Batailles & Blindés hors-série n°53 (Caraktère, 2023)

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Neuf après un numéro hors-série consacré aux occasions manquées alliées au sortir de la bataille de Normandie (Argentan, Falaise, Mons, Anvers, Arnhem, Metz), Batailles & Blindés se penche cette fois plus spécifiquement sur l’une d’entre elles, à savoir l’opération Market Garden en Hollande. Loïc BECKER prend ici la suite de Hugues WENKIN, mais toujours avec le support de Yannis KADARI…

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Temps de lecture estimé : 10 minutes

Présentation

Le numéro hors-série s’article en six chapitres, allant de la narration de sa genèse jusqu’à la l’analyse de son échec. Une abondante iconographie issues des archives officielles des deux camps accompagnent le texte ainsi que vingt-cinq profils couleurs et plusieurs cartes.

Le numéro suit un ordre chronologique et propose quelques encarts thématiques au fil des pages

  • Un long portrait de Wilhelm BITTRICH (4,5 pages)
  • Les planeurs de Market Garden (Horsa, Hamilcar, Waco) : texte et photos seulement (2 pages)
  • Portrait de Stanislas SOSABOWSKI (1 page)
  • BROWNING, un chef à la hauteur ? (1/3 page)
  • Les représailles allemandes sur la population civile (2/3 page), famine et livraisons aériennes des Alliés

Articles

La genèse d’un échec

Assez logiquement, à défaut d’introduction, le premier chapitre en faisant office, le numéro s’ouvre sur une analyse de la situation alliés à l’issue de la bataille de Normandie et le dilemme stratégique qui s’en suit. Après avoir opté pour la stratégie du front large en tentant de combiner les volontés de MONTGOMERY, BRADLEY et PATTON, EISENHOWER se laisse convaincre par le premier de lancer son opération Market Garden compte tenu des difficultés logistiques qui ne peuvent satisfaire les besoins offensifs de la première option. Ces hésitations et ces choix forment de fait l’origine des critiques à l’égard de commandant suprême allié et nourrissent une littérature infinie.

Le chapitre se concentre évidemment sur la conception de l’opération Market Garden même. De fait la lecture du premier chapitre de Batailles & Blindés hors-série n°25 s’avère bien complémentaire car remontant un peu en arrière afin de comprendre l’origine de ces débats.

La suite du chapitre recense les unités engagées de part et d’autre dans un style très narratif où une infographie bien calibrée aurait pu être plus digeste et surtout plus parlante pour appréhender les moyens et les forces de part et d’autre. Comme souvent dans ces égrenages d’unités, il est difficile de se rendre réellement compte du rapport de force et des moyens engagés dont la liste ne peut s’arrêter aux seuls effectifs et nombre de chars. Comme toujours pour cette bataille, la composition des forces allemandes faite de bric et de broc sur la ligne de front et en arrière étonne du fait de son hétérogénéité et de sa diversité des origines (unités de premières lignes, troupes d’occupation ou d’écolage, formations de réserve).

Un long paragraphe insiste sur l’aveuglement britannique qui ne veut pas voir pas signaux d’alerte qui s’accumulent sur le renforcement des troupes allemandes dans le secteur. Le chef du I Airborne Corps, le général BROWNING, qui lui-même estime que le plan vise « un pont trop loin », balaye d’un revers de la main que les renseignements de la résistance hollandaise et des reconnaissances aériennes.

Le grand saut

Avec le deuxième chapitre débute le récit des opérations militaires proprement dites à compter du 17 septembre 1944. Le lecteur bascule bascule d’un point chaud à un autre. Dès le 18 septembre 1944, la situation se tend à Arnhem, le pont ne pouvant être franchi tandis que Américains connaissent des succès mitigés hypothéquant l’avance du XXX Corps qui doit rejoindre les unités parachutistes.

Le tournant de la bataille

Le troisième chapitre se concentre sur les 19 et 20 septembre 1944. Si la 82nd US Airborne Division et l’avant-garde du XXX Corps s’emparent des ponts de Nimègue, la situation des Britanniques à Arnhem devient à chaque heure un peu plus critique tandis que les Allemands pressent également à Oosterbeek.

Le sursaut allemand

Le début du quatrième chapitre débute par le rappel de la décision de Brian HORROCKS de temporiser son avance pour regrouper les pointes dispersées de la Guards Armoured Division laissant arriver la 10. SS-Panzer-Division et la Kampfgruppe Knauste au nord de Nimègue. L’exploitation du succès de Nimègue se complique.

Malgré la délicatesse de la situation au nord du Rhin, les Polonais de Stanislas SOSABOWSKI sont largués en renfort, mais au sud du Rhin en face d’Oosterbeek où les Britanniques se retrouvent de plus en plus en difficulté, les Allemands ayant finalement liquidé les derniers points de résistance à Arnhem peuvent y concentrer leurs efforts.

L’avance du XXX Corps reste cependant fragile car les Allemands pressent de part et d’autre à Eindhoven, Son et Veghel avec la Kampfgruppe Walther d’un côté et la Kampfgruppe Chill.

