Batailles & Blindés hors-série n°25 (Caraktère, 2014)

Home » Magazines et périodiques » Batailles & Blindés » Batailles & Blindés hors-série » Batailles & Blindés hors-série n°25 (Caraktère, 2014)

Près de deux mois après le Débarquement en Normandie, les Alliés parviennent à percer le front allemand avec l’opération Cobra. Ce succès consolidé avec l’opération Bluecoat permet de sortir enfin de la tête de pont. Pourtant, cette victoire qui ouvre mine de rien la voie à la libération de la France et de la Belgique laisse un arrière-goût d’inachevé tant le rétablissement allemand parait spectaculaire et surtout les erreurs alliées s’amonceler. Ce numéro hors-série de Batailles & Blindés publié des soixante-dix ans des opérations à l’Ouest revient sur six “occasions manquées” : Argentan, Falaise, Mons, Anvers, Arnhem et Metz

Publicités

Temps de lecture estimé : 10 minutes

Présentation

“Il convient d’avouer que si les Landser en retraite demeurent sous le contrôle d’officiers clairvoyants […], ils n’en sont pas moins à la merci des armées alliées qui, massivement mécanisées, sont en mesure de les prendre de vitesse et d’arriver avant eux sur la ligne “Siegfried”. […] Toutefois, dans les faits, en septembre 1944, la première partie de la campagne ne s’est pas terminée ainsi.

Hugues WENKIN, 1944, l’été des occasions manquées, page 5.

Articles

Introduction, fin de la partie ?

L’introduction se résume en fait à une page, une colonne de texte même. Elle prend néanmoins le temps de poser le décor en montrant d’un côté l’extraordinaire opportunité que représente la percée américaine couplée aux conséquences de l’attentat du 20 juillet 1944 contre Adolf HITLER, et de l’autre le résultat timoré fin septembre qui voit la Wehrmacht à l’Ouest revenue sur des positions défensives s’appuyant notamment sur la Westwall. Cette situation aboutit de fait à une nouvelle stabilisation du front.

Bref, entre la poche de Falaise et fin septembre 1944, quelque chose ne se passe pas aussi bien que l’ampleur et la précipitation du recul allemand peuvent laisser espérer notamment en raison de la mécanisation poussée des armées alliées.

La cacophonie des généraux, entre surdité et compétition !

Hugues WENKIN reprend ici à son compte le postulat érigé par Martin BLUMENSON dans la Bataille des généraux. Les différents, les luttes d’égo et les querelles entre MONTGOMERY, BRADLEY et PATTON qu’EISENHOWER peine à contenir et à aligner, sans compter les interventions de Winston CHURCHILL et la question des opinions publiques.

Il faut dire que le commandant en chef allié doit tenir compte de nombreux paramètres alors que ses subordonnés ne voient très souvent que midi à chacune de leur porte. Bref, “la tâche d’EISENHOWER est [en effet] un véritable casse-tête chinois” et “cette ambiance […] est loin d’être la plus appropriée pour relever le défi auquel doivent faire face les armées alliées au tournant de la campagne”.

Falaise, premiers faux pas, entre tergiversation et incohérences !

Le poche dite de Falaise clôture quelque peu la bataille de Normandie même s’il reste à franchir la Seine et à s’emparer du Havre. L’opération Cobra permet de déchirer le front allemand qu’une parfaite exploitation permet de rendre irrémédiable malgré la tentative de contre-attaque sur Mortain avec l’opération Lüttich.

Le premier accroc intervient avec les difficultés rencontrées par l’opération Totalize en direction de Falaise. La mort de Michael WITTMANN à Cintheaux ne peut masquer les pertes des 2nd Canadian Infantry Division, 2nd Canadian Armoured Brigade et 1st Polish Armoured Division.

De son côté, Omar BRADLEY retient son XV US Corps devant Argentan laissant ses alliés relancer l’attaque sur Falaise avec l’opération Tractable, “un bel exemple de solidarité entre alliés”. Si Adolf HITLER se rend compte qu’une évacuation devient inévitable, il souhaite néanmoins une contre-attaque sur Alençon avec les restes des 9. SS-Panzer-Division, 10. SS-Panzer-Division et 21. Panzer-Division pour prendre au piège les Américains. Ordre irréalisable.

La coordination de la poche entre les deux pinces laisse à désirer et de nombreuses unités allemandes peuvent évacuer même si elles doivent laisser une bonne partie de leur matériel lourd. “Les atermoiements et le manque flagrant de coordination transforment une véritable opportunité en demi-victoire” selon Hugues WENKIN qui cite également Martin BLUMENSON, “ce qui en fait avait été une grande victoire alliée en Normandie fut dans le long terme une victoire partielle”.

Planification & ravitaillement, les parents pauvres de la stratégie alliée

L’intérêt de ce numéro hors-série est ne pas s’intéresser qu’aux seules actions militaires mais également à la logistique. L’opération Overlord nécessite des moyens colossaux de ce point de vue là comme en témoignent les ports artificiels, la noria de navires nécessaires pour établir un pont entre les deux rives de la Manche ou encore la mise en place de pipe-lines.

