Ligne de Front hors-série n°49 (Caraktère, 2023)

Home » Magazines et périodiques » Ligne de Front » Ligne de Front numéros hors-série » Ligne de Front hors-série n°49 (Caraktère, 2023)

Guerre froide ou Troisième Guerre mondiale ? Pour aider à trouver la désignation correcte, Ligne de Front propose un hors-série qui fournit un aperçu de toute l’étendue et de toute l’intensité de ce conflit planétaire et spatial sur plus de quarante ans…

Publicités

Présentation

Le retour de la Guerre froide !

L’invasion de l’Ukraine par la Russie à partir du 24 février 2022 accélère des tensions internationales de plus en plus persistantes avec cette dernière depuis 2014. La multiplication des sanctions, l’accélération de l’appui militaire à l’Ukraine et la montée des tensions entre l’OTAN et la Russie renvoient indubitablement à l’imaginaire de la Guerre froide. Cette période, déjà régulièrement présente dans les magazines des Editions Caraktère depuis l’origine, revient cependant en force depuis 2022 dans les publications destinées au grand public. En témoignent ainsi la sortie récente de LOS ! hors-série n°32 et plusieurs articles consacrés à des matériels ou des affrontements de la période 1945/1989. Au tour de Ligne de Front de s’emparer de nouveau d’une guerre où Russie et Etats-Unis s’opposent plus ou moins directement…

Qu’est-ce que la guerre ?

Le titre même du numéro instaure le débat. La Guerre froide est-elle une véritable guerre ou non ? Pour cela, il est indispensable de sortir des schémas traditionnels occidentaux de qualification d’un conflit armé pour se faire une idée.

D’ailleurs, l’écoute en préambule ou en conclusion de l’épisode du podcast le Collimateur animé par Alexandre JUBELIN recevant Béatrice HEUSER, auteure de War: A Genealogy of Western Ideas and Practices, est d’une grande utilité !

Le même podcast aborde également la façon de terminer une guerre. A rebours de certaines croyances, la Première Guerre mondiale ne s’achève pas le 11 novembre 1918 sauf peut-être sur le front occidental. En Russie, dans les Pays baltes, en Pologne et même à l’intérieur même de l’Allemagne, sans parler du Front d’Orient, les réminiscences du conflit se poursuivent encore plusieurs années. Idem à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Si les combats se terminent à l’Ouest le 8 mai 1945, des heurts se poursuivent, bien sûr d’intensité moindre, dans les pays nouvellement soumis au joug soviétique mais également dans les forêts baltes et ukrainiennes.

Guerre froide ou chaude ?

Le numéro rappelle les origines des tensions entre Alliés qui ne débutent pas exactement en 1945. Les deux systèmes qui s’opposent sont en effet idéologiquement totalement différents. La méfiance est de mise.

Comme très souvent dans l’historiographie, le texte se contente de renvoyer dos à dos les deux puissances gagnantes de la lutte à mort contre le Troisième Reich. Sauf, que les Etats-Unis et l’URSS ne se retrouvent pas face à face en 1945 pour des raisons identiques. L’URSS impose une volonté hégémonique visible et affirmée dès 1939 avec des moyens qui s’apparentent à ceux déployés par le régime nazi : agressions militaires, menaces, déportations, extermination des opposants, etc.

Le pacte germano-soviétique permet ainsi aux deux dictatures de s’accorder sur un certain partage et de se renvoyer l’ascenseur. Ainsi, en 1939 et 1940 seuls trois pays en Europe mènent une politique agressive d’extension : l’Allemagne, l’Italie et l’URSS. Le retournement d’alliance suite à l’opération Barbarossa et la victoire des Alliés sur le Troisième Reich permettent à STALINE de reforger l’histoire à son avantage et de consolider les gains obtenus dès 1939. Les retards dans la progression alliée en 1944 et 1945 lui permettent même de s’emparer d’un butin plus important que celui initialement prévu.

De leur côté, les Etats-Unis se retrouvent en Europe non par volonté initialement hégémonique mais pour venir au secours de leur allié britannique et plus globalement des démocraties européennes, même s’il faut l’attaque de Pearl Harbor pour permettre aux Américains de s’engager pleinement dans le conflit contre le Troisième Reich qui prend l’initiative de leur déclarer la guerre.

Si bipolarisation il y a en effet, elle ne résulte donc pas des mêmes motifs pour chacun des protagonistes et il est toujours dommage de ne pas revenir plus en arrière, même si comme souligné dans la conclusion, l’absence d’accès aux archives soviétiques ne permet pas d’écarter une hypothèse ou l’autre. Au même titre que pour les relations entre Islam et Occident, la question de l’idéologie n’explique pas tout car elle se double, et se confond, avec des intérêts de rayonnement régional, de volonté de puissance et de rivalités entre acteurs.

