Ligne de Front n°107 (Caraktère, 2024)

Home » Magazines et périodiques » Ligne de Front » Ligne de Front (2024) » Ligne de Front n°107 (Caraktère, 2024)

Dans ce premier numéro de l’année 2024, Ligne de Front propose une maquette très légèrement modifiée sur la forme et un sommaire exclusivement tourné sur la Seconde Guerre mondiale en Europe et son extension en Afrique du Nord hormis les rubriques d’actualité…

Publicités

Temps de lecture estimé : 8 minutes

Présentation

Recension

Les Bersaglieri à travers les ans

Pour ouvrir le contenu principal du numéro, le spécialiste de l’armée italienne, David ZAMBON, propose un très intéressant dossier sur les Bersaglieri, de leur origine à nos jours. Durant la Seconde Guerre mondiale, ne servant pas au sein d’unités spécifiques, ils essaiment dans les divisions blindées et motorisées. Leur parcours permet de fait de survoler les grandes périodes et évolutions de l’armée italienne. La scission italienne de 1943 ne les épargnent pas non plus, ce qui est l’occasion de, rapidement, évoquer la diversité des motivations de ceux qui rejoignent un camp ou l’autre.

Adolf HITLER, stratège ?

Le dossier principal, rédigé par Nicolas PONTIC, concerne un sujet un peu « tarte à la crème », à savoir si Adolf HITLER est un stratège hors pair ou non. Un article annoncé comme « magistral » en éditorial. A juste titre, l’auteur introduit son propos en rappelant que les écrits des responsables allemands après-guerre doivent être pris avec précaution. En effet, ils cherchent trop souvent à soigner l’image pour la postérité des intéressés en chargeant ceux qui ne sont plus là pour se défendre et surtout en s’exonérant de toute accointance avec les crimes du régime nazi. Ces écrits génèrent en effet l’image d’une Wehrmacht vierge de tout méfait, mais aussi pas responsable des erreurs commises par le haut commandement. Utile en ces temps de Guerre froide et de reformation d’une armée allemande à l’Ouest face au Pacte de Varsovie. a l’occasion, il serait d’ailleurs intéressant de travailler sur le versant est-allemand, zone particulièrement obscure dans l’historiographie.

La description du rôle d’Adolf HITLER début avec ses succès durant l’entre-deux-guerres aussi bien en interne qu’au niveau international. Avec raison, Nicolas PONTIC souligne un personnage loin d’être irréfléchi et inconstant, capable de saisir les opportunités qui se présentent à lui, y compris de façon iconoclaste. On s’interrogera néanmoins sur la façon dont est décrite le pacte germano-soviétique et les motivations de Joseph STALINE, expliquant les annexions territoriales qui en sont issues comme une façon de se donner de la « profondeur stratégique » face à une guerre que le dictateur soviétique « sait inévitable ».

Publicités

S’en suit une rétrospective de la Seconde Guerre mondiale et des principales décisions allemandes et notamment portées au crédit du Führer avant de terminer par une conclusion plus analytique, le tout s’appuyant sur plusieurs citations de Benoist BIHAN extraites du livre Les mythes de la Seconde Guerre mondiale, également grand spécialiste et admirateur des qualités opératives prêtées à l’Armée rouge.

Assurément, Adolf HITLER a une vision assez globale qui ne se limite pas qu’aux aspects uniquement militaires, politiques, économiques, sociaux. A de nombreuses reprises, les décisions militaires sont dictées par d’autres considérations qu’uniquement opérationnelles. A l’instar de nombreux responsables du régime, ses biais idéologiques et racistes l’aveuglent. Cela dit, cette propension n’est pas unique et se retrouve de façon récurrente à travers les âges. Les exemples récents des décisions américaines après les attentats du 11 septembre 2001 ou celles de Vladimir POUTINE concernant l’invasion à grande échelle de l’Ukraine à partir du 24 février 2022 le prouvent.

