Un numéro dense et passionnant, riche en thèmes !
Présentation et recension :
Des origines aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale
La bataille des Ardennes est avec celle de Normandie l’une des pages de la Seconde Guerre mondiale qui génère le plus de littérature. Pourtant, quantité ne rime pas forcément avec qualité et exhaustivité. C’est bien ce que démontre son historiographie construite sur un cheminement similaire à celle des campagnes menées par les Alliées occidentaux contre le Troisième Reich et ses alliés. Une élaboration qui influe directement sur son contenu et qui nécessite plusieurs décennies pour voir les perceptions progressivement évoluer.
Premier jeu de simulation (wargame) sur carte avec hexagones et pions de la Battalion Combat Series de Multi-Man Publishing (MMP) The Gamers, Last Blitzkrieg permet de rejouer la contre-offensive allemande dans les Ardennes avec un niveau de réalisme rarement atteint. Comme son titre le laisse supposer, il se concentre uniquement sur la phase offensive allemande et n’aborde que la période du 16 au 31 décembre 1944. Les combats les plus denses autour de Bastogne ainsi que la contre-attaque généralisée alliée à partir du 3 janvier 1945 ne sont donc pas représentés ici.
Il existe déjà beaucoup de jeux qui simulent cette bataille, avec cependant des niveaux de détails très différents. Entre Battle Of the Bulge d’Avalon Hill et A Time for Trumpets de GMT, l’écart est déjà important. Mais entre Last Blitzkrieg et les autres, il est colossal ! Pas tellement au niveau de la finesse de représentation des unités, mais des mécanismes de jeu qui simulent à la fois les aléas (SNAFU) et une certaine inertie liée aux ordres reçus qui demandent du temps avant d’être modifiés.
Après avoir détaillé les combats sur l’Our durant les deux premiers jours de la contre-attaque allemande dans les Ardennes en décembre 1944, Hugues WENKIN continue de revisiter l’approche historique de cette bataille en se penchant cette fois-ci sur l’avance de la 5. Panzer-Armee, et plus particulièrement des 2. Panzer-Division et 130. Panzer-Lehr-Division, jusqu’en vue de la Meuse à Dinant. Les événements décrits couvrent la période du 18 au 24 décembre 1944.
Comme dans le premier volume, le lecteur voit quelques unes de ses certitudes parfois ébranlées s’il ne connait que la version officielle américaine aux accents hollywoodiens. Bastogne apparait comme jouant un indirect dans l’arrêt de l’offensive allemande tandis que les Britanniques y voient au contraire leur apport réévalué.
La confluence perpendiculaire de deux rivières, le tout encaissé par quatre massifs escarpés, n’aide pas Trois-Ponts à se préserver des combats en ce mois de décembre 1944 alors que se profile l’opération Wacht am Rhein / Herbstnebel… Coûte que coûte, la Kampfgruppe Peiper tente de forcer le passage vers la Meuse par la vallée de l’Amblève qui suit un axe d’Est en Ouest. Tandis que la Salm, sur un axe remontant du Sud au Nord, barre potentiellement le passage de l’aile gauche de la 6. Panzer-Armee condamnée à glisser le long des Hautes Fagnes faute de parvenir à forcer leur passage.
Il ne faut pas s’arrêter aux apparences. Si ce numéro de Batailles & Blindés semblent brasser beaucoup de sujets ultra classiques de la Seconde Guerre mondiale en Europe, il met le doigt sur ce qui fait la différence entre perceptions et réalités…
Dans la très grande majorité des publications qui lui sont consacrées, la bataille des Ardennes ne semble ne durer qu’une dizaine de jours, du 16 décembre 1944 (date du déclenchement de la contre-offensive allemande) au 26 décembre 1944 quand la 4th US Armored Division rétablit la liaison avec la garnison encerclée de Bastogne. Un tel prisme fait oublier que les combats pour le saillant durent encore un mois et sont particulièrement sanglants. D’ailleurs, sur cette période, plusieurs unités américaines connaissent leur baptême du feu dans des conditions extrêmes. Parmi celles-ci, la 17th US Airborne Division, autre division aéroportée alliée (avec les 82nd US Airborne Division, 101st US Airborne Division et 6th Airborne Division) appelée à la rescousse faute de réserves disponibles pour contrecarrer la menace allemande…
Il représente l’un des sujets les plus rebattus de l’historiographie de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Il combine plusieurs centres d’intérêt des lecteurs : Panzerwaffe, Waffen-SS, la contre-attaque de Kharkiv au printemps 1943, Koursk, la Normandie, Market-Garden, les Ardennes… Bref une vache à lait éditorial quasi assurée. Qui ? Le SS-Panzer-Korps renommé ensuite II. SS-Panzer-Korps ! Batailles & Blindés lui consacre ainsi un numéro hors-série complet…
Décidément, la contre-offensive allemande des Ardennes réserve encore bien des surprises. Pour compléter l’excellente étude parue dans Ligne de Front n°90 à propos de l’opération Wacht am Rhein / Herbstnebel, les Editions Caraktère publient cette fois dans Aérojournal un article très étoffé sur les combats aériens du 17 décembre 1944. Le ciel s’éclaircit quelque peu au-dessus du champ de bataille. L’aviation alliée intervient déjà en force, ce qui cause quelques tracas à la Kampfgruppe Peiper. Les Allemands ne déclenchent pas l’opération Bodenplatte, mais ils interviennent aussi massivement que les conditions météorologiques le permettent. Au sol comme sur les airs, la surprise est totale…
Contemporain des albums historiques consacrés à quelques divisions blindées allemandes bien connues, le livre de Jean-Claude PERRIGAULT reste unique plus d’un quart de siècle après sa sortie. En effet, il rassemble à peu près toutes les photos des archives qui sont consacrées à la 130. Panzer-Lehr-Division et propose un historique assez complet aux lecteurs francophones.