Equilibre de la terreur

Le risque nucléaire permet cependant au conflit de rester sous le seuil de la haute intensité afin de ne pas se transformer en un brasier généralisé.

Faute de pouvoir s’affronter directement et frontalement, les deux super puissances cherchent alors à utiliser tout le globe terrestre, et son espace autour de lui, pour prendre l’avantage sur l’autre. La Guerre froide devient donc un conflit encore plus mondial et multi-dimensionnel que les précédents.

Structuration

A la différence de LOS ! hors-série n°32 qui colle à une approche chronologique et séquentielle, ce numéro opte pour une étude thématique.

Après la première partie introductive, la seconde, et de loin la plus importante en termes de pagination, se penche ainsi sur la multitude de conflits qui voient les deux grandes puissances s’affronter indirectement et avec un niveau d’implication officiel ou officieux plus ou moins élevé :

  • Le blocus de Berlin
  • La guerre de Corée
  • La crise de Cuba
  • Le Moyen-Orient
  • Le Vietnam
  • L’Afghanistan
  • L’Afrique et l’Amérique latine

Les parties 3 et 4 explorent la Guerre froide sous l’angle de courses et d’affrontements en coulisses plus ou moins discrets, mais qui tous, montrent un affrontement sans merci : espace, services secrets, sur ou sous les mers, dans les airs, diplomatie mais aussi d’un point de technologique et armements.

Conclusion

A côté des classiques que sont la Corée, le Vietnam, l’Afghanistan, le numéro aborde brièvement les luttes d’influence qui s’exercent sur d’autres zones géographiques : en Amérique latine et du Sud, en Afrique, au Proche Orient (ce qui n’est pas nouveau pour cette région déjà bien écartelée avant 1945 comme le montre si bien Le pont de la victoire, l’Iran dans la Seconde Guerre mondiale).

Dans la conclusion de l’étude théorique d’une attaque du Pacte de Varsovie contre l’Europe de l’Ouest et donc l’OTAN, il n’est cependant pas certain que le point de référence sois la Seconde Guerre mondiale uniquement. Le conflit en Ukraine apporte de ce point de vue là un champ d’analyse et de réflexion particulièrement utile malheureusement absent dans le chapitre consacré à 1984 (à la différence d’un comparatif heureusement beaucoup plus global dans la conclusion).

Original et bien vu, un chapitre se concentre la Guerre froide dans la culture populaire (cinéma, jeux). Cela dit le numéro reste assez disert sur les tentatives d’influence informationnelle et politique, ce qui présente pourtant une grande continuité avec l’actualité entre les actuels blocs, y compris entre alliés.

A côté des habituels composants de l’iconographie (clichés, profils couleurs cartes), quelques illustrations infographiques apportent d’utiles comparaisons, même si le concept peut être encore davantage poussé. Comme malheureusement trop souvent, les sources restent peu citées même si une bibliographie indicative en fin de numéro propose quelques ouvrages de référence sans que l’on sache quels sont ceux qui ont réellement influencé l’auteur, par ailleurs non précisé.

Les lecteurs intéressés par la période peuvent bien entendu lire ou relire les nombreux numéros des Editions Caraktère consacrés à des sujets liés à la Guerre froide. Sur la notion de guerre ou pas dans la pensée soviétique et russe, ils peuvent également se plonger dans le livre de Dimitri MINIC, Pensée et cultre stratégiques russes, du contournement de la lutte armée à la guerre en Ukraine.

Voir aussi…

Sommaire

Thèmes abordés

Afghanistan 1979/1989, Armes nucléaires américaines, Armes nucléaires soviétiques, Berlin 1948, Berlin 1961, Central Intelligence Agency (CIA), Corée 1950/1953, Cuba 1961, Guerre des Six Jours 1967, Guerre Froide 1945/1989, Iran 1979, Komitet Gossoudarstvennoï Bezopasnosti (KGB), US Navy, Voyenno Morskoy Flot (VMF), OTAN/NATO, Pacte de Varsovie, Conférence de Potsdam 1945, Vietnam 1955/1975

Caractéristiques

  • Nombre de pages : 98
  • Langue : Français
  • Couverture : souple
  • Reliure : collée
  • Dimensions : 21 x 29,7 cm
  • Prix conseillé France à la date de parution : 11,50 € TTC

Historique de la page

  • Dernière mise à jour : 15/07/2023
  • Création : 14/07/2023

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.