Le dernier saut, opération Stösser, les paras allemands en échec (Weyrich), 2021)

Six ans après l’excellent Stavelot, La Gleize, le destin des Tiger de Peiper, le binôme Christian DUJARDIN et Hugues WENKIN renouvelle de nouveau l’expérience en se penchant cette fois-ci sur l’opération Stösser. Le dernier saut opérationnel des parachutistes allemands de la Seconde Guerre mondiale se déroule lors de l’opération Wacht am Rhein / Herbstnebel dans les Ardennes. Il symbolise les multpiles facettes de cette opération de la dernière chance, mais aussi les limites atteintes à ce stade du conflit par une armée allemande laminée par plus de cinq années de guerre. Paradoxalement, si la Kampfgruppe menée par le vétéran Friedrich von der HEYDTE reste l’un des marqueurs historiographique de la bataille, elle ne fait jusque là l’objet d’aucun ouvrage véritablement dédié…

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Edité avec le label « 1944 » de l’éditeur wallon Weyrich (voir aussi Mook 1944), le livre reprend le format habituel de cette collection amenée à se développer (voir par exemple La percée allemande, bataille des Ardennes, Bastogne, tome 1). Le lecteur tient donc dans ses mains un livre de deux cent pages avec une mise en page moderne mêlant texte et photos avec une infographie ciblée (profil couleurs de Junkers Ju 52 sur un fond de nuit étoilée et plusieurs cartes). Marque de fabrique spécifique, deux parcours de randonnée sont proposés pour retourner sur les lieux des combats. Les QR codes renvoient à de courtes vidéos explicatives.

Le premier quart du livre revient sur l’origine de l’arme aéroportée et de l’engagement des parachutistes allemands depuis le commencement de la Seconde Guerre mondiale. La Crète signe la fin des engagements opérationnels massifs, mais des actions ponctuelles continuent d’être entreprises. Les divisions parachutistes sont désormais utilisées au sol comme des unités d’infanterie classique. Plus original, les auteurs se penchent sur la formation des pilotes avions de transport, un volet souvent négligé dans l’analyse des opérations aéroportées.

L’ouvrage revient également sur la personnalité de celui qui mène l’opération. Von der HEYDTE est assurément un officier courageux et valeureux, brillant meneur d’hommes. Mais comme beaucoup de militaires allemands, il parvient minimise après-guerre ses penchants et ses engagements politiques en collaborant avec les vainqueurs, voire en réécrivant quelque peu son parcours. Comme pour beaucoup de militaires qui participent aux travaux des services historiques américains ou qui écrivent leurs mémoires, leurs écrits sont souvent repris sans réelle analyse critique et alimentent une historiographie qui en devient biaisée. Les auteurs rappellent également fort à propos son implication dans l’affaire après-guerre autour du journal Der Spiegel qui, au-delà des faits, montre les tensions idéologiques qui subsistent au sein de la République Fédérale Allemande (RFA).

L’opération Wacht am Rhein / Herbstnebel est assez exceptionnelle compte tenu des conditions de l’armée allemande et du contexte stratégique fin 1944. Sa préparation finale se fait cependant dans la précipitation, avec beaucoup de préjugés et de sérieuses déficiences. Les contraintes liées à la tenue de secret absolu ainsi que le climat de suspicion, voire de terreur, qui règne dans les états-majors ne permettent pas une mise en place sereine. L’écart entre la volonté de contre-attaquer à cet endroit qui germe alors que la bataille de Normandie est encore en cours et l’accélération des préparatifs dans les tous derniers jours avant le 16 décembre 1944, source de nombreuses approximations et carences, laisse perplexe. Il faut dire que sous constante pression, la Wehrmacht ne bénéficie plus de la tranquillité de la Drôle de guerre de 1940 pour peaufiner ses plans…

Le déroulement de l’opération proprement dite couvre la seconde moitié du livre. Les auteurs insistent sur les conditions de vol vers l’objectif qui portent déjà en elles les conditions de l’échec. La description de la réaction américaine face à la présence des parachutistes représente l’une des principales valeurs ajoutées du livre car trop rarement décrite et analysée.

En effet, les effectifs dédiés à la chasse aux parachutistes sont loin d’être anecdotiques et représentent autant d’unités de combat qui ne sont pas en première ligne alors que la pression allemande est maximale que ce soit avec la Kampfgruppe Peiper ou la 12. SS-Panzer-Division. Cette dispersion des efforts est finalement sans conséquence puisque le I. SS-Panzer-Korps se retrouve piteusement dans l’incapacité de percer les lignes américaines.

Entre les succès de 1940 symbolisé par la prise d’Eben-Emael et l’échec de l’opération Stösser, il y a un fossé qui montre la paupérisation de l’armée allemande et de ses troupes qualifiées d’élite. La vista opérationnelle est définitivement passée dans l’autre camp.

Bref, un ouvrage passionnant, revigorant !

Sommaire

  • Introduction
  • Les parachutistes, bras de levier de niveau opérationnel
  • Aux sources de l’opération Stösser
  • Une préparation dans le chaos du III. Reich
  • Vol vers l’objectif
  • Des GI’s transformés en Ghostbuster…
  • L’impossible combat
  • Find, Fix and Destroy
  • Le regard de von der Heydte sur l’échec de sa mission
  • conclusion
  • Balades
  • Bibliographie et sources

Caractéristiques

  • ISBN : 978-2-87489-632-3
  • Nombre de pages : 208
  • Langue : Français
  • Reliure : reliée
  • Dimensions : 19,5 x 27 cm
  • Prix conseillé France à la date de parution : 35 € TTC

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