Dunkerque 1944/1945

Le 19 janvier 1944, Adolf HITLER donne pour instruction de transformer en forteresses (Festungen) les principaux ports de la Mer du Nord, de la Manche et de l’Atlantique, dont Dunkerque

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Historique

Contexte

Les Allemands capturent totalement Dunkerque le 4 juin 1940 dont la chute et la fin de l’opération Dynamo symbolisent le succès de l’opération Fall Gelb qui aboutit à la capitulation de la Hollande, de la Belgique, du Luxembourg et à l’élimination d’une bonne partie de l’ordre de bataille franco-britannique.

La Kriegsmarine s’installe dans le port qui fait l’objet de travaux défensifs qui se renforcent tout au long de la guerre, en raison du risque de raids commandos alliés puis dans la crainte d’un débarquement. Celui-ci intervient finalement le 6 juin 1944 en Normandie. Après plusieurs semaines de lente progression, les Alliés finissent par percer le front ennemi avec l’opération Cobra lancée le 25 juillet 1944. Ils peuvent alors se répandre en Bretagne et sur les arrières des lignes allemandes en Normandie. Devant la menace, Adolf HITLER réitère le 4 septembre 1944 sa volonté de ne pas abandonner les ports devant l’avance alliée et de s’y accrocher, même si la garnison doit être isolée. Les Alliés cherchent cependant à s’emparer du plusieurs d’entre eux, parfois de haute lutte comme pour Saint-Malo, Brest, Le Havre, Boulogne-sur-Mer et Calais. A la fin septembre 1944, seuls résistent encore Dunkerque, les îles anglo-normandes, Lorient, Saint-Nazaire, La Rochelle, Royan et la Pointe de Grave de part et d’autre de l’estuaire de la Gironde.

De la Seine à Anvers

Le 19 août 1944, des premiers éléments de la 79th US Infantry Division franchissent la Seine et établissent une tête de pont à Mantes-Gassicourt. Le 26 août 1944, la 43rd (Wessex) Infantry Division franchit à son tour le fleuve à Vernonnet (Vernon). Le 30 août 1944, le XXX Corps passe également la Seine de part et d’autre de Rouen en trois endroits distincts (Duclair, Caudebec-en-Caux et Vieux-Port). De cette base, les Britanniques peuvent s’élancer en direction de Beauvais puis de la Somme (opération Supercharge). Le 31 août 1944, la 11th Armoured Division entre dans Amiens et capture le pont principal intact. Bernard MONTGOMERY décide de continuer à pousser en direction d’Arras puis d’Anvers sans chercher préalablement à nettoyer avant les rives de la Somme jusqu’à son embouchure.

En conséquence, le II Canadian Corps reçoit l’ordre de s’emparer d’Abbeville et de nettoyer la côte.

Le 1er septembre 1944, la 2nd Canadian Infantry Division entre dans Dieppe préalablement évacuée par les Allemands. Le 2 septembre 1944, La 51st (Highland) Infantry Division s’empare de Saint-Valéry-en-Caux tandis que la 4th Canadian Armoured Division passe la Somme à Abbeville.

Pendant ce temps, la Guards Armoured Division entre dans Bruxelles le 3 septembre 1944 au soir. Le lendemain 4 septembre 1944 après-midi, la 11th Armoured Division entre dans Anvers et atteignent le port que les Allemands n’ont pas le temps de détruire. Le nettoyage de la ville se poursuit jusqu’au lendemain. Cela signifie que la 15. Armee et toutes les unités allemandes qui s’égrènent de la Somme à l’embouchure de l’Escaut se retrouvent sans possibilité de repli par la terre ferme !

Entre le 6 et le 8 septembre 1944, les Canadiens contournent Boulogne-sur-Mer, Calais, Dunkerque et prennent Ostende. Les restes de la 15. Armee se retrouvent alors coincés dans la tête de pont de Breskens et Terneuzen.

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Nettoyage des côtes

A Anvers, la 11th Armoured Division ne parvient à aller au-delà du canal Albert. Les têtes de pont établies sur le rive opposée sont finalement évacuées le 9 septembre 1944. Pris dans un bon état, le port d’Anvers ne peut donc être utilisé par les Alliés, les Allemands tenant solidement les accès à la mer.

Malgré la libération rapide du territoire français, les Alliés ont néanmoins absolument besoin de points d’accès portuaires proches de la Grande-Bretagne pour réduire les distances logistiques.

Le 10 septembre 1944, les Britanniques lancent l’opération Astonia et finissent par s’emparer des ruines du Havre le 12 septembre 1944.

Bernard MONTGOMERY estime désormais que le nettoyage de l’embouchure de l’Escaut devient prioritaire pour utiliser Anvers. Le 14 septembre 1944, il ordonne à la 1st Canadian Army en charge du secteur de ne se concentrer que sur la prise de Boulogne-sur-Mer et de Calais sans tenter de prendre Dunkerque. Devant cette dernière, la 2nd Canadian Infantry Division laisse la place le 16 septembre 1944 à la 4th Special Service Brigade pour se porter sur l’Escaut.

Le 17 septembre 1944, les Canadiens lancent l’opération Wellhit sur Boulogne-sur-Mer qui ne tombe totalement que le 22 septembre 1944. Le 25 septembre 1944, l’opération Undergo débute contre Calais. Le 31 septembre 1944, toute résistance allemande cesse définitivement.

Le siège de Dunkerque

Les combats sur une grande échelle étant exclus, c’étaient les patrouilles de jour ou de nuit qui, de chaque côté, rythmaient la vie quotidienne.

Rémy DESQUESNES, Les poches de résistance allemandes sur le littoral français, août 1944 – mai 1945 [Ouest-France, 2011], page 56.

Malgré une relativement faible activité militaire, quelques opérations marquent le siège de Dunkerque. Le 28 octobre 1944, les Alliés lancent une attaque dans le secteur d’Uxem. Le 10 avril 1945, alors que la situation du Troisième Reich est sans espoir, Friedrich FRISIUS lance l’opération Blücher, un raid à travers le canal de Bourbourg.

A la suite de la capitulation allemande, la garnison de Dunkerque rend également les armes. L’acte officiel est signé le 9 mai 1945.

En ce 9 mai 1945, Dunkerque est la ville française qui vécut le plus longtemps sous la botte nazie. L’Occupation, entamée le 4 juin 1940, aura donc duré quatre ans, onze mois et cinq jours.

Mathieu GEAGEA, Dunkerque, la dernière forteresse nazie, 1944-1945 [Passés composés, 2023], page 256.
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Voir aussi…

Bibliographie

Livres

Magazines et périodiques

  • Yann MAHE, Les K-Verbände de la Kriegsmarine (2ème partie), 1944-1945, les combattants sacrifiés [Ligne de Front n°83 (Caraktère, 2020)]

Historique de la page

  • Mise à jour : 18/05/2023