des chars, ceux-ci sont détruits s’ils ne sont pas couverts par l’infanterie d’accompagnement.

Le char n’est à lui seul pas l’arme absolue pour vaincre. En témoignent quatre exemples de combat de la Seconde Guerre mondiale où l’avantage du nombre a été mis en défaut par un adversaire plus réduit, blindé ou pas. Dans l’ordre chronologique, le dossier présente la bataille de Wizna lors de l’invasion de la Pologne en 1939 qui illustre que cette campagne ne fut pas une simple promenade de santé pour les Allemands. Le XIX. Armee-Korps (mot.) de Heinz GUDERIAN se retrouve bloqué dans un zone boisée et humide pendant près de quatre jours par quelques défenseurs polonais et choisi un assaut frontal plutôt que la manœuvre. Un an et demi plus tard, ce sont les Britanniques qui échouent face aux défenses allemandes à Halfaya en Afrique du Nord. Les Britanniques pourtant à l’origine du concept de chars durant la Première Guerre mondiale se sont perdus : leurs matériels ne répondent pas aux exigences de la guerre moderne et les principes de coopération interarmes ont été oublié.

Plus célèbre, l’échec de la 7th Armoured Division à Villers-Bocage en Normandie face à la schwere SS-Panzer-Abteilung 101 et à Michael WITTMANN ilustre les conséquences d’une action décidée et hardie d’un homme qui saisit l’opportunité de l’incurie de son adversaire. En plein territoire ennemi non reconnu, il s’aligne en colonne comme à la parade sans avoir pris un minimum de dispositions défensives.

Le quatrième exemple met en scène Erwin BACHMANN de la 10. SS-Panzer-Division Frundsberg face aux Américains de la 12th Armored Division le 17 janvier 1945 à Herrlisheim. Fait surprenant, les Allemands en profitent pour mettre la main sur douze M4 Sherman qui seront utilisés ensuite jusqu’à la fin de la guerre contre leurs anciens propriétaires.

Lorsque les Allemands déclenchent l’opération Barbarossa pour envahir l’URSS, ils découvrent avec stupeur que l’Armée Rouge met en ligne des engins bien plus puissants que leurs chars. Le T-34 et le KV-1 sont mieux armés et bien mieux protégés au point de mettre en difficulté les unités blindées allemandes. Cependant, les combats tournent à l’avantage des Allemands, les soviétiques ne parvenant pas à capitaliser sur les avantages intrinsèques de leurs chars. L’analyse des rapports de plusieurs unités rédigés (3. Panzer-Division, 4. Panzer-Division, Panzer-Regiment 203) en 1941 et 1942 permet de comprendre comment les Allemands ont réussi à compenser leur infériorité dans les premiers mois du conflit germano-soviétique mais aussi comment il est urgent de se doter de moyens de lutte similaires, voire supérieurs. La réaction est rapide avec à la fois des expédients à court terme et des développements à plus moyen terme qui seront notamment mis en ligne en 1943 lors de l’offensive Zitadelle à Koursk (cf. Batailles & Blindés hors-série n°34).

Didier LAUGIER (auteur de Surmartillerie volume 1 et de Sturmartillerie volume 2) décortique la vie à bord d’un Sturmgeschütz StuG III. Ce canon d’assaut, initialement conçu comme appui d’infanterie, se voit transformer en un engin ultra polyvalent grâce à une conception saine et un coup de fabrication bien moins cher qu’un char. Le rôle de chaque membre d’équipage est précisément décrit et permet de se rendre compte de l’importance de la bonne ergonomie des postes de combat et de la bonne répartition des responsabilité dans la performance (ou non) d’un système d’arme.

