La bataille de Normandie fait partie des grands classiques des classiques de l’historiographie de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Le sujet parait même inépuisable ! Depuis le novateur (pour l’époque) Panzers en Normandie d’Eric LEFEVRE, l’encre ne cesse de couler sur le rôle qu’y jouent les chars, qu’ils soient allemands, britanniques, américains, canadiens ou encore polonais… Pourtant, le sujet apparait au fil des livres et des articles bien plus complexe et nuancé qu’il n’y parait de prime abord. Au point de mériter un nouvel ouvrage sur le sujet ?
Étiquette : Poche Falaise/Trun/Chambois 1944
Normandie 1944, 2. Panzer-Division, tome 3, Falaise et repli, 13 août – septembre 1944 (Heimdal, 2021)
Ce livre clôture la monumentale étude de Frédéric DEPRUN sur l’engagement en Normandie de la 2. Panzer-Division parue chez Heimdal après les volumes 1 et 2. A l’instar des deux premiers, il regorge de détails textuels et iconographiques qui éclairent l’engagement d’une unité et de lieux finalement assez peu traités dans l’historiographie habituelle.
Bataille de Normandie 1944 Magazine n°5 (Maranes, 2021)
Une bataille de la dimension de celle en Normandie durant l’été 1944 ne peut que receler de multiples aspects et détails qui passent trop souvent inaperçus. Il faut dire l’historiographie s’appuie très souvent sur les mêmes sources, les mêmes témoignages, les mêmes récits officiels… Pourtant, au-delà de la simple image d’un rouleau compresseur allié et d’un défenseur contraint à une défaite inéluctable, il existe de nombreuses nuances. Dérouler seulement la chronologie des combats demeure bien insuffisant pour en comprendre les détails qui font pencher la décision d’un côté ou de l’autre. Le processus même de décision, la personnalité et la psychologie des acteurs – décideurs ou simples soldats noyés dans la masse – sont des angles de vue indispensables à la compréhension de l’Histoire, comme de l’actualité. Un défi relevé par ce cinquième numéro de Bataille de Normandie 1944 Magazine !
Normandie 1944 Magazine n°40 (Heimdal, 2021)
L’Histoire, un océan d’incertitudes… L’éditorial de ce quarantième numéro de Normandie 1944 Magazine rappelle fort à propos que dans ce domaine, la prudence est reine. Plus qu’abondamment documentée, l’historiographie de la Seconde Guerre mondiale de ses origines à ses conséquences évolue constamment dès lors que la prise de recul permet de s’affranchir des clichés, de l’héritage des propagandes respectives, des mémoires pro domo d’un certain nombre de responsables, de découvrir de nouvelles archives publiques ou privées. Il est cependant nécessaire de toujours revenir aux faits, d’analyser les dits et les non-dits, et surtout d’être précautionneux quand il s’agit d’ébranler quelques certitudes. Ainsi, « l’implication pour la victoire alliée de nombreux généraux allemands » ne peut être donnée pour acquise (cf. Le Mur de l’Atlantique et le « complot pour la paix » in 39/45 Magazine n°355 et la rubrique « Bibliothèque » dans Normandie 1944 Magazine n°31). Des erreurs et des querelles d’ego ne peuvent s’apparenter à une volonté délibérée de favoriser la défaite de son propre camp. Idem pour la phrase « l’Allemand et l’Untermensch, encore un cliché : la Wehrmacht et la Waffen-SS ont largement ouvert le recrutement aux citoyens soviétiques ». La nécessité de trouver des hommes pour le front comme pour les usines afin d’alimenter la machine de guerre ne peut masquer le sentiment de supériorité qui anime globalement l’armée allemande de l’époque au niveau tant individuel que collectif (voir notamment Être soldat de Hitler). Au point de sous-estimer en permanence ses adversaires, d’être incapable de valoriser ses alliés et de rater bon nombre d’opportunités de « gagner les cœurs » auprès des populations dans les pays occupés. Sans parler d’une litanie d’atrocités. Bref, à tout point de vue, il faut se préserver de jugements binaires et provocants au risque d’occulter la subtile complexité du fond.
The Folly of Generals, How Eisenhower’s broad front lengthened World War II (Casemate, 2021)
Les erreurs et retard alliés durant les opérations à l‘Ouest en 1944 et 1945 font régulièrement débat. Le sujet n’est pas nouveau, il commence même à germer quand les combats sont encore en cours ! En témoignent les crises relatives à la stratégie de Bernard MONTGOMERY en pleine bataille de Normandie. Certaines erreurs ou certains ratés restent gravés dans les mémoires comme le fait de ne pas boucler hermétiquement la poche de Falaise ou l’opération Market-Garden… Et si ces échecs, retentissants pour certains, n’étaient cependant pas les plus importants ?