La percée de l’opération Cobra tend brusquement la logistique par un effet cumulatif. En effet, la distance à parcourir pour la ravitaillement augmente prélevant d’autant une part de précieux carburant et augmentant les rotations de camions, mais la mise en mouvement des unités alliées, américaines dans un premier temps fait exploser les niveaux de consommation. La rançon de la motorisation à outrance…

Le texte aborde les quatre ruptures logistiques alliées durant les opérations de 1944 et 1945. La première intervient dans les tous premiers jours de l’invasion, notamment avec la tempête qui sévit sur la Manche. La seconde concerne l’extension des lignes logistiques avec l’avance alliée en septembre 1944 en raison du manque de matériel de transport. La troisième arrive à l’automne avec les conditions qui se dégradent sur la Manche et ralentissent les opérations sur le port artificiel. Une quatrième crise intervient au printemps 1945 (peu connue celle-là) quand le ralentissement de la production industrielle américaine amorcé dès septembre 1944 produit son effet…

Malgré des apparences parfois trompeuses, toutes les armées souffrent de limitations logistiques tout au long de la Seconde Guerre mondiale, autant en URSS pour les Allemands dès le lancement de l’opération Barbarossa que pour les Soviétiques et alliés occidentaux dans les douze derniers mois du conflit.

L’affaire d’Anvers, passe, perd et manque !

La chevauchée du 21st Army Group en direction de la Belgique puis de la Hollande reste peu connue. Certes, la prise de quelques villes fait l’objet d’études comme Bruxelles et bien entendu Anvers. Un peu comme pour la libération de Paris, l’historiographie retient surtout la dimension symbolique et la liesse des populations délivrées de l’occupation allemande. L’accélération de l’avance alliée est tout à fait notable. Mais le diable se cache dans les détails. HORROCKS craignant la panne d’essence ou par trop prudence ne remonte pas l’estuaire de l’Escaut. Cela a une double conséquence. La première et immédiatement la plus funeste pour la suite est que la 15. Armee peut se sauver. La seconde est que le port pris intact ne peut tout simplement pas servir…

Patton en panne sèche, le gâchis lorrain

Les problèmes logistiques mais aussi le raidissement allemand perturbent l’avance de la 3rd US Army en direction de Nancy. Déjà des revenants de la Normandie réchappés de la poche de Falaise réapparaissent dans un rôle autre que celui de fuyards à l’image de la 17. SS-Panzergrenadier-Division ou de la 21. Panzer-Division.

“Market-Garden”, l’heure de vérité

Le coup de poker de Bernard MONTGOMERY avalisé par Dwight EISENHOWER illustre parfaitement l’impasse alliée pour rechercher une victoire totale. L’apparition des V2 dans le ciel de Londres le 8 septembre 1944 bouleverse une fois de plus la donne par des considération plus politiques qui militaires.

Le récit qui suit de l’opération Market Garden reprend les grands traits de la conception, du déroulement et des erreurs du plan. Cet échec signe la fin du rêve allié de terminer la guerre avant Noël et ouvre une période de tension exacerbée entre Britanniques et Américains qui ne se refermera temporairement qu’avec la bataille des Ardennes…

Conclusion

Bien rythmé, ce numéro hors-série de Batailles & Blindés donne une vision claire des mois d’août et septembre 1944. D’un côté une victoire qui peut paraitre gâchée, de l’autre un rétablissement qui semble miraculeux à l’instar des autres fronts où la Wehrmacht doit reculer avec des pertes immenses.

Ce contraste alimente une historiographie et des débats à n’en plus finir qui tendent à sous-estimer la performance alliée et à survaloriser celle allemande. En effet, tout n’est pas qu’une affaire de nombre de soldats, de chars, de canons ou d’avions. Pour aliment cet immense ordre de bataille, il faut des munitions et du carburant pour ceux qui se déplacent sur terre, dans les airs et sur mer. Car il ne faut pas oublier que l’ensemble de la logistique alliée vient d’outre-Manche et principalement d’outre-Atlantique. Un véritable goulot d’étranglement dont il est difficile de se rendre compte.

En face, la logistique allemande, bien que soumise à d’importants bombardement alliés sur ses centres de fabrication et ses artères logistiques, vient du cœur même de l’Europe. Chaque centaine de kilomètres de repli représente autant de bénéfice pour la logistique.

Si l’impossibilité de vaincre à l’Ouest dès l’automne 1944 a des répercussions considérables sur l’après-guerre en Europe, il ne faut cependant sous-estimer la performance alliée alors même que la Wehrmacht de ce front sa priorité stratégique, un choix toujours valable malgré le déclenchement et les conséquence de l’opération Bagration.

Ce numéro permet donc de mesurer l’ampleur du travail accompli par les Alliés, les dilemmes impossibles et les compromis obligatoires entre logistique, politique et égos sans oublier également le rôle de l’ennemi…

Profils couleurs

Cartes

  • Débats stratégiques alliés à l’Ouest en 1944, propositions alternatives de Winston CHURCHILL
  • Plan d’EISENHOWER, plan de MONTGOMERY
  • Opération Totalize, 7 au 11 août 1944
  • La poche de Falaise, 6 au 17 août 1944
  • Mulberry A
  • La course vers Anvers, août / septembre 1944
  • Le Front de l’Ouest au 1er septembre 1944
  • Dispositf de la 3rd US Army au 25 septembre 1944
  • Projet du plan Market Garden de MONTGOMERY
  • L’opération Market Garden
  • Planification de la prise d’Arnhem
  • Route des avions du plan Market Garden
  • Position des Alliés le 25 septembre 1944

Pour aller plus loin

Voir aussi…

Caractéristiques

  • Nombre de pages : 114
  • Langue : Français
  • Couverture : souple
  • Reliure : collée
  • Dimensions : 21 x 29,7 cm
  • Prix conseillé France à la date de parution : 14,90 € TTC

Historique de la page

  • Création : 18/11/2023