Pour ce troisième numéro de l’année 2023, GBM propose un nouveau numéro passionnant qui explore les prémices des transmissions militaires, les moyens de locomotion et de franchissement des coupures humides !
Recension et présentation :
Des origines aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale
Une histoire d’amour, de conviction, de professionnalisme et de travail acharné… Voilà comment pourrait se résumer le parcours de François VAUVILLIER que ce numéro de GBM interroge pour un échange savoureux. Assurément, l’homme est pétri de conviction et le fait savoir. Ses éditoriaux en témoignent. Assez lyriques, toujours bien écrits, ils interrogent toujours, dérangent et agacent parfois. Le lien avec l’objet de la revue peut sembler parfois bien éloigné !
Et pourtant, que le lecteur soit d’accord ou pas avec lui, cette audace et parfois cet amusement à provoquer font partie du personnage. Et sans ces traits de caractère, sans cette sorte de panache, GBM n’existerait pas. La collection Vauvilier n’existerait pas. L’automobile sous l’uniforme n’existerait pas. L’encyclopédie de l’armée française au fameux ruban tricolore n’existerait pas. L’anthologie des blindés français de 1914 à 1940 n’existerait pas. Bref, l’image de l’armée française défaite en 1940 et de ses soldats serait figée dans tous ses préjugés condescendants depuis trente ou quarante ans.
L’actualité politique en vue de la campagne présidentielle de 2022 le montre, les interprétations historiques concernant la Seconde Guerre mondiale restent encore particulièrement sensibles, tant au niveau national français qu’international. Cela n’a rien d’étonnant compte tenu du retentissement de ce conflit qui reste particulièrement marqué du sceau des idéologies. Les écrits d’après-1945 façonnent la vision et formatte l’Histoire officielle. Côté français, le général en chef Maurice GAMELIN fait office de coupable idéal pour les affaires militaires sur lequel chaque camp se met d’accord, y compris le régime de Vichy. Si le personnage n’est pas exempt de reproche, loin de là, il est également le reflet des compromis de son époque. Alors que l’image de l’armée française commence à s’améliorer dans l’esprit du public un minimum documenté, n’est-il pas temps de revisiter le rôle et la responsabilité du chef suprême ?
Le devoir de rétablir la mémoire de ceux de 1940 et d’une certaine vérité historique représente l’une des sept raisons affichées par Histoire & Collections au moment de la transformation en 2006 du magazine Histoire de guerre en Histoire de guerre, blindés & matériels qui devient un peu plus tard GBM. Quinze ans plus, tard quel chemin parcouru ! Il faut désormais vraiment le faire exprès pour affirmer certaines contre-vérités sur les combats menés à l’Ouest en 1940. C’est encore ce que démontre ce numéro 137 en concluant une étude en cinq parties sur les chars français.
Les légendes concernant la Seconde Guerre mondiale sont tenaces. Celles à propos de mai et juin 1940 encore plus ! Pourtant, il ne faut pas grand chose pour prendre du recul et analyser les événements. Non pas en buvant benoitement les écrits de quelques généraux tout à leur gloire, mais plutôt en se replongeant dans les faits. Nouvelle démonstration dans ce numéro de Histoire de Guerre, Blindés & Matériels (renommé ensuite GBM)…
Un numéro de GBM qui démontre encore une fois l’ampleur du travail de réécriture des événements de mai et juin 1940 tant l’historiographie s’en trouve encore biaisée. Non seulement l’armée française se bat du premier au dernier jour, mais elle réagit systématiquement. Bien sûr, tout n’est pas parfait, loin de là. Sinon, la défaite ne serait pas. Quand les Panzer de GUDERIAN franchissent la Meuse à et autour de Sedan le 13 mai 1940, tout n’est pas encore perdu. Quand le 15 mai 1940 la 6. Panzer-Division par un raid audacieux après avoir piétiné plusieurs jours à Monthermé leur ouvre la voie, tout n’est pas non plus perdu. Quand le front français s’ouvre à partir du 16 mai 1940, l’état-major français possède encore de nombreux atouts et tente de s’en servir…
Par son ampleur et sa rapidité de diffusion, la révolution technologique de l’arrivée de la motorisation dans les armées au début du XXème siècle est aussi spectaculaire que celle qui touche leurs contemporains cent ans plus tard avec la numérisation du champ de bataille. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à lire ce numéro de GBM. L’analyse historique ne peut se contenter ressasser le seul déroulé des opérations militaires mais doit bien bien comprendre et analyser comment l’innovation se diffuse et comment les doctrines évoluent en conséquence. Un nouveau numéro particulièrement bien réussi.
L’année des quatre-vingts ans des événements de 1940 symbolise le renouveau de l’historiographie francophone sur cette période. Après l’ère des précurseurs prêchant quelque peu dans le désert mais ouvrant la voie aux générations suivantes, voilà le temps de l’épanouissement. GBM symbolise parfaitement cette évolution tout en y ayant largement contribué. Au point d’avoir amené l’étude des forces françaises de 1914 à 1940 à un niveau comparable de celle des forces germaniques. Après un exceptionnel numéro de synthèse sur Charles de GAULLE, ce numéro apporte une regard sur le dynamisme doctrinal méconnu de l’armée française à travers ses projets de chars individuels ou l’accélération de la métamorphose de son arme blindée entre mai et juin 1940.
Voilà un numéro avec un petit air de GBM ! En effet, pour commémorer les quatre-vingts ans des combats de mai et juin 1940, Militaria propose un numéro spécial avec une douzaine d’articles sur le sujet. Nec plus ultra, les clichés et les objets d’époque sont essentiellement d’origine française en plus bien évidemment des habituelles reconstitutions qui sont la marque de fabrique du magazine. Sans compter une pincée d’archéologie dans les dunes du Nord…
Pour commémorer les quatre-vingts ans de 1940, GBM livre un numéro assez exceptionnel avec deux articles qu’il est indispensable de lire et de posséder. Ils symbolisent le degré de maturité qu’atteint l’historiographie de cette époque après des décennies d’errements. L’aboutissement d’un long travail. Un numéro aussi important que le précédent mais également le 92 paru pour les soixante-dix ans des mêmes événements.