Historical Perspectives of the Operational Art (Center of Military History, United States Army, 2005)

Cette anthologie compile plusieurs études relativement courtes réparties en quatre parties qui étudient chacune l’évolution de la pensée opérationnelle des XIXème et XXème siècle : France, Allemagne, URSS et Russie, Etats-Unis.

Les services historiques de l’armée américaine possèdent une culture de l’analyse et de l’écrit particulièrement développés. Après la Seconde Guerre mondiale, cela se traduit par des interviews de vétérans allemands sur les combats menés et la rédaction de nombreux historiques officiels. Ces deux sources d’information seront durant de nombreuses années, et le sont encore, l’origine de très nombreux écrits (livres et articles). Cette tradition se perpétue encore au XXIème comme en témoigne la publication annuelle de la liste des lectures recommandées par le chef d’état-major des armées.

Ce livre est édité alors que les Américains sont engagés au combat de façon extensive en Afghanistan et Irak où ils sont confrontés à une guerre asymétrique à laquelle ils sont assez peu préparés. La mode est alors à la transformation tout azimut l’accent mis sur la technologie, la mise en réseaux de toutes les composantes armées (hommes, matériels, structures de commandement). Cependant, la nature même de la guerre ne change pas fondamentalement et pour vaincre, il ne suffit pas d’avoir le meilleur matériel ou la technologie dernier cri…

Le cas français est étudié sous l’angle de Napoléon à 1940 et met en avant la sclérose qui emprisonne les états-majors tricolores après 1918 et qui provoque la défaite de 1940.

L’évolution de la pensée allemande débute avec MOLTKE et s’arrête au succès éclatant de Fall Gelb en mai 1940 avec également un aperçu de la victoire de von MANSTEIN à Kharkiv début 1943 qui stoppe net l’avance soviétique après sa victoire à Stalingrad et sur le Don.

La partie consacrée à la pensée soviétique et russe couvre plus de cent ans puisqu’elle débute de 1876 aux années 1990. Un focus est naturellement fait sur les victoires opérationnelles de la deuxième moitié de la Seconde Guerre mondiale.

L’analyse de la pensée américaine part de la guerre civile et de la campagne de Gettysburg pour aller à la bataille de Normandie, analyser les opérations de 1950 en Corée et aboutir à l’opération Desert Storm face à l’Irak en 1991.

Ce qui frappe à la lecture de chaque article, c’est l’importance à la fois de la conception, de la préparation et de l’exécution. A ce titre, l’étude concernant la victoire alliée en Normandie et plus globalement à l’Ouest en 1944 est lumineuse. Il en ressort les éléments suivants :

  • La culture américaine et britannique avant 1940 repose essentiellement sur une vision des combats essentiellement tactique et stratégique d’où la notion opérationnelle est absente en tant que telle,
  • Le Débarquement du 6 juin 1944 est illustratif de cette pensée : c’est un brillant succès qui repose sur une planification très rigoureuse de tous les aspects tactiques et techniques,
  • La controverse sur la victoire alliée de l’été 1944 repose sur le fait que la défaite allemande aurait pu être acquise des 1944, pouvant ainsi sauver des centaines de milliers de vies, si les Alliés avaient su privilégier ensuite une vision opérationnelle de la campagne qui aurait permis l’anéantissement total de l’armée allemande à l’Ouest, ce qui était alors à la portée des armées américaines, britanniques et canadiennes,
  • L’obsession de la Bretagne et de ses ports, la glissade américaine face à la résistance allemande devant Argentan disperse les troupes et fait perdre du temps laissant ainsi aux Allemands la possibilité de replier une bonne partie de leurs troupes avant leur anéantissement total,
  • La conception de l’opération Overlord repose avant-tout sur des considérations logistiques mais oublie d’analyser suffisamment ce qui se trouve au-delà de la côte : déployer les Américains dans le Cotentin et face au bocage revient à leur retirer l’avantage de la puissance et de motorisation dont ils bénéficient laissant aux Britanniques un terrain plus favorable mais dont ils ne tireront pas vraiment avantage du fait des limites de leurs armées.

Malheureusement disponible uniquement en Anglais, ce livre est néanmoins une bible à posséder et à lire.

Sommaire :

  • Operational Art’s Origins
  • Part One: France
    • Introduction
    • Napoleon, Operational Art, and the Jena Campaign
    • French Operational Art: 1888-1940
  • Part two: Germany
    • Moltke and the Origins of the Operational Level of War
    • Operational Thought from Schlieffen to Manstein
    • Panzer Group Kleist and the Breakthrough in France, 1940
  • Part Three: Russia and the Soviet Union
    • Introduction
    • The Imperial Russian Legacy of Operationnal Art, 1878-1914
    • The Origins of the Soviet Operationnal Art, 1917-1936
    • Soviet Operationnel Art since 1936: The Triumph of Maneuver War
    • Soviet Operational Logistics, 1939-1990
  • Par Four: The United States
    • Introduction
    • The Origin of Operational Art
    • Operational Art and the Gettysburg Campaign
    • Normandy to Falaise: A Critique of Allied Operationnal Planning in 1944
    • After Inch’on: McArthur’s 1950 Campaign in North Korea
    • The Muturation of tOperationnal Art: Operation Desert Shield and Desert Storm
  • Afterword
  • List of Contributors
  • Index

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