Normandie 1944 Magazine n°48 (Heimdal, 2023)

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Et revoilà le fameux complot pour la paix ! Pour les lecteurs qui n’ont pas suivi, cela fait suite à plusieurs éditoriaux et articles parus dans 39/45 Magazine n°355, Normandie 1944 Magazine n°31 et n°47 (ce dernier à l’occasion de la recension de Combattre en dictature). Cette fois, le récit des dernières heures d’Erwin ROMMEL en Normandie avant sa blessure lors du straffing de sa voiture donne à Georges BERNAGE l’opportunité de l’évoquer dans son éditorial…

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Présentation

Complot pour la paix, attentat du 20 juillet 1944, un sabotage généralisé des états-majors allemands face à l’invasion alliée ?

Pour reprendre le fil, le “complot pour le paix” explique que plusieurs personnalités allemandes impliquées dans la tentative d’attentat contre Adolf HITLER cherchent également à saboter les efforts face aux Alliés afin de favoriser une paix séparée. Cette présentation s’appuie d’abord sur le témoignage de Gerhard von SCHWERIN alors à la tête de la 116. Panzer-Division qui explique le retard de l’engagement de son unité en Normandie par le besoin de la préserver pour appuyer le coup d’état. Elle s’explique également par l’engagement d’un certain nombre de responsables militaires haut placés, dont Hans SPEIDEL, chef d’état-major de la Heeresgruppe B, puis par le fait qu’Erwin ROMMEL soit forcé de suicider en raison de son évocation par plusieurs conjurés arrêtés et torturés.

Il y a cependant un pas entre l’éditorial de Georges BERNAGE (fervent promoteur de cette théorie) et le texte de Hugues WENKIN dans son article. Ce dernier souligne ainsi les doutes exprimés par Erwin ROMMEL sur la situation militaire dans son courrier adressé au Führer deux jours avant son déplacement en première ligne qui lui vaut sa blessure. Il évoque également quelques témoignages après-guerre. Rien de très affirmatif qui permette de conclure que ROMMEL est formellement au courant des projets d’attentat et qu’il y apporte son plein soutien.

Bref, le mystère demeure toujours entier. On peut toujours arguer que les preuves ont été détruites pour ne pas tomber dans les mains des enquêteurs à la recherche des comploteurs pour les massacrer, qu’il était de mauvais ton après-guerre de sous-entendre qu’on avait joué contre son camp durant les combats. Mais jusqu’à preuve du contraire, il n’y a aucun élément solide attestant d’un réel complot pour faire la paix de façon séparée avec les Alliés occidentaux, ce qui est d’ailleurs illusoire d’espérer, ni d’un quelconque sabordage des efforts défensifs en témoigne le succès relatif face à l’opération Goodwood le lendemain du mitraillage aérien de la voiture de ROMMEL et les efforts de ce dernier dans les six mois précédents l’invasion pour secouer les troupes en charge de la garde à l’Ouest.

Cela dit, faute de certitude, il est nécessaire de creuser différents aspects avec la difficulté de manquer de sources et de témoignages fiables. L’impact du complot sur la conduite des opérations militaires n’a jamais été vraiment étudié et il parait normal qu’il en est eu un, ne serait-ce que par le temps consacré qui n’est pas utilisé à autre chose.

L’article apporte cependant des informations intéressantes sur l’attaque elle-même et les soins apportés ensuite.

Des parachutistes plutôt égarés loin de leur point de chute…

Si la dispersion des parachutistes américains largués sur le Cotentin est bien connue, celle touchant les britanniques et canadiens l’est moins. C’est notamment le cas de ce stick du 1st Canadian Parachute Battalion affecté à la 6th Airborne Division qui se retrouve atterrir près du Havre, à une cinquantaine de kilomètres de son point de chute prévu…

Les hommes de la 17. Luftwaffen-Feld-Division capturent immédiatement les Canadiens isolés et déplorant déjà des morts. Le groupe de captifs fait ensuite l’objet de plusieurs reportages photos pour les besoins de la propagande allemande.

