Auteur en 2018 de Blitzkrieg ! L’invention de la guerre mécanisée chez Pierre de Taillac, Hugues WENKIN se replonge dans le sujet en débutant avec ce numéro Historica un large historique de la Panzerwaffe à paraître aux Editions Heimdal cette fois-ci…
Présentation
Pour comprendre les racines de ce qui va révolutionner les opérations militaires dès le début de la Seconde Guerre mondiale en Europe, il se propose de remonter aux prémices (un exercice que réalise avec brio côté français le magazine GBM).
Des premiers fortins motorisés aux premiers chars à tourelle, une révolution de la motorisation puis du système d’arme
Les Britanniques et les Français s’avèrent être les précurseurs dans la conception, la production et l’emploi des premiers chars durant la Première Guerre mondiale. Si le cheminement n’est pas un longue fleuve tranquille, Hugues WENKIN nous montre ici que des tentatives et des réflexions émergent aussi en Autriche-Hongrie et en Allemagne, sans pourtant parvenir à agréger une dynamique suffisante pour prendre l’initiative et innover en premier. L’utilisation des chars à Flers provoque cependant une prise de conscience de leur adversaire qui aboutit au développement de l’A7V en agrégeant des entreprises et leurs spécialistes respectifs. Plusieurs pages en retracent sa genèse. Ses principes, basés sur les premiers chars alliés qui tiennent davantage du fortin motorisé que du char, sont rapidement remis en cause par l’arrivée du Renault FT, véritable précurseur du char à tourelle mobile pouvant être fabriqué massivement.
La période clef des années 1920 et la capitalisation de l’expérience des années 1930
Contrairement à une légende bien vendue et entretenue après-guerre par Heinz GUDERIAN pour s’en attirer toute la paternité et la gloire, les prémices de la Panzerwaffe moderne germent immédiatement à l’issue de la Première Guerre mondiale au sein de la Reichswehr. Celle-ci, outre de participer à une certaine stabilisation du pays (voir l’article de Charles TRANG paru dans 39/45 Magazine n°381), entame un véritable aggiornamento doctrinal sous l’impulsion de Hans von SEEKT. Celui-ci organise l’armée pour réaliser ce dessein en construisant l’organisation qui le permette et en mettant en place les hommes qui vont pouvoir le conduire à partir des leçons tirées du conflit qui vient de s’achever.
Les années 1920 sont ainsi riches en conférences et entrainements qui font preuve d’extrapolation afin de ne pas se limiter aux seuls armements autorisés par les clauses du Traité de Versailles. A travers son fameux pamphlet Achtung Panzer ! Heinz GUDERIAN rend ainsi particulièrement bien compte de ce travail entrepris par ses prédécesseurs dont il se retrouve finalement dépositaire et qu’il va effectivement faire fructifier quitte cependant à brider la question des moyens blindés consacrés à l’appui feu des divisions d’infanterie, un retard qui ne sera jamais comblé durant le conflit.
Des chars, certes, mais pas uniquement !
L’auteur ne pense pas que performance des matériels.
Il explique ainsi que la dimension industrielle est aussi bien présente dans la tête des militaires qui façonnent avec les entreprises l’outil permettant de concevoir et de produire à terme les chars. L’arrivée d’Adolf HITLER au pouvoir début 1933 trouve des projets déjà prêts dans les cartons. Il n’y a plus qu’à appuyer sur le bouton pour le faire au grand jour. Les lecteurs attentifs à ce sujets peuvent aussi se référer à son article paru dans 39/45 Magazine n°381 sur la question de la recherche et de l’amélioration continue.
Contrairement à l’armée française, l’emploi des premières unités de la Panzerwaffe bénéficie de retours d’expérience opérationnels dont les enseignements sont immédiatement intégrés. C’est le cas de la guerre d’Espagne qui permet d’expérimenter l’emploi au combat des Panzer I et Panzer II. L’Anschluss fournit également une belle occasion de procéder à une mise en œuvre réelle, des grandes unités cette fois-ci. Idem pour la Tchécoslovaquie. Ces expérience en grandeur réelle, non dénuées de faiblesses comme le présente Hugues WENKIN, font la différence lors de la première année du conflit mondial en procurant à la Panzerwaffe une avance doctrinale et une maîtrise opérationnelle par rapport à ses adversaires directs, même si ses matériels peuvent être en-deçà d’un point de vue protection et puissance de feu. La logistique est par exemple bien absente dans les écrits de De GAULLE (voir l’analyse faite dans GBM n°134).
Enfin, Hugues WENKIN n’oublie pas d’aborder la mise en place des divisions d’infanterie chargées d’accompagnées, dans des ensembles homogènes, les divisions blindées dans leur percée et leur conquête de la profondeur.
Conclusion
Un numéro qui parait prometteur, bien rédigé et couvrant de nombreux aspects sans se contenter de reprendre les écrits a posteriori des chefs de guerre allemands ou d’une description technique des matériels. Introduire la notion d’infanterie motorisée en parallèle des chars relève là aussi d’un choix logique car ces derniers ne peuvent agir seuls.
Il manque cependant l’essor jamais exploré des installations militaires allemandes à la fin des années 1930, des infrastructures ferroviaires pour le transport stratégique et un approfondissement des moyens logistiques en essence, en maintenance et en munitions. Car sans matériel en état de fonctionner au moment de livrer bataille, la meilleure arme servie par le meilleur équipage ne peut pas faire grand chose comme en témoigne l’engagement calamiteux de la 1ère Division Cuirassée (DCR) à Flavion.
Un petit mot également sur l’iconographie qui privilégie des photos en grand format, en pleine page, voire sur deux, le tout accompagné de quelques profils couleurs sans pour autant sembler faire du remplissage outre mesure.
Ce numéro et le suivant sont destinés à paraître ensemble en un livre.
Sommaire
Caractéristiques
- Nombre de pages : 112
- Langue : Français
- Couverture : souple
- Reliure : collée
- Dimensions : 21 x 29,7 cm
- Prix conseillé France à la date de parution : 12 € TTC
Historique de la page
- Création : 14/10/2023
Énième resucée de ce que l’auteur a déjà écrit par ailleurs chez d’autres éditeurs… ne le signalez-vous pas ?
Je ne viens pas sur ce site pour lire des avis de complaisance imméritée envers certains éditeurs mais des recensions honnêtes et objectives. C’est dommage que 3945km prenne ce chemin!
Ah, j’attendais votre commentaire dans ce sens car le sujet, l’éditeur et l’auteur ne pouvaient que vous y inviter ! Comme je le dis en introduction, l’auteur se replonge dans le sujet, ce qui signifie qu’il l’a déjà abordé.
Il se trouve que j’ai bien aimé et globalement, j’apprécie le style de l’auteur qu’il écrive pour Weyrich, votre cher Caraktère ou Heimdal.
Autant j’ai été très critique de la forme de 39/45 Magazine et de certaines publications chez Heimdal, autant j’apprécie la tendance actuelle depuis quelques années.
Et pour information, je paye mes achats chez Heimdal, tout comme mes abonnements chez Caraktère et à GBM. Ce qui me fait toujours sourire quand un éditeur ou un auteur s’étonne de ne rien avoir lu sur son dernier sujet sans réaliser qu’il s’adresse à un client et non pas à un obligé.
Ici, j’ai appris des choses sur l’avant Première Guerre mondiale, où l’ai-je retenu davantage ici, même si j’aurais aimé lire des sujets complémentaires comme précisé en conclusion.
Bien à vous.