Historique
Sword Beach est le nom de code donné à l’une des cinq plages (avec Utah, Omaha, Juno et Gold) par les Alliés lors du Débarquement en Normandie le 6 juin 1944. C’est le secteur le plus à l’Est de la zone d’assaut et borde l’embouchure du canal de Caen à la mer et de l’Orne et sur les communes de Ouistreham, Riva-Bella, Colleville-sur-Orne et Hermanville-sur-Orne. La défense est assurée par des points d’appui construits par les Allemands dans le cadre du Mur de l’Atlantique opérés par les hommes de la 716. Infanterie-Division :
- D’Est en Ouest sur la côte : Widerstandsnest Wn 7 [Ouistreham], Stützpunkt StP 08 [Riva-Bella], Widerstandsnest Wn 10 [Riva-Bella], Widerstandsnest Wn 18 [Colleville-la-Plage], Widerstandsnest Wn 20 [Hermanville-la-Brèche] ainsi que les Widerstandsnest Wn 10, 12, 15, 16, 17, 19
- D’Est en Ouest à l’intérieur des terre : Widerstandsnest Wn 9, 12 et 11 en arrière d’Ouistreham, Wn 14 en arrière de Riva-Bella, Wn 16, 17 et 19 en arrière d’Hermanville-la-Brèche et de Colleville-sur-Orne
- Saint-Aubin-d’Arquenay : Widerstandsnest Wn 15 et 15a
- Colleville-sur-Orne : Widerstandsnest Wn 16
Contexte
Quatre ans après l’évacuation de Dunkerque, les Alliés cherchent à reprendre définitivement pied en France pour pouvoir soulager l’URSS et établir une tête de pont à partir de laquelle ils pourront s’élancer jusqu’au cœur de l’Allemagne pour défaire le III. Reich, les opérations en Italie n’étant pas considérées comme permettant d’atteindre cet objectif.
Laissant les Allemands dans l’expectative quant à la zone et à la date de l’assaut, les Alliés choisissent de débarquer en Normandie dans la Baie de Seine dans un endroit et à un moment qui n’est pas attendu par leurs adversaires, générant de fait un double effet de surprise temporel et spatial auquel s’ajoute des moyens insoupçonnés.
Les troupes débarquées sur la plage de Sword Beach ont pour mission de :
- Rejoindre les troupes aéroportées britanniques chargées de sécuriser les points de franchissement sur l’Orne, notamment à Pegasus Bridge, pour protéger la zone de débarquement des contre-attaques allemandes qui viendraient des renforts provenant du Nord de la France ou qui transiteraient par la région parisienne,
- S’emparer de Caen dès le soir du 6 juin.
Unités engagées
Allemagne : éléments de la 716. Infanterie-Division renforcés par l’Ost-Bataillon 642, de la Heeres-Küsten-Artillerie-Abteilung (HKAA) 1260 et de la 21. Panzer-Division.
Grande-Bretagne : 3rd (British) Infantry Division, 27th Armoured Brigade, 1st Special Service Brigade (No. 3 Commando, No. 4 Commando, No. 6 Commando, No. 45 Royal Marine Commando), éléments de la 4th Special Service Brigade, éléments de la 79th Armoured Division, Force S (HMS Warspite, HMS Ramilies, HMS Roberts, HMS Mauritius, HMS Arethusa, HMS Frobisher, HMS Danae, ORP Dragon et navires d’accompagnement)
Les troupes alliées prennent rapidement pied sur les plages et rejoignent facilement les troupes aéroportées qui ont sauté dans la nuit. Les ponts qui franchissent le canal de Caen à la mer et de l’Orne sont sécurisés et le lien est établi avec les unités qui protègent le flanc Ouest de la zone d’invasion.
Cependant, compte-tenu de la contre-attaque de la 21. Panzer-Division et de la timidité de l’avance britannique, Caen reste aux mains des Allemands le soir du 6 juin 1944 alors que déjà des renforts conséquents se profilent avec l’arrivée de la 12. SS-Panzer-Division Hitlerjugend et de la 130. Panzer-Lehr-Division qui verrouilleront ce front pendant plusieurs semaines, entraînant notamment une crise de commandement chez les Alliés.
