Le sommaire de ce numéro de LOS ! s’article autour de cinq articles principaux, bien travaillés et pointus, tout en étant particulièrement accessibles. Plus que le récit des seules combats sur et sous les mers, ils permettent de faire un lien étroit entre technologie, doctrine, stratégie et mise en œuvre. Le tout sur un espace temps qui couvre deux siècles !
Présentation
Les débuts de la marine israélienne
Hasard du calendrier, l’article sur les premiers pas de la marine israélienne au moment de la création de l’Etat hébreu parait concomitamment à l’agression terroriste du Hamas contre des civils du 7 octobre 2023 et à la riposte musclée habituelle qui s’en suit.
L’introduction du texte de Xavier TRACOL permet de replonger dans les méandres qui président à la création d’Israël et à la genèse de ses premières unités, équipées initialement par les Britanniques dans le cas où la guerre en Afrique du Nord aboutit à la chute de l’Egypte et permette aux Allemands et Italiens de s’engouffrer jusqu’en Palestine.
La Seconde Guerre mondiale terminée, les intérêts divergent et les Britanniques sont contraints d’évacuer la Palestine pour laisser place à la création d’Israël qui aboutit immédiatement au premier conflit d’une longue série avec les pays arabes. A l’époque, les jeunes forces armées de Tsahal font feu de tout bois pour récupérer de l’armement et du personnel expérimenté. Les premières ailes d’Israël raconte ainsi l’histoire extraordinaire et haletante de ses premiers appareils et pilotes.
Ici, c’est un peu la même chose, mais côté marine avec la récupération de quelques canots italiens MTM. Après quelques adaptations et avoir repensé leur emploi, ils réussissent un premier coup de maître à El-Magdel contre les Egyptiens en 1948. Quelques années plus tard, lors de la guerre du Kippour, les Israéliens mènent un raid à Hurghada…
Les croiseurs japonais, entre stratégie, tactique, technologies, capacités industrielles et contraintes diplomatiques
Le dossier central du numéro offre l’occasion de comprendre les choix opérés par la marine nippone durant l’entre-deux-guerres, entre les leçons tirées au début du siècle et l’arrivée des porte-avions. A l’instar des Allemands, les Japonais privilégient la recherche de la bataille décisive. Reste à permettre sa réalisation, c’est à dire de posséder la bonne doctrine et les matériels associés. L’équation possède dans ce cas quatre variables : le canon, la torpille, les moyens de reconnaissance et l’avion qui s’invite sur le tard.
Si le hors-série n°19 consacré à la marine japonaise permet de comprendre la stratégie et le cheminement des velléités expansionnistes nippones en Asie puis dans le Pacifique, ce dossier donne des clefs de compréhension des résultats obtenus et des choix faits au cours de la Seconde Guerre mondiale. On notera également la mention faite des wargames et exercices réalisés durant l’entre-deux-guerres pour peaufiner les choix que la réalité validera ou pas…
Sans rentrer dans le détail des affrontements (voir par ailleurs la bible sur le sujet qu’est l’ouvrage de Pascal COLOMBIER Les grandes batailles navales et aéronavales de la guerre du Pacifique chez Caraktère), l’article survole également les combats auxquels participent les croiseurs japonais tout au long de la Seconde Guerre mondiale dans le Pacifique (Java 1942, Ceylan 1942, Midway 1942, Guadalcanal 1942/1943, Salomon 1942/1945, Santa Cruz 1942, Attu/Komandorski 1943, Philippine 1944/1945, Mariannes 1944) en insistant sur le rôle qu’ils y jouent.
Le tout possède bien entendu une belle iconographie avec des clichés originaux et de superbes vues en 3D auxquelles il ne manque que des vues des coursives et de l’intérieur des navires. Un petit chapitre revient également sur l’efficacité et la performance des torpilles dont notamment la Long Lance.
Jeune Ecole contre Ecole Historique à l’heure de la bascule industrielle et du changement de hiérarchie des adversaires militaires de la France
Il n’y a pas que dans le domaine des armements terrestres et aériens qui connaissent des débats homériques entre partisans de telle ou telle solution, surtout quand l’environnement technologique et géopolitique évolue de façon notable.
