Arme et cavalerie blindée allemande (Panzerwaffe)

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Totalement dépassée par l’avance britannique et française dans le domaine des chars, l’Allemagne part d’une feuille quasi blanche. Dans les conditions très restrictives du Traité de Versailles, elle parvient à forger l’outil de ses premières victoires. Qui devient ensuite l’une des raisons de sa longue résistance avant sa défaite finale. La Wehrmacht apporte à la mécanisation des armées et aux une maturité d’emploi. Au point d’influencer pour de nombreuses décennies l’emploi des forces blindées dans les pays industrialisés…

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Historique

Première Guerre mondiale

Entre-deux-guerres

La Reichswehr comme creuset doctrinal

La fin de la Première Guerre mondiale et la mise en œuvre du Traité de Versailles ne signifient pas que l’armée allemande reste immobile. Bien au contraire, un intense effort de réflexion est entrepris au sein de la Reichswehr pour analyser les causes de la défaite et penser à la guerre d’après. N’étant pas impliquée dans des conflits coloniaux contrairement à la France et à la Grande-Bretagne, l’armée allemande peut uniquement se concentrer sur son engagement dans une guerre interétatique de haute intensité.

Les premières réflexions sur l’arme blindée se conçoivent au sein de l’Inspektion der Verkehrstruppen (In 6) au sein de l’état-major. Son premier responsable est Erich von TSCHSCHWITZ qui met en place la structure et les hommes qui vont penser la guerre mécanisée du futur tout en gérant le passage à une armée de 100 000 hommes.

Au sein de cette direction, se succèdent à différents postes les hommes qui révolutionnent l’utilisation des chars comme Alfred von VOLLARD-BOCKELBERG (qui jouera ultérieurement un rôle dans le développement de l’essence synthétique), Otto von STÜLPNAGEL, Oswald LUTZ, Werner KEMPF, Heinz GUDERIAN, Heinrich von VIETINGHOFF SCHEEL.

De nouveaux Panzer

Si la Reichswehr obtient le droit de s’entrainer avec des matériels factices (Panzer-Attrapen), elle se penche en secret sur le développement de nouveaux chars. Dans les années 1920, plusieurs projets sont conçus avec l’aide d’industriels. Pour ne pas éveiller l’attention des Alliés, ces travaux portent officiellement sur des tracteurs et aboutissent aux séries de Leichte Traktor et Groβtraktor.

Kazan, le terrain de manœuvre en URSS

Le traité de Rapallo du 16 avril 1922 et ses clauses secrètes donnent à la Reichswehr un accès à des installations soviétiques. Elle peut y tester en secret ses nouvelles conceptions doctrinales en termes de chars et d’avions. La base de Kama à Kazan est alors choisie.

Réarmement au grand jour

Quand il arrive au pouvoir le 30 janvier 1933, Adolf HITLER trouve une Reischswehr prête à se réarmer. La dénonciation officielle le 17 avril 1934 des clauses du Traité de Versailles permet de s’affranchir de toute discrétion. Elle donne un grand coup d’accélérateur aux concepts conçus et expérimentés en secret. L’Inspektion der Verkehrstruppen (In 6) se mue progressivement en inspection des troupes rapides (Schnelle Truppen). Elle couvre ainsi les unités blindées, motorisées, antichars, de reconnaissance et de cavalerie. Cette évolution représente une différence majeure avec l’armée française. Celle-ci continue en effet de séparer les projets de motorisation et de blindés entre l’infanterie et la cavalerie.

La production des Panzer I et des Panzer II conçus sur la base des travaux et expérimentations menés dans les années 1920 démarrent respectivement en 1934 et 1935. Les trois premières divisions blindées voient le jour le 1er octobre 1935.

Seconde Guerre mondiale

Guerre froide

Voir aussi…

Bibliographie

Historiographie

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Panzerwaffe attire une littérature pléthorique, très souvent redondante. Des décennies plus tard, le rythme ne ralentit pas. Pourtant, certains ouvrages marquent davantage que d’autres.

Les vétérans à la manœuvre

Avec son pamphlet Achtung Panzer, Heinz GUDERIAN pose une première pierre dans l’historiographie. Avant même le commencement de la Seconde Guerre mondiale ! Les éclatantes victoires allemandes du début du conflit attirent inévitablement l’attention des contemporains. Ils s’inspirent, plus ou moins dans l’urgence et l’improvisation, de l’exemple allemand et se l’approprient. La défaite du Troisième Reich ne freine pas cette curiosité, bien au contraire. Dans les années 1950 à 1970, plusieurs anciens chefs publient leurs mémoires. Au premier rang d’entre eux se trouve toujours Heinz GUDERIAN. Il bénéficie aussi d’une belle exposition de la part de ses adversaires. Il n’est pas le seul. Plusieurs généraux et as de la Panzerwaffe contribuent à forger le mythe de la Panzerwaffe à travers leurs écrits.

Paradoxalement, il faut attendre 2021 pour qu’Achtung Panzer soit enfin traduit et accessible au public francophone.

Inspirée par l’initiative des services historiques américains qui embarquent les principaux responsables militaires capturés dans la construction de leur histoire officielle de la Seconde Guerre mondiale en Afrique du Nord et en Europe, la série Die Wehrmacht im Kampf apporte également de nombreux témoignages et récits de vétérans. D’anciens officiers de la Wehrmacht, enrôlés ensuite dans la Bundeswehr contribuent également à créer les bases de cette historiographie. Des militaires devenus auteurs comme Burkhart MÜLLER-HILLEBRAND ou Horst SCHEIBERT publient de nombreux livres qui servent de référence. Ils s’appuient sur les réseaux très forts de vétérans.

