39/45 Magazine n°377 (Heimdal, 2023)

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Présentation

Mauvaise nouvelle pour les lecteurs, les Editions Heimdal augmentent très significativement le prix du numéro de 39/45 Magazine avec le passage au millésime 2023 (+15%). De son côté, la pagination passe de 112 à 128 pages afin d’aider à faire passer la pilule. Une décision qui reste au demeurant absente de l’éditorial. Pourtant le sujet ne doit pas être tabou puisque l’augmentation générale des coûts et notamment ceux du papier enflent de façon démesurée. Voilà la confirmation d’un nouveau un coup dur pour les lecteurs et indirectement pour le milieu de presse magazine spécialisée. Heureusement, le fond reste toujours aussi attractif…

Ukraine, encore et toujours !

Guerre et histoire, plus que jamais les voici associés”

Georges BERNAGE, éditorial, 39/45 Magazine n°377

Par ces mots, le rédacteur-en-chef et directeur de la publication résume l’influence que représente l’invasion de l’Ukraine par la Russie dans le contenu éditorial de la revue. Avec un résultat toujours prometteur à l’image des derniers sommaires qui reviennent en effet largement sur cette région au cours de la Seconde Guerre mondiale en dévoilant des aspects parfois très originaux et totalement méconnus.

Ce conflit, malgré le récit du Kremlin qui s’appuie lui-même sur celui imaginé dès la Seconde Guerre mondiale par l’URSS, donne une opportunité pour redécouvrir des pans entiers de ce qui s’est passé notamment en Europe de l’Est.

Cette prise de conscience va enfin nous permettre de mettre à plat une histoire beaucoup plus véridique”

Georges BERNAGE, éditorial, 39/45 Magazine n°377

En effet, notre regard franco-français reste largement biaisé par les traces laissées par les différentes propagandes de l’époque et de leurs relais d’après-guerre. Ainsi, les crimes du régime soviétique tout au long du XXème siècle restent largement minorés par une certaine historiographie particulièrement influencée par les réseaux communistes qui, avant même 1945, cherchent à les occulter. Ce prisme orienté ne permet donc pas de comprendre l’ambivalence de nombre de peuples dans cette partie de l’Europe vis-à-vis du Troisième Reich. Et minore la myopie de celui-ci qui, prisonnier de son sentiment de supériorité raciale, se trouve incapable d’apprécier à sa juste mesure le ressentiment de ces populations pour s’en faire durablement des alliés fiables et engagés.

Cette erreur politique se retrouve ainsi dans l’attitude des nazis envers l’Ukraine. Au lieu d’être une illustration de la compromission générale de ses habitants avec les thèses nazies, la 14. Waffen-Grenadier-Division der SS montre au contraire l’étriquement de la pensée allemande de l’époque qui bride le nationalisme ukrainien et ne privilégie que la Galicie, ancienne région de l’empire austro-hongrois (cf. 39/45 Magazine376).

Dans le trio des articles consacrés à l’Ukraine, celui sur Kherson est le plus convenu, s’appuyant très largement sur des extraits des mémoires de Kurt MEYER. Le ton est par conséquent assez homérique, particulièrement subjectif. Et il manque quand même la vision côté soviétique pour avoir une vision au-dessus de la mêlée du champ de bataille.

L’administration des territoires occupés, un champ d’étude historiographique souvent ignoré au profit des seules opérations militaires

L’article sur le Reichskommissariat Ukraine (RKU) montre également les capacités limitées allemandes à administrer ces régions en vue de s’allier réellement la population. La dimension économique et commerciale représente une part fondamentale dans la stabilisation des ces territoires, tout au autant que les questions militaires et de sécurité. Remplacer une administration par une autre se révèle loin d’être simple, mais fait partie de la continuité des guerres et l’une des clefs de la réussite de l’après. Une question toujours d’actualité comme le montrent les conflits contre les terrorisme du XXIème siècle ou la gestion des territoires ukrainiens occupés par la Russie. A défaut de rentrer trop dans les détails techniques de ces sujets, l’article donne en tout cas clairement envie d’en savoir plus.

Côté illustrations, les photos qui agrémentent les articles sur l’Ukraine changent de l’ordinaire, même si quelques photos de groupe ou portraits peuvent paraître un peu redondantes, voire lancinantes. Des reproductions couleurs d’objets d’époque les complètent toujours dans l’esprit du “musée imaginaire” propre à la revue. On note également le retour de quelques profils couleurs qualitatifs signés Nicholas GOHIN. Le seul véritable point faible de l’iconographie de 39/45 Magazine reste toujours la cartographie assez hétérogène et souvent datée d’un point de vue conception.

Sherman, une suite passionnante !

Grand défenseur du Medium Tank M4 Sherman (voir ses différents écrits notamment dans Mook 1944), Hugues WENKIN poursuit son étude sur le principal char américain de la Seconde Guerre mondiale. Il étudie ici les évolutions en termes de protection et de puissance de feu en entrant dans des détails physiques indispensable à maîtriser pour comprendre les débats qui agitent à la fois les bureaux d’armement, les ingénieurs et les utilisateurs utilisateurs opérationnels. Et qui explique l’échec de la version du canon de 76 mm développé par les Américains en raison de ses très nombreux inconvénients à la différences de leurs homologues britanniques. A noter également l’information de l’équipement spécifique attribuée aux 2nd US Armored Division et 3rd US Armored Division juste avant le déclenchement de l’opération Cobra.