L’arrivée de l’acier, de la vapeur et de la torpille bouleverse la stratégie maritime tout au long du XIXème siècle. Cette phase de profondes mutations questionne naturellement les stratégies et tactiques à mettre en œuvre dans ces environnements changeants.
Dans un article particulièrement limpide, Pierre ILTIS parvient à narrer et expliquer avec beaucoup de pédagogie les tenants et aboutissants ainsi que les conséquences qu’engendre la lutte qui oppose la Jeune Ecole aux tenants des gros bateaux et gros canons. Une histoire d’hommes, et donc d’ego et de lutte d’influence, de gros sous, de priorités budgétaires et géopolitiques, d’influences politiques et idéologiques. Là aussi, l’iconographie composée exclusivement de photos d’époque donne à voir des clichés peu courants dont il faut souligner la qualité compte tenu de leur âge.
Un peu de technologie…
Ce numéro possède également un très bel article sur les moyens de détection employés sous les mers, là où le radar ne va pas. Si la Seconde Guerre mondiale voit se généraliser la détection hydroacoustique (ASDIC, Sonar) et la mise en place de la détection des champs magnétiques, les limites de son emploi et les progrès en termes de furtivité nécessitent tout au long de la Guerre froide de développer de nouveaux moyens. Certains restent assez classiques comme les stations d’alerte avancés (SOSUS) et les bouées acoustiques, d’autres innovent beaucoup plus comme la détection de sillage. L’apparition des satellites d’observation et les progrès de leurs capacités permettent d’ajouter un nouveau moyen de détection aux autres.
Face à l’expansion des capteurs et des outils dans un environnement particulièrement complexe, le traitement de la donnée devient rapidement un point bloquant pour pouvoir s’en servir efficacement. L’informatique et la puissance de calcul deviennent alors des éléments indispensables sans quoi les données récoltées ne serviraient pas à grand chose.
L’approche et la forme permettent de fournir un panorama limpide des moyens et de leurs fondements scientifiques et technologiques, tout en restant accessible au grand public. Bravo pour l’exercice. Il ne reste plus qu’à revisionner A la poursuite d’Octobre rouge, à relire quelques classiques de Tom CLANCY ou tout simplement les quelques numéros consacrés à la Guerre froide par LOS !
Conclusion
En complément de ces articles principaux, il faut également souligner la qualité de celui sur la disparition et les recherches du sous-marin Minerve.
Avec ce numéro, LOS ! réussit donc une fois de plus à surprendre, à créer de la curiosité et surtout à éviter de la répétition. La volonté d’aller largement en amont et en aval de la Seconde Guerre mondiale n’y est certainement pas pour rien, le tout permettant de se ménager un large spectre éditorial de deux siècles. De quoi ménager un vaste champ d’exploration d’autant plus que l’actualité navale ne reste pas inerte entre l’arrivée massive des drones et des tensions aéronavales qui sont de retour sur toutes les mers du globe. Et de quoi presque laisser de côté la reproduction de billets disponibles par ailleurs gratuitement sur internet – neuf pages quand même…
Voir aussi…
Sommaire
- En bref
- Xavier TRACOL, Quand Israël utilisait des canots explosifs italiens, aux origines de la Shayetet 13 (8 pages)
- Pascal COLOMBIER, Les croiseurs japonais au combat, tactiques & matériels (20 pages)
- Xavier TRACOL, Comment repérer un sous-marin en plongée ? La détection ASM en six leçons (18 pages)
- Pascal FRANCQUEVILLE, Le naufrage de la Minerve, un mystère toujours non résolu (9 pages)
- Pierre ILTIS, Gloires et déboires de la Jeune Ecole, quand la France délaissa trop tôt le cuirassé (10 pages)
- Salim HAFIK, Suborama, Norvège (2ème partie) (2 pages)

Caractéristiques
- Nombre de pages : 82
- Langue : Français
- Couverture : souple
- Reliure : agrafée
- Dimensions : 21 x 29,7 cm
- Prix conseillé France à la date de parution : 7,80 € TTC
Historique de la page
- Création : 01/11/2023