39/45 Magazine n°346 (Heimdal, 2017)

3945 Magazine 346Le numéro 346 de 39/45 Magazine des Editions Heimdal démontre une nouvelle fois qu’il reste encore beaucoup à apprendre sur la Seconde Guerre mondiale. De façon caricaturale, les combats face au III. Reich sont vus comme essentiellement terrestres, ceux face au Japon comme principalement navals. C’est oublié que dans le premier cas la dimension maritime revêt une dimension essentiellement stratégique tandis que dans le second les combats terrestres que ce soit en Chine ou dans les îles sont tout aussi importants que les opérations aéronavales.

Trois articles viennent ainsi rappeler la dimension maritime du conflit. Le premier est la suite de l’historique d’un certain nombre de sous-marins allemands avec cette fois-ci le parcours de l’U-260. La carrière opérationnelle n’est pas particulièrement marquante, mais elle se déroule à un moment où les loups gris ne sont plus dominateurs et doivent faire face à un adversaire qui s’est organisé pour se défendre et doté de moyens techniques, permettant ainsi à la Grande-Bretagne de poursuivre le combat et surtout de pouvoir faire travers l’Atlantique aux unités américaines qui pourront ensuite débarquer sur le continent. Cet article est particulièrement intéressant car il décrit longuement la mise en service et la préparation opérationnelle des sous-marins allemands. Il permet de suivre également la tactique des meutes qui sont mises sur pied pour quelques jours seulement avant de laisser à nouveau les submersibles naviguer en solitaire. Le lecteur découvre ainsi la composition et les résultats d’une succession de meutes auxquelles participe l’U-260 (Blitz, Tiger, Luchs, Sudwärt, Spitz, Ungestum, Seeteufel, Löwenherz, Lerche, Specht, Star, Fink, Leuthen, Roßbach et Rügen). C’est au cours de l’une de celle-ci que de nouvelles torpilles font leur apparition pour couler les navires d’escortes alliés qui sont les plus rapides et font le plus de bruit avec leurs hélices. C’est le début de l’ère des torpilles acoustiques avec la G7 es T V Zaunkönig. Très intéressant également est le récit de la mise en alerte lors du Débarquement allié en Normandie et le départ définitif de La Rochelle face à l’avance alliée. La dernière croisière en mars 1945 manque d’être dramatique mais l’équipage parvient à terminer le conflit sain et sauf.

Le second présente l’histoire du naufrage de l’USS Indianapolis le 30 juillet 1945. Navigant en solitaire de Guam à Leyte après avoir déposé une cargaison secrète à Tinian (des composants et de l’uranium enrichi dans le cadre du programme nucléaire américain, il est torpillé par le sous-marin I 58 peu après minuit.  Rapidement, le navire coule et plusieurs centaines de ses hommes se retrouvent à la mer. Le problème est que le naufrage reste inconnu de la marine américaine. Il faut attendre quatre jours pour qu’un appareil en patrouille de veille contre les sous-marins ne repère des hommes flottant à la dérive, quatre jours durant lesquels de nombreux blessés coulent épuisés et plusieurs dizaines de marins dévorés par des requins. Au-delà du récit du naufrage et de l’analyse des responsabilités, ce qui est frappant c’est une relation au temps totalement différente comparée à l’époque contemporaine saturée en permanence d’informations. Qu’un navire puisse ainsi naviguer et disparaître ainsi plusieurs jours durant sans donner aucune nouvelle et sans donner l’alerte paraît aujourd’hui inimaginable. Ce rapport au temps est cependant à prendre en compte pour comprendre à la fois la prouesse que représentaient déjà les systèmes de transmissions de l’époque mais aussi le flou dans lequel se trouvaient les états-majors qui n’avaient pas l’information en temps réel du résultat des opérations.

Le troisième article en lien avec la mer présente, à travers la biographie de Max WANDREY de la Division Brandenburg, les opérations aéronavales dans les îles du Dodécanèse, et plus particulièrement à Leros et Samos, quand les Allemands en prennent le contrôle face aux Britanniques et Italiens, ces derniers ayant choisi de tourner le dos au III. Reich après l’invasion de la Sicile. Le texte est illustré de nombreux documents d’époque.

Très riche également en documents et objets d’époque, la présentation d’une vente aux enchères de la maison Hermann Historica permet de découvrir une esquisse de la main d’Adolf HITLER pour définir le modèle des étendards utilisés à partir du début des années 1920 par les unités paramilitaires du parti nazi, ainsi que des souvenirs des généraux allemands Eugen OTT, Gerhard von SCHWERIN et Erich KASCHKE. Un autre volet concernant les sabres d’apparat de l’armée de terre allemande complète cette riche séquence militaria.