La bataille de Normandie (Ouest-France, 1994)
Réalisé en partenariat avec le Mémorial de Caen et écrit par Eddy FLORENTIN, ce petit fascicule broché de trente-deux pages format A5 procure un résumé limpide de la bataille de Normandie, bien plus rigoureux et synthétique que nombre d’ouvrages et articles plus contemporains (voir par exemple Normandie, la bataille – 6 juin / 12 septembre 1944). Le texte ne vieillit pas. Seule la forme peut sembler quelque peu figée comparée à des maquettes plus dynamiques et colorées. Encore qu’elle reste très lisible.
Les divisions du Débarquement (Ouest-France, 2014)
C’est une approche originale et vivante du Débarquement et de la bataille de Normandie que propose ce livre destiné au grand public. En effet, il combine fort astucieusement les divisions engagées (mais pas seulement) par les deux camps et le récit chronologique, le tout bien illustré de reproductions d’objets et d’uniformes d’époque positionnés sur mannequins fixes tels qu’on peut les admirer dans les musées, à défaut de pouvoir pénétrer dans les collections privées. Une façon de lier les hommes aux événements à la fois par leurs unités mais aussi par le tenu. Très bien vu.
Sur les traces du I. SS-Panzerkorps de la Normandie aux Ardennes (Weyrich, 2020)
Le sujet est alléchant car il couvre un épisode assez peu traité par l’historiographie habituelle et pourtant crucial pour comprendre les conditions du repli allemand après la poche de Falaise/Trun/Chambois. Dans Mook 1944 hors-série n°1, un petit article entre-ouvre déjà une porte sur les combats menés par le I. SS.Panzer-Korps sur la Meuse lors du repli consécutif à la bataille de Normandie. Sur un peu plus de cent-vingt pages, Hugues WENKIN réussit à rendre vivant et intelligible cet épisode malgré des archives lacunaires compte tenu de la situation militaire des Allemands à ce moment-là.
Ligne de Front n°85 (Caraktère, 2020)
La poche de Falaise, succès défensif allemand, victoire totale alliée ou occasion manquée ? Depuis quelques décennies et plus particulièrement depuis la publication de The Battle of the Generals, the untold story of the Falaise pocket, the campaign that should have won World War II de Martin BLUMENSON, il est de bon ton de critiquer la victoire alliée. En fait, la poche de Falaise/Trun/Chambois est l’archétype d’une bataille qui peut être perçue différemment selon l’angle de vue adopté et la champ chronologique pris en compte. Surtout quand la suite est connue. Franck SEGRETAIN a donc le mérite de remettre quelque peu les pendules à l’heure…
Batailles n°70 (Ysec Médias – juin/juillet 2015)
Sommaire :
– Agenda
– Mike JACKSON & Robert LE CHANTOUX, La T Force au sein du 21e groupe d’armées, in Bataille n°70, Ysec Médias, juin 2015, texte, photos N&B et couleurs [Seconde Guerre mondiale, Batailles, Allemagne 1944/1945, Kiel 1945, Danemark 1945, Unités, Armée britannique, T Force, Guerre secrète]
– Philibert de LOISY, 1942-1944, la renaissance de l’armée française (2ème partie), in Bataille n°70, Ysec Médias, juin 2015, texte, photos N&B [Seconde Guerre mondiale, Unités, Armée française, Forces Françaises Libres FFL]
– Ludovic FORTIN, Quels Panzer à l’automne 1944 ?, in Bataille n°70, Ysec Médias, juin 2015, texte, photos N&B [Seconde Guerre mondiale, Matériels, Chars, Armée allemande, Wehrmacht, Arme blindée allemande, Panzerwaffe, Panzer V Panther, Panzer VI Ausf. B Tiger II, Panzer IV, Panzer IV/70 (A), Panzerjäger Marder III, Panzerjäger Nashorn, Jagdpanzer V Jagdpanther, Jagdpanzer VI Jagdtiger, Sturmgeschütz StuG III, Sturmpanzer IV Stupa, Sturmpanzer VI Sturmtiger, Flakpanzer 38(t), Flakpanzer IV Möbelwagen, Flakpanzer IV Ostwind, Flakpanzer IV Wirbelwind, Blindés, Blindés allemands, SdKfz 250, SdKfz 251, SdKfz 234/2 Puma]
– Yves BUFFETAUT, Les tactiques de l’Armée Rouge, in Bataille n°70, Ysec Médias, juin 2015, texte, photos N&B, profils couleurs [Seconde Guerre mondiale, Unités, Armée Rouge, Armée russe]