Toujours intéressant, l’article consacre plusieurs lignes et illustrations à l’après-capture ou l’après-décès à une époque où les informations prennent du temps à circuler laissant ainsi les proches dans l’expectatives de la situation de ces hommes.

Une telle erreur de largage combinée aux différentes actions alliées destiner à amplifier le brouillard aux yeux des Allemands créé déjà à cette époque des suspicions sur l’intentionnalité de la confusion. Les parachutistes américains en seront bien plus victimes que les Britanniques et Canadiens (voir par exemple l’exemple de Graignes dans 39/45 Magazine hors-série Historica n°95).

Un nouveau musée !

Si certains musées ferment leurs portes, d’autres voient le jour. C’est ainsi que Normandie 1944 Magazine nous emmène dans le château de Franquetot, connu pour avoir abrité le quartier-général du général COLLINS alors en charge du VII US Corps à qui revient d’ailleurs la charge de percer le front allemand lors de l’opération Cobra.

Georges BERNAGE saisit cette occasion pour partager quelques commentaires architecturaux et clichés des salles où les mannequins redonnent vie au lieu, à l’image de celui du Dead Man’s Corner (D-Day Experience) qui fut également un poste de commandement pour le compte cependant du Fallschirmjäger-Regiment 6 et du Major von der HEYDTE.

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Autres destins allemands

Outre l’article sur Erwin ROMMEL, ce numéro propose deux autres articles ciblés sur le camp allemand. Frédéric DEPRUN poursuit son étude du parcours d’une batterie de Wespe de la 9. SS-Panzer-Division (suite des numéros 34 et 36) en Normandie et particulièrement des combats sur Chênedollé à la sortie de la poche de Falaise, puis du franchissement de la Seine avant de rejoindre la région d’Arnhem. Afin de densifier son récit, l’auteur évoque également les souvenir d’un équipe de Panther de la même division.

L’autre article retrace le parcours de Hans HÖLLER qui vient de s’éteindre en 2022 à l’âge de 102 ans. Ce vétéran de la 21. Panzer-Division dont le témoignage figure parmi les plus connus côté allemand (voir notamment l’album de Jean-Claude PERRIGAULT consacré en 2002 à cette unité) mérite une attention, certes pour son engagement en Normandie, mais également pour l’ensemble de son parcours. Autrichien d’origine, il partage sans fard son exaltation au moment de l’Anschluss. Il traverse la guerre en rejoignant la 33. Infanterie-Division qui se transforme alors en 15. Panzer-Division pour prendre la direction de l’Afrique du Nord. Plusieurs fois blessé, rapatrié avant la chute de la Tunisie, il reprend donc du service avec la 21. Panzer-Division avec laquelle il combat face à l’invasion alliée et finit par être capturé par la 2ème Division Blindée près de Baccarat en Lorraine.

Point commun à ces deux articles, les pages et les illustrations liées à l’après-guerre sont passionnantes. A l’instar de la phase de nettoyage des champs de bataille, la vie des vétérans, leur retour à la vie civile, l’animation des associations d’anciens méritent une bien meilleure attention de la part de l’historiographie. Côté allemand, cet exercice permettrait également de mieux comprendre comment se forge un certain nombre de mythes qui collent à la Wehrmacht, même encore maintenant et surtout comment les générations de la guerre se sont organisées pour revivre et reconstruire une image leur permettant de s’affranchir des crimes du régime nazi sans forcément réellement renier leurs convictions d’alors, laissant ainsi la responsabilité aux générations suivantes de rompre avec un certain compromis, voire compromission, avec le passé imprégnant profondément l’historiographie pendant plusieurs décennies.

Voir aussi…

Sommaire

Thèmes abordés

Caractéristiques

  • Nombre de pages : 96
  • Langue : Français
  • Couverture : souple
  • Reliure : collée
  • Dimensions : 21 x 29,7 cm
  • Prix conseillé France à la date de parution : 12,50 € TTC

Historique de la page

  • Dernière mise à jour : 19/08/2023
  • Création : 18/08/2023

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