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Une nouvelle dynamique, le tournant des années 1970/1980

Il faut cependant attendre la fin des années 1970 pour voir les premières vraies tentatives d’historiques. A partir de 1976, débute la publication de la tribologie Panzer Colours qui mettra huit ans pour voir sortir ses trois volumes. Entre-temps, en 1980, Roger James BENDER et Warren ODEGARD publient avec Uniforms, Organization and History of the Panzertruppe une première monographie traitant des unités, uniformes, marquages et matériels de la Panzerwaffe. L’ouvrage bénéficie même d’une préface d’Hasso-Ecard von MANTEUFFEL.

A cette époque, se développent également les collections comme celles d’Osprey. Le volume de la série Men-at-Arms consacré aux Panzer-Divisionen sort ainsi en 1982. C’est le début des livres largement illustrés de profils couleurs et de dessins, à l’époque tous réalisés à la main avant d’être publiés.

Une certaine distanciation par rapport à la légende

En 1992, James CORBUN publie The Roots of Blitzkrieg, Hans von Seekt and German Military Reform chez Kansas University Press. Ce livre passionnant, décortique et analyse l’évolution de la pensée allemande durant l’Entre-deux-guerres, comment elle se développe, se forme et se transmet. Loin de se cantonner à reprendre les seuls écrits d’un Heinz GUDERIAN par exemple, l’auteur exploite les courriers, les archives, les publications d’époque. Un travail exemplaire.

A la fin des années 1990, l’Américain Thomas L. JENTZ publie un historique qui entre véritablement dans le détail des organisations, des tactiques, des ordres de bataille avec moultes schémas et statistiques. Trois ans plus tard, l’Allemand Wolfgang SCHNEIDER lui emboite le pas avec Panzer Tactics. En 1995, l’allemand Karl-Heinz FRIESER sort son livre Le mythe de la guerre-éclair, traduit en français en 2003, qui relative l’aspect prémédité de la rapidité de la victoire à l’Ouest en 1940.

L’opération Desert Storm, souvent comparée aux grandes manœuvres blindées du début de la Seconde Guerre mondiale ravive également l’intérêt porté au développé de la Panzerwaffe ainsi qu’au cheminement de la pensée militaire allemande sur ce concept comme en témoigne Blitzkrieg to Desert Storm, The Evolution of Operational Warfare par chez Kansas University Press en 2004.

A cette époque, les Editions Heimdal publient deux dictionnaires historiques des grandes unités allemandes, l’un concernant toutes celles de la Heer, l’autre spécifiquement les Panzertruppen.

Entre essoufflement et renouveau

Dans les années 2000 et 2010, Caraktère et Histoire & Collections renouvellent grandement les magazines spécialisés dans les blindés de la Seconde Guerre mondiale avec Batailles & Blindés, Trucks & Tanks Magazine et Tank Zone. Plusieurs articles analysent ainsi l’évolution de la Panzerwaffe de ses origines à la fin du conflit ou se concentrent sur des détails spécifiques. La mise sur le marché de milliers de clichés issus des vétérans et les progrès des techniques de dessin et de publication assistées par ordinateur permettent de réduire les coûts des illustrations et de proposer des iconographies très originales. Ces contributions n’en continuent pas moins de puiser très largement dans les ouvrages précédemment cités en améliorant considérablement la forme, ce qui donne une certaine dynamique malgré la concurrence désormais vivace des contenus en ligne.

Le développement d’internet n’a cependant pas que des inconvénients. La désormais relative facilité d’accès des archives allemandes disponibles aux Etats-Unis permet l’éclosions d’une nouvelle mode qui consiste à aller récupérer plus facilement des informations telles que les dotations réelles reportées durant la guerre à leur hiérarchie. Les lecteurs se regorgent alors de Gliederungen et de Meldungen. La revue à compte d’auteur Panzer Voran réalisée par Alain VERWICHT témoigne de cette mode qui permet de donner un peu de consistance aux ordres de bataille, même si cela s’arrête généralement à la dotation des seuls chars, canons d’assaut et chasseurs de chars.

Le renouveau de l’historiographie concernant les combats de mai et juin 1940, en sortant des légendes issues de l’immédiat après-1940, permet aussi de ne plus se laisser abasourdir par les défaites de Sedan, Dunkerque et plus globalement par le résultat de la bataille de France.

L’ambition des historiques globaux

En 2021, Yannis KADARI publie dans une étude en trois volets sur la tactique des troupes blindées allemandes dans Batailles & Blindés (n°103, 104 et 106).

Thomas ANDERSON réalise au tournant des années 2010/2020 une sorte d’encyclopédie en plusieurs volumes de la Panzerwaffe chez Osprey qui se veut la plus exhaustive possible entre organisation, matériels, tactiques. A partir de 2023, Hugues WENKIN entreprend à son tour de se lancer dans un historique de l’arme blindée allemande, aux Editions Heimdal cette fois-ci.

Le retour des guerres interétatiques en Europe avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie à partir de 2022 met de nouveau en avant le rôle des chars et de la puissance blindée. Après une guerre de mouvement dans les tous premiers jours menée par les forces russes, le conflit finit par se figer rapidement en guerre de position. Ce qui n’empêche pas les chars et autres blindés de tenter d’obtenir une décision, y compris dans un environnement urbain.

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Livres

Magazines et périodiques

Historique de la page

  • Dernière mise à jour : 01/10/2023