L’article sur la bataille de Saint-Vith en décembre 1944 lors de la contre-offensive allemande des Ardennes est doublement intéressant. Premièrement, il décrit dans le détail les opérations qui aboutissent à la destruction d’une partie de la 106th US Infantry Division. Deuxièment, il permet de comprendre comment les pointes allemandes de la 5. Panzer-Armee qui avance sur Bastogne et celles de la 6. Panzer-Armee qui tente de percer la crête d’Elsenborn laissent un espace entre les deux que les Américains exploitent en retardant la prise de Saint-Vith au maximum avec l’engagement de la 7th US Armored Division qui renforce les éléments éparpillés de la 9th US Armored Division et surtout qui bouche le trou laissé par l’anéantissement d’une partie de la 106th US Infantry Division.

Si la bataille de Saint-Vith n’est pas décisive dans la succès américain des Ardennes, le fait d’avoir conservé cet important carrefour routier a empêché les Allemands de consacrer toutes leurs forces aux pointes avancées et interdit surtout la possibilité de basculer d’un axe à l’autre des moyens offensifs en fonction des opportunités qui se présentent.

La bataille de Normandie est également présente avec un article de Stephan CAZENAVE [cf. ses ouvrages sur l’engagement des divisions blindées allemandes face aux Alliés qui viennent de débarquer : SS-Panzer-Regiment 1 LAH (Maranes, 2017), SS-Panzer-Regiment 2 DR (Maranes, 2016), Panzerdivision Hitlerjugend, volume 2 (Maranes, 2015)] avec un zoom plus particulier sur la bataille de Tilly-la-Campagne et l’engagement de la 1. SS-Panzer-Division Leibstandarte SS Adolf Hitler illustré de nombreux témoignages recueillis auprès de vétérans.

Sommaire

  • Laurent LAGNEAU, T-14 Armata, les essais opérationnels du nouveau char russe se passent comme prévu, in Batailles & Blindés n°81 (Caraktère, 2017)
  • Laurent TIRONE, Les chars Saint-Chamond et Schneider au défilé du 14 juillet 2017, le retour des anciens, in Batailles & Blindés n°81 (Caraktère, 2017)
  • Laurent TIRONE, BMPT-72 en Syrie, baptême du feu pour le Terminator, in Batailles & Blindés n°81 (Caraktère, 2017)
  • Laurent LAGNEAU, Le Pentagone envisage de livrer des missiles antichars à l’Ukraine, in Batailles & Blindés n°81 (Caraktère, 2017)
  • Actualité du livre
  • Stephan CAZENAVE, La 7. Panzer-Kompanie du SS-Panzer-Regiment 1 LSSAH en Normandie, l’enfer de Tilly-le-Campagne, in Batailles & Blindés n°81 (Caraktère, 2017)
  • Sylvain FERREIRA, Le retour d’expérience de la Panzerwaffe à l’Est, contrer le T-34, in Batailles & Blindés n°81 (Caraktère, 2017)
  • Laurent TIRONE, Fiascos blindés de la seconde Guerre mondiale, Michael Wittmann vs. 7th Armoured Division, grain de sable à Villers-Bocage, in Batailles & Blindés n°81 (Caraktère, 2017)
  • Laurent TIRONE, Fiascos blindés de la seconde Guerre mondiale, deux Panther font la paire, Erwin Bachmann à Herrlisheim, in Batailles & Blindés n°81 (Caraktère, 2017)
  • Laurent TIRONE, Fiascos blindés de la seconde Guerre mondiale, Wizna, les Thermopyles polonais, l’humiliation de Guderian, in Batailles & Blindés n°81 (Caraktère, 2017)
  • Laurent TIRONE, Fiascos blindés de la seconde Guerre mondiale, Bach à Halfaya, concerto en 8,8 majeur, in Batailles & Blindés n°81 (Caraktère, 2017)
  • Didier LAUGIER, Combattre dans un Sturmgeschütz, à bord d’un blindé pas comme les autres…, in Batailles & Blindés n°81 (Caraktère, 2017)
  • Luc VANGANSBEKE, Saint Vith, une Armored Division sur la défensive, in Batailles & Blindés n°81 (Caraktère, 2017)
  • Sylvain FERREIRA, Cambrai 1917, les tanks attaquent !, in Batailles & Blindés n°81 (Caraktère, 2017)

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