Le fait de ne pas s’emparer de Caen dès le 6 juin 1944 au soir contrarie de facto les plans alliés pour l’exploitation du Débarquement. Les causes sont à la fois propres aux Britanniques mais également la conséquence indirecte des réactions allemandes tout au long de cette journée. Seule l’incapacité des Allemands à mener rapidement une contre-offensive décisive permet aux Alliés d’éviter de se retrouver bloqués dans leur tête de pont voire repousser à la mer. Dès lors, la guerre d’attrition qui s’engage ne peut tourner qu’en faveur des Alliés et sceller ainsi la bataille de Normandie.
Voir aussi…
- Article Sword Beach de Wikipédia en français
Something I've been meaning to do for a while is accurately map the bombardment of Sword Beach – not just the targets, but the ships involved as well. I've finally got around to it and made some interesting discoveries as well. pic.twitter.com/o1eJKos6xi
— Stephen Fisher (@SeaSpitfires) January 3, 2023
Bibliographie
Repères bibliographiques
Livres
- Richard DOHERTY, Normandy 1944 The road to Victory [Spellmount, 2004]
- Christophe PRIME, Arromanches, les ports artificiels et la logistique alliée [OREP, 2018]
Magazines et périodiques
39/45 Magazine
- Georges BERNAGE, Le Mur de l’Atlantique et le “complot pour la paix” [39/45 Magazine n°355 (Heimdal, 2019)]
- Georges BERNAGE, Sword, objectif Caen [39/45 Magazine hors-série Normandie 1944 Magazine n°2 (Heimdal, 2019)]
- Stéphane JACQUET, De la Normandie à la Baltique avec la 30 Assaut Unit [39/45 Magazine n°302 (Heimdal, 2012)]
2e Guerre Mondiale
- Benoît RONDEAU, Jour J, Montgomery en échec devant Caen, des conséquences sur toute la campagne[2e Guerre Mondiale hors-série n°42 (Mars & Clio, 2017)]
Batailles
Ligne de Front
- Luc VANGANSBEKE, Cavalcades et duels de blindés, les opérations sur Sword Beach [Ligne de Front hors-série n°34 (Caraktère, 2018)]
Normandie 1944 Magazine
- Nicolas BUCOURT, Bill Millin et sa cornemuse dans l’enfer normand [Normandie 1944 Magazine n°31 (Heimdal, 2019)]
- Nicolas BUCOURT, Une photo, une histoire, à bord du LCI 523, Jour-J, objectif Sword Beach avec le Commando Kieffer ! [Normandie 1944 Magazine n°23 (Heimdal, 2017)]
- Stéphane JACQUET, 6 juin 1944, la 3rd Infantry Division britannique débarque à Hermanville-sur-Mer (1ère partie), Then and Now [Normandie 1944 Magazine n°42 (Heimdal, 2022)]
- Stéphane JACQUET, 6 juin, le débarquement du 13th/18th Royal Hussars [Queen Mary’s Own] sur Sword Beach [Normandie 1944 Magazine n°19 (Heimdal, 2016)]
- Jean-Charles STASI, De Douala à Ouistreham, l’odyssée d’Alexandre Lofi jusqu’au Jour-J [Normandie 1944 Magazine n°17 (Heimdal, 2015)]
- Philippe TROMBETTA, L’US Coast Guard, acteur méconnu du Jour-J (1ère partie) [Normandie 1944 Magazine n°9 (Heimdal, 2013)]
Trucks & Tanks Magazine
- Laurent TIRONE, La 21. Panzer-Division, historique & matériels de 1941 à 1945 [Trucks & Tanks Magazine hors-série n°39 (Caraktère, 2021)]
Ludographie
Séries
Mémoire 44 (Days of Wonder)
- Mémoire 1944 (Days of Wonder, 2004)