– Yves BUFFETAUT, Les as des U-Boote, in Bataille n°70, Ysec Médias, juin 2015, texte, photos N&B, profils couleurs [Seconde Guerre mondiale, Atlantique 1939/1945, Armée allemande, Marine allemande, Kriegsmarine, Guerre sous-marine, Biographies, Günther PRIEN, Joachim SCHEPKE, Otto KRETSCHMER, Wolfgang LÜTH, Erich TOPP, Heinrich LEHMANN-WILLENBROCK]
– Yves BUFFETAUT, Les chasseurs bombardiers de Patton, in Bataille n°70, Ysec Médias, juin 2015, texte, photos N&B, profils couleurs [Seconde Guerre mondiale, Batailles, Ouest 1944/1945, Normandie 1944, Normandie 1944 Opérations aériennes, Bretagne 1944/1945, Poche Falaise/Trun/Chambois 1944, 3rd US Army, XIX US Tactical Air Command]
– Yoann MARLIERE, La libération de Saint-Malo, in Bataille n°70, Ysec Médias, juin 2015, texte, photos N&B, profils couleurs [Seconde Guerre mondiale, Batailles, Ouest 1944/1945, Bretagne 1944/1945, Saint-Malo 1944]
– Yves BUFFETAUT, Les avions allemands du Battle of Britain Museum, in Bataille n°70, Ysec Médias, juin 2015, texte, photos couleurs [Seconde Guerre mondiale, Musées, Musée Hendon Battle of Britain Museum]
Recension :
Avec ce numéro, et en attendant une formule entièrement nouvelle, le magazine Batailles revient à son positionnement de ses tous débuts, à savoir « l’histoire militaire du XXème siècle ». Le sommaire reste encore exclusivement consacré à la Seconde Guerre mondiale mais dépasse le strict cadre du Jour-J à la Victoire. La maquette est celle inaugurée lors du transfert du magazine des Editions Histoire & Collections à Ysec Médias. Toujours très classique, épurée et très aérée.
Le menu allie sujets classiques et aspects inédits ou peu connus.
Dans le domaine ultra classique, ce numéro de Batailles passe en revue les Panzer de l’automne 1944, à savoir Le PzKpfw VI Ausf. B Tiger II, le PzKpfw V Panther, le PzKpfw IV, le PzKpfw IV/70 (A), les différentes versions de chasseurs de chars, de chars antiaériens (Flakpanzer) et les blindés d’accompagnement comme les SdKfz 250 et 251 ainsi que SdKfz 234/2 Puma. Rien de bien nouveau dans l’article qui décrit les principaux matériels mais ne fait qu’effleurer les contraintes industrielles, technologiques et opérationnelles.
Tout aussi classique, mais bien moins abordé quand même dans la presse, un article présente six des plus grands as de la U-Bootwaffe, l’arme sous-marine allemande. Les informations sont cependant désormais assez accessibles sur le Web.
Idem pour l’article sur la bataille de la libération de Saint-Malo.
Plus originaux, trois articles abordent les armées françaises, soviétiques et américaines. Le premier est le second volet sur la renaissance des forces tricolores après la défaite de 1940 et la montée en puissance de FFL. A noter le chiffre des 33 000 évadés par l’Espagne, dont les deux tiers s’engagent et plus de 40% donnent leur vie pour la Patrie au cours des combats de la Libération. Le second article balaye les principales caractéristiques de l’Armée Rouge et son évolution des purges staliniennes à la victoire : concept de bataille en profondeur, pragmatisme, attaque, forcement des rivières, infanterie, chars et artillerie. Le contenu demeure très général, basé sur des notes alliées de 1944. Le sujet mériterait d’être creusé, car l’Armée Rouge reste encore un sujet à découvrir. Le troisième se concentre sur l’appui tactique aérien de la 3rd US Army de Patton au débouché de la Normandie en août 1944. A une présentation raide succède une chronologie des principaux évènements qui lie à la fois les opérations terrestres, aériennes et logistiques.
Bien plus originale, une étude sur la T Force britannique présente cette unité ad hoc, contribution de la Grande-Bretagne à la récupération du savoir-faire et des technologies mises en oeuvre par le III. Reich. Créée tardivement, les prises n’ont pas été aussi célèbres que celles de leurs homologues américains. Mais cette initiative méritait d’être mise en lumière !
Le numéro contient quelques profils couleurs et un organigramme sommaire des chars d’un régiment d’une brigade blindée indépendante de l’Armée Rouge.
Sur la même étagère… :
www.3945km.com – Des origines aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale, un siècle d’histoire militaire planétaire !