Vous ne mourrez pas (ADA, 2019)

Autant l’avouer immédiatement, la suite des Ventres d’acier se dévore avec la même passion.

Construit sur une suite de chapitres qui alternent récits, lettres ou carnets intimes, ce deuxième volume de la saga d’un équipage de Panzer VI Ausf. E Tiger de la schwere Panzer-Abteilung 502 dans la région de Leningrad apporte un nouveau regard sur la vie quotidienne de ces soldats au fin fond de la Russie.

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Si les Ventres d’acier s’achèvent sur la narration d’un affrontement dantesque à couper le souffle, les pages de Vous ne mourrez pas pénètrent davantage dans la conscience des personnages. Il faut dire que Stalingrad tombe au moment où débute le récit. Cette défaite questionne un peu plus les soldats sur l’utilité de leur sacrifice et le bout du tunnel qu’ils ne voient pas. Quelques mois plus tard, nouvelles désillusion pour les Allemands, l’opération Zitadelle n’apporte pas la victoire espérée.

Les premiers bombardements alliés sur les villes allemandes commencent… Progressivement, l’état d’esprit change et la possibilité d’une défaite totale se dessine.

Là encore, l’auteur, Gabriel THERIAULT, ne cherche pas affubler ses personnages de considérations morales modernes. Celui qui voit le danger du nazisme pour sa patrie l’Allemagne n’en est pas moins un farouche adversaire du bolchevisme baigné dans un fond d’antisémitisme latent. Les héros ne sont ni des criminels, ni des anges. Mais des hommes baignés au quotidien dans l’horreur qui se cherchent et essayent de frayer leur chemin sans sombrer moralement, ni mentalement. Leurs pensées et leurs attitudes sont le reflet de l’éducation qui leur a été donnée. Et ils sont façonnés par les épreuves de leur propre existence.

Ce second tome entre bien davantage dans la psychologie des personnages. Ce qui finalement leur permet de tenir, c’est le groupe primaire que représente l’équipage. En dépit de leurs divergences d’opinion et de personnalité, ce sont les camarades qui deviennent la seule famille. S’y réfugier, c’est la seule chance pour tenter de vivre et de survivre. Avec les autres personnages, c’est finalement une véritable comédie humaine à la Balzac qui se dessine.

Au-delà du récit, le livre souligne l’importance des devoirs et des rôles d’une mère, d’un père, d’un chef, des camarades. Bien loin de l’individualisme qui ravage nos esprits modernes.

La fin est clairement inattendue avec quelques petites touches rocambolesques qui mettent un peu de légèreté dans un récit dense et une histoire qui est en fait particulièrement terrible et atroce.

Très intéressant aussi, les notes de l’auteur pour expliquer sa démarche et ses sources d’inspiration (voir son interview). Un petit résumé passionnant de l’évolution de l’analyse historique de la Seconde Guerre mondiale.

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