En prévision du Débarquement allié à l’Ouest, les Allemandes transforment les principaux ports français en forteresses afin qu’ils ne tombent pas aux mains des Alliés…
Historique
Contexte
Dès qu’ils prennent possession des côtes et des ports français en mai et juin 1940, les Allemands investissent le littoral et les installations portuaires qu’utilise immédiatement la Kriegsmarine. Faute de pouvoir envahir l’Angleterre et de forcer la Grande-Bretagne à se retirer du conflit avec l’annulation de l’opération Seelöwe, le Troisième Reich laisse un adversaire le menacer sur sa façade occidentale alors qu’il se tourne vers l’URSS. Les Britanniques ne se privent pas de faire peser une menace de plus en plus forte avec une stratégie de raids et de commandos. Dans sa directive n°40 du 23 mars 1942, Adolf HITLER souligne ainsi l’importance de la défense des côtes exposées et pose les bases d’une fortification structurée.
Le risque d’exposition aux attaques surprises britanniques et l’importance de plus en forte des ports abritant les sous-marins allemands amènent les Allemands à renforcer au fur et à mesure leur protection.
Avec l’entrée en guerre des Etats-Unis et la probabilité de plus en plus grande que les Alliés tentent un débarquement à l’Ouest (opération Overlord) à l’issue de leur victoire en Tunisie, les Allemands renforcent leurs mesures défensives, non plus pour se prémunir de raids, mais pour entraver puis repousser toute tentative d’ouverture d’un nouveau front.
L’essor du Mur de l’Atlantique (Atlantikwall)
Dans un rapport détaillé d’une trentaine de pages daté du 25 octobre 1943, Gerd von RUNDSTEDT alors en charge de l’OB West, alors l’OKW sur l’imminence du danger et la faiblesse des installations. Le 3 novembre 1943, Adolf HITLER publie sa directive n°51 qui renforce la priorité donnée à la fortification des côtes et souligne l’importance stratégique de ce front dans la perspective de l’assaut allié. Deux jours plus tard, le 5 novembre 1943, il reçoit Erwin ROMMEL au Wolfschanze. Il lui confie la mission d’inspecter les dispositions défensives et de proposer des options afin de repousser les Alliés à la mer dès qu’ils auront débarqué. Le 1er décembre 1943, il se met en route pour sa nouvelle affectation avec son état-major désigné Heeresgruppe B.
Le 19 janvier 1944, Adolf HITLER ordonne la transformation des principaux ports de la mer du Nord, de la Manche et de l’Atlantique en forteresses (Festungen) :
- Ijmuiden
- Hoek van Holland
- Dunkerque
- Boulogne-sur-Mer
- Le Havre
- Cherbourg
- Saint-Malo
- Brest
- Lorient
- Saint-Nazaire
- Embouchure de la Gironde (Royan et Pointe de Grave)
Opération Overlord : les Alliés attaquent
Le 6 juin 1944, les Alliés débarquent en Normandie (opération Neptune). Aucune contre-attaque allemande ne parvient à les repousser et la tête de pont ne parait jamais réellement menacée. La progression semble néanmoins poussive et en retard par rapport aux objectifs définis dans le cadre de l’opération Overlord. Le 18 juin 1944, les Américains parviennent à couper en deux le Cotentin et à isoler Cherbourg. Le port tombe le 25 juin 1944. Pour s’affranchir cependant de la dépendance d’un port majeur dans les premières semaines de l’invasion, les Alliés conçoivent et installent des ports artificiels tout en utilisant les plages conquises pour amener renforts et logistique.
Le 25 juillet 1944, les Américains lancent l’opération Cobra qui parvient à percer le front allemand. Le 30 juillet 1944, ils atteignent Avranches et Pontaubault le lendemain, ouvrant ainsi les portes de la Bretagne et de la Mayenne sans que les Allemands puissent s’y opposer.
L’échec de la contre-attaque de Mortain (opération Lüttich) et l’encerclement des unités allemandes en Normandie dans la poche de Falaise/Trun/Chambois laissent peu d’espoir aux Allemands de pouvoir stabiliser la situation sans envisager un repli de grande ampleur d’autant que les Alliés débarquent le 15 août 1944 en Provence. Le 17 août 1944, jour où Saint-Malo tombe, Adolf HITLER donne l’ordre de repli de la 1. Armee mais de conserver les ports les plus importants, y compris sur la Méditerranée. Le 4 septembre 1944, devant l’avance alliés en direction de la Belgique et de la Hollande, il renforce ses consignes de ne pas abandonner Boulogne-sur-Mer, Calais, Dunkerque, Walcheren et Anvers.
La crise logistique alliée
Alors qu’ils se lancent dans une cours tout azimut à la poursuite des Allemands qui se replient, les Alliés ne dépendent encore que des approvisionnements venant des plages et d’un port artificiel pour leur logistique.
Bibliographie
Livres
- Michel CATALA (sous la direction de), Les poches de l’Atlantique 1944-1945, le dernier acte de la Seconde Guerre mondiale en France [Presses Universitaires de Rennes, 2019]
- Rémy DESQUESNES, Les poches de résistance allemandes sur le littoral français, août 1944 – mai 1945 [Ouest-France, 2011]
- Jack DIDDEN & Maarten SWARTS, The Army that got away, the 15. Armee in the summer of 1944 [De Zwaard Visch, 2022]
- Mathieu GEAGEA, Dunkerque, la dernière forteresse nazie, 1944-1945 [Passés composés, 2023]
Magazines et périodiques
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- Mise à jour : 17/05/2023