On y croise également Jacob DEVERS quand il commande les troupes blindées américaines à un moment clef pour leur évolution tant organisationnelle que matérielle.

Hermann Göring, du régiment au Panzer-Korps

L’empilement des unités de prestige au sein des forces armées du Troisième Reich compte pour beaucoup dans l’attraction des lecteurs et des passionnés pour l’armée allemande de la Seconde Guerre mondiale. Savamment mises en scène par la propagande du régime nazi, favorisées d’un point de vue des équipements et des effectifs, elles interviennent dans tous les points chauds du conflit.

Elles font donc l’objet d’une documentation abondante durant leur existence. La disponibilité des clichés de propagande et le fait qu’elles participent aux combats les plus mis en avant expliquent cet attrait des auteurs et des lecteurs toujours attachés à la dimension d’élite parfois attribuée à tort et à travers dans certains écrits.

Nouvelle illustration avec cet historique des unités dites “Hermann Göring” (Regiment General Göring, Brigade Hermann Göring, Fallschirm-Panzer-Division 1 Hermann Göring, Fallschirm-Panzergrenadier-Division 2 Hermann Göring, Fallschirm-Panzer-Korps Hermann Göring). La reproduction couleurs d’une tenue de sortie d’un Oberfeldwebel issue des ventes de la maison Hermann Historica apporte un plus incontestable à l’iconographie et à un texte finalement assez classique dans sa narration des opérations auxquelles participent les différentes unités concernées.

Parcours individuels

Ce numéro propose également deux portraits de vétérans. Le premier concerne le dernier à disparaître des vétérans de la fameuse Easy Company dite “Band of Brothers” de la 101st US Airborne Division. Le récit permet de comprendre son parcours initial (recrutement, formation, entrainement) avant son parachutage dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 sur la Normandie. Il s’arrête au moment du rapatriement en Angleterre. Le récit des premiers instants sur le sol normand permet d’aborder les consignes strictes données aux parachutistes américains de ne pas perdre de temps en s’occupant notamment de leurs blessés et donc de laisser seuls les infirmiers s’en occuper. De quoi créer quelques tensions après-coup…

L’autre article propose la suite du parcours de Raymond de BERCEGOL au sein de la 2ème Division d’Infanterie Marocaine (DIM). La carte des combats pour Colmar et l’ordre de bataille allié rappelle la propension de Jean de LATTRE de TASSIGNY à fractionner ses divisions blindées (1ère et 5ème notamment) au profit de ses unités d’infanterie (voir à ce propos les tensions que cela provoque avec les divisionnaires concernés dans Batailles & Blindés n°111). Là aussi, la reproduction couleurs d’un certain nombre de documents d’époque appartenant à l’intéressé réhausse l’iconographie.

Des couleurs, rien que des couleurs…

Enfin, les deux derniers articles apportent plusieurs pages remplies de photos et de reproductions d’objets en couleurs. Le premier s’intéresse au Bunkermuseum d’Ijmuiden et le second aux décorations propres au NSDAP avec plus particulièrement deux d’entre elles (Coburger Abzeichen, Nürnberger Partei Abzeichen 1929).

Conclusion

Un numéro encore bien riche, dense, dont la moitié des pages concerne l’Ukraine avec de nombreux aspects originaux évoqués. A quelques encablures de ses quarante bougies, 39/45 Magazine tient toujours la route et continue de proposer une offre éditoriale propre à fidéliser les anciens lecteurs et à en attirer de nouveaux qui souhaitent découvrir l’histoire du conflit sous un angle un peu différent. Faudrait juste travailler un peu la cartographie et éviter de ressortir les récits très engagés de quelques vétérans ayant fortement contribué à restaurer l’image des forces allemandes mais pas forcément au profit d’une objectivité historique.

Voir aussi…

Thèmes abordés

Sommaire détaillé

  • Georges BERNAGE, La bataille de Kherson du 18 août 1941
  • Georges BERNAGE, La division “Galizien” pour une armée nationale ukrainienne
  • Cyril LE TALLEC, Le Reichskommissariat Ukraine
  • Hugues WENKIN, Le Sherman face au Panther (2ème partie), le modèle Wet Storage change la donne
  • Charles TRANG, La division “Hermann Göring”
  • Matthieu LONGUE, Private First Class Bradford C. Freeman (1ère partie), dernier des vétérans de la Easy Company “Band of Brothers”
  • François de LANNOY, Itinéraire de guerre, Raymond de Bercegol (2ème partie)
  • Sébastien HERVOUET, Les plus remarquables bunkers du Mur de l’Atlantique, Bunker tour, Le Landfront d’Ijmuiden aux Pays-Bas (Wn 2000)
  • Alain TAUGOURDEAU, Les décorations de la NSDAP (Ehrenzeichen der NSDAP) (1ère partie)
  • Bibliothèque 39/45 (La guerre du Pacifique a commencé en Indochine 1940-1941, Körvettenkapitän Kentrat, du croiseur Emden à l’U-196)

Caractéristiques

  • Nombre de pages : 128
  • Langue : Français
  • Couverture : souple
  • Reliure : collée
  • Dimensions : 21 x 29,7 cm
  • Prix conseillé France à la date de parution : 13,80 € TTC

Historique de la page

  • 24/12/2022 : création

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