Une opération en péril

Si les Allemands ne parviennent pas à couper durablement le corridor allié, ce qui leur aurait permis de détruire bien plus que la 1st Airborne Division, les Britanniques hésitent sur la conduite à tenir le 24 septembre 1944 : soit faire traverser des renforts pour Oosterbeek avec la 43rd (Wessex) Infantry Division et les Polonais, soit replier à travers le Rhin les restes de la 1st Airborne Division. La tentative lancée dans la nuit du 24 au 25 septembre 1944 se solde par un échec. L’évacuation de la poche d’Oosterbeek devient indispensable et se fait dans la nuit du 25 au 26 septembre 1944. La narration des opérations militaires se termine ici. Il manque cependant une carte pour permettre au lecteur de bien visualiser la géographie des lieux (à l’image de celle proposée dans Batailles & Blindés hors-série n°25 en page 102).

Autopsie d’un échec

Le sixième et dernier chapitre fait donc office de conclusion. Court, trois pages seulement, il évoque essentiellement les défauts de l’opération elle-même. L’analyse reste assez classique, même si les toutes dernières lignes évoquent les avantages apportés néanmoins par l’avance alliée quand bien même l’objectif final n’est absolument pas atteint.

Conclusion

Assez logiquement, ce numéro hors-série ne sort pas des sentiers battus et se contente d’une vision très traditionnelle de l’opération Market Garden. S’il évoque les différents points chauds des combats sans se limiter à Arnhem, sa focale chronologique reste trop fermée sur la période du 17 au 26 septembre 1944. Outre les débats stratégiques qui agitent les Alliés, la première quinzaine de septembre explique également bien des soucis que les Britanniques et Américains vont rencontrés.

A l’opposé, les jours qui suivent l’échec de Market Garden montrent également les limites atteintes par une armée allemande qui ne possède plus ni les ressources ni la compétences pour transformer un succès défensif en victoire stratégique.

Ce hors-série n’apporte rien de vraiment neuf aux lecteurs déjà repus de littérature sur un tel sujet. Il renouvelle cependant l’exercice en remplaçant avantageusement d’anciennes publications périodiques comme les vénérables Militaria Magazine hors-série consacrés au sujet. La lecture n’en reste pas moins agréable et fournit une synthèse équilibrée toujours intéressante à lire en insistant notamment sur le rôle écrasant des querelles et bisbilles internes qui liées aux erreurs de jugement s’avèrent fatales à la réussite du plan allié.

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Profils couleurs

Cartes

  • La controverse du front large versus front étroit (Ouest 1944/1945)
  • Parachutage des troupes britanniques autour d’Arnhem
  • Parachutages de la 101st US Airborne Division autour d’Eindhoven
  • Parachutages de la 82nd US Airborne Division autour de Nimègue
  • Combats autour d’Arnhem, 17 septembre 1944
  • Combats au nord du pont d’Arnhem, 17 au 21 septembre 1944
  • Combats autour d’Arnhem, 18 septembre 1944
  • Progression du XXX Corps

Pour aller plus loin

Les pistes de lecture fournies en fin de numéro recèlent quelques ouvrages intéressants comme It Never Snows in September ou Assessing the Reasons for Failure: 1st British Airborne Division Signal Communication during Operation Market Garden.

Si les livres d’Antony BEEVOR, d’Anthony TUCKER-JONES et de Steven ZALOGA restent des valeurs sûres sur le déroulement général des combats, il ne faut pas négliger l’œuvre de Christer BERGSTRÖM Arnhem 1944, An Epic Battle Revisited, volume 1 et volume 2.

Les lecteurs francophones peuvent également se procurer deux livres en français (La course au Rhin (25 juillet-15 décembre 1944), pourquoi la guerre ne s’est pas finie à Noël et Arnhem 1944, un pont trop loin ?) parus chez Economica. Pour comprendre l’histoire et la composition des unités aéroportées engagées de deux côtés, rien de mieux que les Ligne de Front hors-série n°15 et 16.

Enfin, De Zwaard Visch proposent une trilogie indispensable à posséder pour comprendre opérationnellement la réaction allemande :

The Last German Victory, Operation Market Garden fournit un éclairage particulièrement intéressant sur la singularité tactique allemande qui pousse à la réaction immédiate, qu’elle soit bonne ou mauvaise, alors que côté Britannique, le réflexe se concentre davantage sur la planification et la prudence décisionnelle.

Enfin, sur les erreurs et opportunités des Alliés, il faut également lire l’impertinent The Folly of Generals, How Eisenhower’s broad front lengthened World War II qui met en avant des situations bien moins connues que Market Garden ou la Lorraine permettant aussi de l’obsession historiographique autour de MONTGOMERY et de PATTON, mais peut-être bien plus prometteuses à condition de savoir les saisir.

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Voir aussi…

Caractéristiques

  • Nombre de pages : 114
  • Langue : Français
  • Couverture : souple
  • Reliure : collée
  • Dimensions : 21 x 29,7 cm
  • Prix conseillé France à la date de parution : 14,90 € TTC

Historique de la page

  • Dernière mise à jour : 18/11/2023
  • Création : 27/10/2023

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