Chaussée de La Fière – Cauquigny 1944

D’une longueur de huit cent mètres, la chaussée qui relie La Fière à Cauquigny enjambe le Merderet au cœur de la presqu’île du Cotentin sur la route allant de Sainte-Mère-Eglise à Pont l’Abbé.

Au cours de la bataille de Normandie lors de la Seconde Guerre mondiale en Europe, la chaussée est l’objet d’âpres combat entre les parachutistes américains de la 82nd US Airborne Division et les Allemands de la 91. Infanterie-Division appuyés par des Panzer 35R 731(f) de la Panzer-Ersatz-und-Ausbildungs-Abteilung 100 lors du Débarquement allié en Normandie au cœur de la tête de pont aéroportée américaine.

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Historique

Afin de sécuriser la plage de débarquement d’Utah Beach qui se trouve à la base de la côte Est du Cotentin, les Alliés prévoient dans le cadre de l’opération Overlord le largage de deux divisions aéroportées en arrière de la zone côtière et au centre de la presqu’île. Afin de faciliter la progression et ôter la possibilité aux Allemands d’établir une ligne de défense s’appuyant sur le Merderet et ses prairies marécageuses qui pourrait bloquer les Américains dans leur tête de pont côtière, les zones de saut de la 82nd US Airborne Division se répartissent à droite mais aussi à gauche du cours d’eau afin de rapidement s’emparer de Pont-l’Abbé, important nœud routier au milieu des marécages. La chaussée de la Fière à Cauquigny représente donc une importance stratégique pour les deux camps.

Les premiers sauts se déroulent lors de l’opération Boston, la première mission de largage des parachutistes de la 82nd US Airborne Division le 6 juin 1944 aux environs de 2h, une heure après l’opération Albany, le largage de la 101st US Airborne Division. Le saut des deux régiments à l’Ouest du Merderet se révèle assez catastrophique en raison de la dispersion, de la mise hors de combat de nombreux hommes et de la perte de matériels. Cela n’empêche cependant à quelques parachutistes américains de prendre position à Cauquigny mais sans s’avancer sur les berges et la chaussées qui restent sous le contrôle de quelques soldats allemands.

A l’Est du Merderet, plusieurs centaines de parachutistes convergent vers La Fière. Mais depuis la veille, plusieurs dizaines d’Allemands ont investi le hameau et offrent une solide résistance. Ce n’est que vers 10h que l’accès Est de la chaussée est sous le contrôle américain. Les hommes qui viennent de prendre La Fière s’élancent sur la chaussée et dégagent l’accès Ouest puis font leur jonction avec les parachutistes établis à Cauquigny. Dans le même temps une partie des hommes qui ont pris La Fière sont envoyés vers le Nord où les combats se poursuivent, notamment du côté de Neuville-au-Plain. La chaussée est donc intégralement conquise dans la matinée du 6 juin 1944. Les hommes qui ont traversé la chaussée choisissent de se dirigier vers Amfreville. Seuls quelques hommes restent finalement en position à Cauquigny.

En début d’après-midi, ils sont délogés par les Allemands de la 91. Infanterie-Division épaulés par trois Panzer 35R 731(f) de la Panzer-Ersatz-und-Ausbildungs-Abteilung 100. Des parachutistes traversant alors la chaussée sont forcés de se replier vers le Sud. A 16h, la colonne allemande tente à son tour de traverser la chaussée. Mais les chars sont détruits, dont deux au bazooka par le binôme PETERSON / Marcus HEIM. L’attaque est stoppée nette. Mais la chaussée reste coupée et les groupes de parachutistes américains à l’Ouest du Merderet sont désormais totalement isolés et dans l’incapacité d’avancer vers Amfreville ou de reprendre Cauquigny à revers.

Dans la nuit du 6 au 7 juin 1944., les Américains se renforcent au niveau de La Fière pour contrer tout nouvel assaut allemand.

Le 7 juin 1944, de nouveaux renforts aéroportés sont déposés par planeurs dans la tête de pont aéroportée américaine à 7h (opération Galveston) et 9 h (opération Hackensack). Vers 10h, le contact est établi entre la 4th US Infantry Division venant d’Utah Beach et les positions de la 82nd US Airborne Division au Sud-Est de Sainte-Mère-Eglise. La situation à l’Est du Merderet se consolide donc bien tandis que sur la chaussée aucun des belligérants n’est capable de prendre l’ascendant sur l’autre.

Parmi les groupes toujours isolés à l’Ouest du Merderet, deux hommes sont envoyés le 8 juin 1944 à la recherche d’un gué afin de rallier la rive opposée. Ils trouvent un passage et se font conduire à l’état-major de la 82nd US Airborne Division. Le soir, une attaque est montée avec des unités arrivées en planeurs. Le gué est franchi mais les Américains sont bloqués, ne pouvant ni avancer vers Amfreville, ni vers Cauquigny.

