Présentation
L’invasion russe de l’Ukraine s’invite dans ce numéro avec certes quelques brèves d’actualités reproduites du site internet Zone militaire (six pages quand même), mais surtout un dossier au titre alléchant : le char est-il mort ? La polémique enfle en effet depuis l’échec de l’avance russe sur Kyiv et l’ampleur des pertes en blindés. Le débat agite régulièrement la toile et les réseaux sociaux avec quelques analyses à coup de longs fils sur Twitter.
Normal donc de se poser cette question quasi existentielle dans les pages de Batailles & Blindés !
Né et engagé pour la première fois au cours de la Première Guerre mondiale, le char gagne ses lettres de noblesse avec la Seconde en raison notamment de l’impact des succès allemands au tout début du conflit en Europe. Les versions qui sortent dans les derniers mois de la guerre ou qui se trouvent sur les planches à dessin des ingénieurs annoncent l’avènement du Main Battle Tank et plus généralement du champ de bataille moderne.
Loïc BECKER rappelle ainsi que dans la lutte éternelle entre l’armure et la cuirasse, le char voit annoncer sa mort à plusieurs reprises. Face aux missiles antichars filoguidés ou faute d’emploi évident avec l’avènement des conflits asymétriques de l’époque de la guerre globale contre le terrorisme de l’après 11 septembre 2001.
Si la conclusion peut, heureusement, rassurer les afficionados de chars et d’engins blindés, elle ouvre également des perspectives nouvelles avec l’usage des drones. Bref, l’histoire des chars n’est pas prête de s’arrêter. Il n’empêche qu’entre la Seconde Guerre mondiale et l’Ukraine, il existe encore un vaste récit à écrire qui jusqu’à présent n’a pas tellement rencontrée de succès auprès des auteurs et des lecteurs francophones. A tort d’ailleurs, car plus d’un siècle après son premier engagement opérationnel, le char reste encore une plateforme de combat indispensable au combat terrestre (de haute intensité ou pas), même si ses règles de conception et d’emploi évoluent.
L’article sur l’opération Just Cause au Panama propose un intéressant moment de lecture sur une action qui voit des moyens terrestres lourds et combinés américains intervenir. Si les déséquilibre des moyens ne laissent guère de doute sur l’issue militaire, l’analyse de l’engagement mérite en effet d’être approfondi. La taille du pays diffère bien entendu de celle de l’Ukraine et la défense panaméenne ne possède absolument pas le même calibre. Sauf que s’emparer d’un pays avec des moyens militaires aussi lourds nécessite de multiples conditions, y compris logistiques et politiques, difficiles à coordonner, ce qui peut entrainer sources de frictions et de dérapages.
Ce numéro reste encore bien peuplé des engins ornés de la Balkenkreuz puisque sur les cinq articles, ils tiennent le rôle principal pour quatre d’entre eux plutôt centrés sur la fin du conflit. La Panzerwaffe semble d’ailleurs à bout de souffle et bien loin de ses pages glorieuses. Le récit de la bataille de Mairy en Lorraine illustre parfaitement son effritement malgré des engins plutôt plus performants d’un point de vue protection et puissance de feu que ses adversaires. Franz BÄKE à l’instar de ses homologues également bardés de décorations issues des leurs heures de gloire ne peut faire de miracle.
Relativement peu connu, bien que déjà abordé dans d’autres publications (notamment 39/45 Magazine n°157/158 en 1999), l’épisode de l’engagement des Panzer VI Ausf. B de Panzer-Abteilung (FKL) 302 ayant appartenu à la 130. Panzer-Lehr-Division à Châteaudun bénéficie d’un traitement particulièrement qualitatif de Max STEIN auteur par ailleurs d’un livre référence sur la schwere Panzer-Abteilung 503 en Normandie. Au menu se trouvent bien évidemment les combats, mais aussi les particularités techniques de ces engins.
Mention spéciale pour l’article de Didier LAUGIER qui s’appuie sur le témoignage d’un homme de la Grossdeutchland qui appuie de son Sturmgeschütz (StuG) III les efforts des renforts envoyés pour tenter de contrecarrer l’opération Vistule-Oder qui fait exploser le front allemand en Pologne et en Prusse orientale à partir du 12 janvier 1945. L’aspect désespéré des engagements se ressent ainsi que le trouble qui s’abat sur les hommes issus des contrées conquises par l’Armée rouge.
Pour sortir des sentiers germaniques, il faut se rabattre sur l’article du 1er Lanciers belge sur la Lys qui rappelle que les combats de la campagne des dix-huit jours méritent d’être bien davantage traités dan les publications spécialisées.
Enfin, dans le domaine de la Seconde Guerre mondiale, ce numéro reproduit un extrait de l’ouvrage de Stephan CAZENAVE, Panzerdivision Frundsberg paru chez Maranes. Encore une fois, les heureux propriétaires de l’ouvrage doivent constater un énième doublon alors qu’une interview de l’auteur et une présentation de ses travaux pour aboutir à un tel ouvrage auraient intéressés tout le monde tout en conservant un pouvoir promotionnel bien compréhensible.
A la lumière de l’actualité ukrainienne, il faut également espérer que la logistique, le franchissement des coupures humides sans parler des appuis de toutes sortes remplissent enfin de façon conséquente les pages de ce beau magazine qui ne peut rester sur la Seconde Guerre mondiale avec les sempiternel récits des fauves germaniques et de leurs adversaires.
Voir aussi :
Thèmes abordés
Sommaire détaillé
- Actualités
- Camille VARGAS, Les journées de la chenilles, édition 2022
- Actualité du livre (Edouard Brémond l’anti-Lawrence d’Arabie, Le 40ème Régiment d’Artillerie, Cao Bang 1950, L’artillerie lourde sur Voie Ferrée française des origine à 1945, Göring “l’homme de fer”, Ils ont résisté à Hitler)
- Loïc BECKER, La bataille de Mairy, échec au docteur Bäke
- Max STEIN, Les Tiger II Ausf. B de la Panzer-Lehr, baroud d’honneur à Châteaudun
- Didier LOGIER, Les StuGe de la Grossdeutchland à Litzmannstadt, 1945, fin de partie à l’Est
- Loïc BECKER, Le char est-il mort en Ukraine ? Retour su mythe
- Loïc BECKER, Opération “Just Cause”, quand les Américains partent au Panama !
- Luc VANGANSBEKE, Blindés… mais pas trop, 1940, sur la Lys avec le 1er Lanciers
- Stephan CAZENAVE, Le baptême du feu de la Frundsberg, Buczacz, avril 1944
Caractéristiques
- Nombre de pages : 82
- Langue : Français
- Couverture : souple
- Reliure : agrafée
- Dimensions : 21 x 29,7 cm
- Prix conseillé France à la date de parution : 7,80 € TTC