Néanmoins, un système ou un régime, ne repose pas sur une seule personne. Si Adolf HITLER sait bousculer ses équipes et est capable de penser au-dehors des schémas convenus, il tue progressivement tout esprit d’initiative et se lance dans un micro-management au fur et à mesure que le conflit prend une mauvaise tournure. De plus en plus sollicité, il se déconnecte du monde extérieur et devient de plus en plus prisonnier de ses lubies. Une tendance qu’il partage avec de nombreux responsables, quel que soit le niveau de responsabilité dès lors que le système ne génère pas un renouvellement régulier du décideur en chef et des principales organes de décision.

Et aussi…

Sylvain FERREIRA peut en effet se plaindre que l’historiographie de la Seconde Guerre mondiale ne s’attarde pas assez sur le théâtre asiatique (voir Ligne de Front n°105) ou se concentre trop sur les succès occidentaux, les Panzer et la Waffen-SS, ces sujets demeurent ici l’architecture de ses textes. En témoigne son article sur l’épreuve du feu de l’Ordre noir en France, aprèse cependant son baptême du feu en Pologne, qui a cependant le mérite de faire une synthèse des crimes de guerre attribués notamment à la Leibstandarte et à la Totenkopf.

L’article sur l’opération Spring, particulièrement mal montée et mal exécutée par les Canadiens, mérite le détour. Comme parfois (voir par exemple Batailles & Blindés n°118), le titre ne correspond pas à la teneur du texte, probablement pour de basses questions marketing. En l’occurrence, les propos de l’auteur s’attardent bien plus sur les carences anglo-canadiennes que sur la performance même de Sepp DIETRICH tout juste évoqué comme étant le commandant du I. SS-Panzer-Korps qui encaisse alors l’assaut allié.

Enfin, Yannis KADARI propose la traduction passionnante d’un compte-rendu rédigé par Georg ERSKINE alors chef de brigade de la 50th (Northumbrian) Infantry Division avant de prendre le commandement de la 7th Armoured Division au sujet des opérations en Afrique du Nord.

Publicités

Sommaire et contenu

Actualités

Actus du livre

  • La Seconde Guerre mondiale vue d’ailleurs
  • Blitzkrieg: the Invasion of Poland to the Fall of France
  • Combattre pour l’honneur
  • The US Marine Corps 1775-1859, Continental and United States Marines

David ZAMBON, Les bersaglieri, toujours parmi l’élite (12 pages)

Sylvain FERREIRA, L’épreuve du feu pour l’Ordre noir, la Waffen-SS en France, 1940 (12 pages)

Publicités

Nicolas PONTIC, Hitler stratège, mythe ou réalité ? (18 pages)

Sylvain FERREIRA, « Sepp » Dietrich écrase les Canadiens, Normandie 1944 (16 pages)

Georg ERSKINE, « Les secrets du désert », opérations militaires en Libye, 1940-1942 (12 pages)

Bilan et place dans l’historiographie

Un numéro intéressant à lire, encadré de façon originale par un historique des Bersaglieri et la traduction d’un retour d’expérience britannique.

Les articles sur la Waffen-SS en France et le dossier sur Adolf HITLER peuvent paraître assez communs aux lecteurs les plus érudits, ils n’en présentent pas moins de bonnes synthèses. Mis à part l’interrogation sur le choix du titre, l’article concernant l’opération Spring traite d’un épisode plutôt éclipsé par l’opération Goodwood qui la précède et l’opération Cobra qui se déroule au même moment.

Publicités

Caractéristiques

  • Nombre de pages : 82
  • Langue : Français
  • Couverture : souple
  • Reliure : agrafée
  • Dimensions : 21 x 29,7 cm
  • Prix conseillé France à la date de parution : 7,80 €

Autres présentations et recension

Historique de la page

  • Dernière mise à jour : 25/02/2024
  • Création : 19/02/2024

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.