Le 9 juin 1944, une attaque frontale est engagée par la 82nd US Airborne Division à travers la chaussée en partant de La Fière avec le soutien de l’artillerie et de chars M4 Sherman du 746th US Tank Battalion. Cauquigny est reconquis à midi. Les combats durent toute la journée dans le secteur et occasionnent de très nombreuses pertes des deux côtés. Mais la tête de pont américaine à l’Ouest du Merderet est désormais sécurisée et ne peut plus être menacée par les Allemands qui n’ont pas reçu de réels renforts dans le secteur depuis de la Débarquement.

Le 10 juin 1944, au petit matin, des hommes de la 90th US Infantry Division franchissent la chaussée et relèvent les parachutistes. L’objectif est désormais de parvenir à couper le Cotentin en atteignant la côte Ouest de la presqu’île.

Bibliographie

Repères bibliographiques

Livres

Magazines et périodiques

Georges BERNAGE, Les Panzers dans la bataille de Normandie, 5 juin – 20 juillet 1944 (Heimdal, 1999) : livre de cent soixante-dix pages sur les unités blindées allemandes engagées en Normandie face aux Alliés jusqu’à l’opération Goodwood (21. Panzer-Division, Panzer-Ersatz-und-Ausbildungs-Abteilung 100, 12. SS-Panzer-Division, 130. Panzer-Lehr-Division, schwere SS-Panzer-Abteilung 101, 2. Panzer-Division, 17. SS-Panzergrenadier-Division, 2. SS-Panzer-Division, 1. SS-Panzer-Division, 9. SS-Panzer-Division, 10. SS-Panzer-Division, SS-Panzer-Abteilung 102schwere Panzer-Abteilung 503, 4./Panzer-Abteilung (Funklenk FKL) 301) incluant les combats du 6 juin 1944 (contre-attaque sur Luc-sur-Mer et La Fière, Kampfgruppe von Luck face aux aéroportés britanniques), les combats autour de Caen de la 12. SS-Panzer-Division (Authie, Buron, Rots, Bretteville-l’Orgueilleuse, Norrey-en-Bessin, Mesnil-Patry, Putot-en-Bessin, Carpiquet, opération Charnwood) la bataille de Tilly-sur-Seulles avec la contre-attaque de la 130. Panzer-Lehr-Division sur Ellon pour chercher à reprendre Bayeux, l’arrêt infligé aux Britanniques à Villers-Bocage lors de l’opération Perch, les combats pour Lingèvres, Evrecy et Hottot), la bataille de l’Odon (opération Martlet, opération Epsom, Tessel, Fontenay-le-Pesnel, Cheux, Gavrus, Rauray, Cote 112), dans le bocage à Sainteny et à Saint-Jean-de-Daye, pour terminer sur les combats défensifs face à l’opération Goodwood – Photos, profils couleurs, dessins couleurs, cartes.

Yves BUFFETAUT, Les paras américains en Normandie, in 39/45 Magazine n°40 (Heimdal, 1989) : article de douze pages sur la naissance des troupes parachutistes américaines, leur emploi durant l’opération Torch et l’invasion de la Sicile, les préparatifs de l’opération Overlord, la tête de pont aéroportée américaine en Normandie, la bataille pour Sainte-Mère-Eglise, le Merderet, La Fière-Cauquigny, la Douve et Pouppeville – Photos, cartes.

Paul CHERRIER, Les batailles pour le pont et la chaussée de La Fière, in Normandie 1944 Magazine n°32 (Heimdal, 2019) : article de treize pages sur les combats entre la 82nd US Airborne Division d’un côté, la 91. Infanterie-Division épaulée par la Panzer-Ersatz-un-Ausbildungs-Abteilung 100 de l’autre pour la conquête et la sécurisation du pont et de la chaussée de la Fière qui enjambe le Merderet dans le Cotentin lors des premiers jours de la bataille de Normandie – Photos, cartes, profils couleurs (Citroën Type 45).

Yann MAGDELEINE, Fière (pont de La), in Dictionnaire du Débarquement (Ouest-France, 2011)

Christophe PRIME, Utah Beach, mardi 6 juin 1944 (OREP, 2019) : livre de centre tente pages sur Utah Beach, la tête de pont aéroportée américaine et l’importance du débarquement directement à la base du Cotentin comprenant un aperçu des plans successifs de l’opération Overlord, des principales unités engagées (82nd US Airborne Division, 101st US Airborne Division, 4th US Infantry Division), des principaux combats (Sainte-Mère-Eglise, La Fière-Cauquigny, Chef-du-Pont, Sainte-Marie-du-Mont, les passages de la Douve, Utah Beach, Saint-Côme-du-Mont, Carentan, Montebourg, Quinéville, les batteries d’Azeville et de Crisbecq Saint-Marcouf) et le rôle logistique de la plage dans la suite de la bataille de Normandie – Photos, cartes, reproductions couleurs d’objets d’époque.

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