Steel Victory, The Heroic Story of America’s Independent Tank Battalions at War in Europe (Presidio Press, 2003)

Dans le panorama des livres consacrés aux forces blindées de la Seconde Guerre mondiale, ceux de Harry YEIDE dénotent dans le paysage historiographique habituel. En effet, son sujet de prédilection délaisse les traditionnels fauves germaniques et leurs hommes aux uniformes noirs pour se concentrer sur les unités blindées américaines et leurs combats. Steel Victory, premier d’un concept éditorial assez prolifique, retrace et analyse le parcours des US Tank Battalions indépendants au cours des opérations à l’Ouest, du Débarquement en Normandie jusqu’à la victoire du 8 mai 1945.

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Contrairement aux Allemands qui concentrent initialement tous leurs chars au sein de leur divisions blindées, les Américains adoptent très tôt un modèle mixte qui se rapproche de celui adopté par l’armée française durant l’entre-deux-guerres et donc au cours des combats de mai et juin 1940.

Les Américains lèvent en tout et pour tout seize divisions blindées durant le conflit, dont un certain nombre très tardivement au point de ne pas jouer de rôle majeur. La victoire en Afrique du Nord, en Italie et à l’Ouest ne repose finalement pas sur les seules épaules de ces grandes unités. Même si à certains moments elles peuvent se montrer décisives comme lors de l’exploitation des 2nd et 3rd US Armored Divisions durant l’opération Cobra en Normandie.

En fait la majorité des moyens blindés américains sont ventilés dans les bataillons indépendants de chars et de chasseurs de chars. Avec là aussi une différence majeure avec les Allemands, puisque les canons d’assaut et chasseurs de chars ne viennent pas progressivement se substituer aux chars traditionnels. Comparer l’évolution des forces blindées américaines à celles de leur adversaire germanique permet de pondérer les choix et l’image de la Panzerwaffe qui capitalise sur sa victoire à l’Ouest en mai et juin 1940 ainsi que sur les performances de certains matériels dans la deuxième moitié du conflit (Tiger, Panther, Königstiger).

Dans le cas présent, Harry YEIDE introduit son propos par le rappel de la doctrine américaine et l’influence de Lesley McNAIR (voir également l’article de Hugues WEENKIN dans 39/45 Magazine n°346). Celui-ci, loin d’être ardent défenseur du regroupement de tous ses chars dans des divisions blindées, se focalise sur le soutien aux unités d’infanterie. En totale contradiction avec la philosophie de Heinz GUDERIAN, qui fait également tout pour freiner puis pour s’accaparer le concept des canons d’assaut qui vise justement à donner du punch à l’infanterie. Outre cette question d’organisation et de répartition des moyens blindés, le débat ne peut occulter la question du cheval de bataille américain, le Medium Tank M4 Sherman dont le châssis sert également à d’autres déclinaisons.

Sa cellule possède un potentiel d’évolution important, comme celle du Panzer IV. Sa relative simplicité de fabrication permet d’optimiser l’organisation industrielle et logistique puisque le châssis sert également à d’autres usages. Ses caractéristiques techniques, la stabilité et la maturité des technologies employées lui donnent un niveau de fiabilité qui s’avère essentiel en opérations. Combien de Panther et de Königstiger perd la Panzerwaffe sur panne et impossibilité logistique de les remettre en état ?

L’essentiel du livre témoigne des combats de ces bataillons indépendant du Débarquement en Normandie jusqu’aux derniers combats en Allemagne. Dans le bocage, à Mortain, en Lorraine et dans les Vosges, face à l’opération Wacht am Rhein / Herbstnebel dans les Ardennes, lors du franchissement du Rhin, presque chacune des divisions d’infanterie américaines bénéficie de l’appui de l’un de ces bataillons quand ce n’est pas plusieurs et avec un autre de Tank Destroyer. Les joueurs de wargames au niveau des bataillons se rendent bien compte de cette singularité (voir par exemple A Time for Trumpets et Last Blitzkrieg).

L’autre partie très utile du livre concerne les annexes. Elles recensent l’ensemble des bataillons engagés à l’Ouest avec une courte notice historique puis passent en revue les divisions d’infanterie américaines pour indiquer quels bataillons leur furent rattacher. On aimerait avoir un tel équivalent sur les Bataillons de Chars de Combat (BCC) français qui mixte sur ce sujet l’apport de l’ouvrage de Jean-Yves MARY (cf. 39/45 Magazine hors-série Historica n°72) et de L’Arme blindée française tome 1. Voilà également de quoi donner des idées aux magazines français pour proposer des numéros hors-série largement illustrés sur US Tank Battalions comprenant une approche encyclopédique.

Sommaire

  • Preface
  • Acknowledgments
  • Maps
  • General McNair’s Children
  • DDs at D Day
  • The Bocage: A School of Very Hard Knocks
  • Open-Field Running
  • Hitting the West Wall
  • Two Grim Months
  • Hitler’s Last Gamble
  • The Reich Overrun
  • Appendix A: Battalion Profiles
  • Appendix B: Independent Tank Battalions / Armored Group Attachements to Infantry and Airborne Divisions, ETO
  • Appendix C: Independent Tank Battalions by Campaign
  • Glossary
  • bibliography
  • Notex
  • Index

Caractéristiques

  • ISBN : 978-0-891417828
  • Nombre de pages : 316
  • Langue : Anglais
  • Reliure : reliée
  • Dimensions : 14,5 x 21,5 cm
  • Prix conseillé France à la date de parution : NC

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