Les débats doctrinaires sur l’engagement des blindés, groupés et autonomes ou en soutien de l’infanterie sont aussi outre-Atlantique l’objet d’échanges et de réflexions intenses à l’instar des armées européennes, qu’elles soient allemandes, britanniques ou françaises. La puissance industrielle américaine permet aux Etats-Unis d’éviter de faire un choix en jouant sur les deux tableaux. Les divisions blindées lourdes sont finalement restreintes (seules les 2nd US Armored Division et 3rd US Armored Division conservent ce statut jusqu’à la fin du conflit), mais sont complétées de plusieurs plus légères mais toujours bien dotées tandis que les divisions d’infanterie bénéficient de nombreux bataillons autonomes qui les accompagnent jusqu’à la victoire. Au final, c’est la doctrine de compromis de Leslie McNAIR qui s’impose à celle d’Adna CHAFFEE toute dévolue aux forces blindées massives. La standardisation des organisations et des matériels entre les bataillons endivisionnés et ceux indépendants est remarquable et est une clef essentielle du succès américain. Même doté d’une puissance industrielle sans équivalent chez les autres belligérants, les Etats-Unis ne se perdent pas (ou peu) au moment critique dans une diversification technologiquement risquée et dispendieuse en ressources. Bref, c’est le choix exactement opposé à celui de l’industrie du III. Reich qui se restructure beaucoup trop tard.

Ce numéro propose également un zoom sur le combat oublié de Mont de Soissons les 7 et 8 juin 1940 où les Français contre-attaquent la 81. Infanterie-Division. Dans sa tentative de percer  les lignes françaises établies sur la Ligne Weygand lors de l’opération Fall Rot (Plan rouge), celle-ci coupe bouscule la 28ème Division d’Infanterie. La 27ème Division d’Infanterie composée d’unités alpines se lance à l’assaut mais doit rapidement stopper et entamer un long repli… C’est un exemple de la ténacité française mais qui symbolise aussi la difficulté de s’opposer alors au rouleau compresseur allemand qui a réalisé un carton plein stratégique avec le succès de l’opération Fall Gelb (Plan jaune) qui a mis hors de combat la Hollande, la Belgique, le corps de bataille principal français et provoqué le rembarquement en catastrophe du corps expéditionnaire britannique à Dunkerque.

Pour compléter ce numéro, quelques parachutistes anglais et américains sont mis à l’honneur, vétérans de la 2nd Parachute Brigade ou de la Easy Company Band of Brothers du 506th US Parachute Infantry Regiment. Au-delà de s’approprier les parcours individuels de ces héros, c’est l’occasion de découvrir des engagements assez peu connus. Les aventures des paras britanniques engagés dans l’opération Slapstick pour débarquer près de Tarente sont épiques même si tragiques. Destinés à être débarqués et non largués, leur navire, le HMS Abdiel est coulé par une mine allemande…  Viennent ensuite l’opération Dragoon et le Débarquement en Provence puis l’opération Manna sur la Grèce en octobre 1944.

Le reportage photo sur la prise de la ville allemande de Münster le 2 avril 1945 permet non pas de comprendre les combats, mais de visualiser l’état des cités allemandes à l’issue de la guerre, de l’âge des soldats envoyés au front par le III. Reich qui finit enfin par s’effondrer assaillit de toutes parts. Les clichés sont suffisamment expressifs.

Sommaire :

  • Nicolas BUCOURT, Ron Green, un para du 6th (Royal Welch) Parachute Battalion, in 39/45 Magazine n°346 (Heimdal, 2017)
  • Jean-Yves MARY, 8 juin 1940, la dramatique contre-attaque vers la ferme de Mont-de-Soissons, in 39/45 Magazine n°346 (Heimdal, 2017)
  • Matthieu LONGUE, Forrest Guth, Earl Mac Clung et Darell Powers, in 39/45 Magazine n°346 (Heimdal, 2017)
  • Hugues WENKIN, Les Medium Tank Battalions US, in 39/45 Magazine n°346 (Heimdal, 2017)
  • Jean-Louis MAURETTE, Le mystère de l’U-260, in 39/45 Magazine n°346 (Heimdal, 2017)
  • Stéphane JACQUET, 2 avril 1945, la prise de Münster en images, in 39/45 Magazine n°346 (Heimdal, 2017)
  • Hubert GROULT, USS Indianapolis, le plus grand naufrage de l’US Navy, in 39/45 Magazine n°346 (Heimdal, 2017)
  • Alain TAUGOURDEAU, Les sabres du Heer de la série des maréchaux de Carl Eickhorn, in 39/45 Magazine n°346 (Heimdal, 2017)
  • Georges BERNAGE, A la découverte de l’Histoire avec Hermann Historica, in 39/45 Magazine n°346 (Heimdal, 2017)
  • Georges BERNAGE, Ritterkreuz, le Major Max Wandrey, in 39/45 Magazine n°346 (Heimdal, 2017)
  • Bibliothèque 39/45

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