Les Divisions Légères Mécaniques (DLM) sont les premières grandes unités blindées françaises. Issues de l’arme de la Cavalerie, elles combattent au cours de la Seconde Guerre mondiale et sont dissoutes à l’issue de la bataille de France, tout comme les Divisions Cuirassées, autre modèle de divisions blindées, mais issues elles de l’arme de l’Infanterie.
La cavalerie termine la Première Guerre mondiale fortement remis en cause. Au cours du conflit, les grandes unités de cavalerie ne s’illustrent pas particulièrement, leurs moyens et la nature des opérations ne leur permettent pas. En effet, la guerre de tranchées a essentiellement mis en valeur l’infanterie et l’artillerie. De nouvelles armes apparaissent également avec l’aviation et les chars. Lorsque l’Armistice est signée, seulement six divisions de cavalerie sont opérationnelles ainsi que deux divisions de cavalerie à pied.
Dans l’Entre-Deux-Guerres, le conservatisme et l’éclectisme des états-majors français ainsi que la volonté de préserver la filière équestre freinent la motorisation des unités. Néanmoins, JEAN FLAVIGNY, Directeur de la Cavalerie et du Train entre 1932 et 1936 réussit, non sans peine, à faire bouger les lignes. Il bénéficie d’un soutien de Maxime WEYGAND qui ménage également la frange conservatrice des élites militaires françaises. Celui-ci ordonne ainsi en avril 1933 la transformation de la 4ème Division Légère de Cavalerie (DLC) en Division Légère Mécanique (DLM), décision confortée en mai 1933 par l’Etat-Major de l’Armée qui ordonne aussi la mise sur pied d’une division motorisée fournie par la cavalerie mais avec une forte dominante de dragons portés. Mais il faut attendre juillet 1935 pour que Jean FABRY récemment nommé Ministre de la Guerre, officialise la création à Reims de la Division Légère Mécanique. Des premières manœuvres sont organisées en septembre 1935, elles sont un succès. Malgré son retard, la création de cette grande unité blindée précède cependant la formation des premières divisions blindées allemandes – les 1. Panzer-Division, 2. Panzer-Division et 3. Panzer-Division ne sont officiellement constituées que le 15 octobre 1935.
Malheureusement, alors que l’armée allemande enchaîne l’expansion de ses troupes rapides, ce n’est qu’en 1937 que la 2ème Division Légère Mécanique (DLM) est créée à Lyon à partir de la 5ème Division de Cavalerie (DC).
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate en septembre 1939, les Allemands alignent déjà cinq divisions blindées et quatre divisions légères tandis que les deux seules unités blindées françaises sont donc celles déployées par la cavalerie. Les Divisions Cuirassées ne voient le jour qu’une fois le conflit déclenché.
En février 1940, la 3ème Division Légère Mécanique (DLM) voit le jour. Les trois divisions réunissent chacune cent-quatre-vingt-dix chars et plus d’une centaine d’automitrailleuses de combat avec un effectif de dix-mille-quatre-cent hommes.
Lorsque les Allemands déclenchent l’opération Fall Gelb et attaquent la Hollande, la Belgique et le Luxembourg, Les Français et les Britanniques réagissent avec le plan Dyle-Breda qui consiste à pénétrer en Belgique, établir un contact avec l’armée hollandaise et établir une solide ligne de défense s’appuyant sur la Meuse et sur la Dyle. Les Divisions Légères Mécaniques ont avec les Divisions Légères de Cavalerie la responsabilité d’éclairer les axes de progression des armées françaises et de retarder les pointes allemandes pour permettre au corps de bataille principal de s’installer solidement sur les lignes prévues.
C’est dans ce contexte que la 2ème Division Légère Mécanique et la 3ème Division Légère Mécanique regroupées au sein du Corps de Cavalerie s’illustrent dans la première bataille de chars de l’Histoire à Hannut face aux 3. Panzer-Division et 4. Panzer-Division. Elles sont néanmoins obligées de décrocher et ne peuvent couvrir suffisamment longtemps la mise en place de la 1ère Armée française. De son côté, la 1ère Division Légère Mécanique pousse jusqu’à Anvers et tente de reprendre sans succès le pont de Moerdijk tenu par les parachutistes allemands.
Les trois divisions sont entraînées dans la défaite et refoulées dans la poche de Dunkerque d’où elles sont évacuées en laissant tout leur matériel et sans avoir cessé de combattre.
Les personnels évacués à Dunkerque vers l’Angleterre sont rapidement transférés en France et sont utilisés pour reformer début juin le Corps de Cavalerie et les trois premières DLM. Malheureusement, la situation stratégique est telle que ces unités ne peuvent intervenir de façon coordonnée et ne servent qu’à essayer de retarder l’avance allemande et permettre aux restes de l’armée française de se replier au mieux vers le Sud.
Par ailleurs, la 4ème Division Légère Mécanique (DLM) et la 7ème Division Légère Mécanique (DLM) sont formées également début juin 1940 par la transformation respective de la 1ère Division Légère de Cavalerie (DLC) et de la 4ème Division Légère de Cavalerie (DLC).
La création de la 8ème Division Légère Mécanique (DLM) à partir de la 5ème Division Légère de Cavalerie (DLC) est avortée par le déclenchement de la seconde phase de l’offensive allemande (Fall Rot) sur la Somme.
L’effondrement de l’armée française et l’Armistice ne permettent pas la transformation avant la fin de combats de la 2ème Division Légère de Cavalerie (DLC) en 5ème Division Légère Mécanique (DLM) et de la 3ème Division Légère de Cavalerie (DLC) en 6ème Division Légère Mécanique (DLM).
Les traditions de plusieurs régiments des Divisions Légères Mécaniques continuent ensuite d’exister au sein d’autres grandes unités tels les 12ème Régiment de Cuirassiers ou le 13ème Régiment de Dragons Portés qui sont reformés avant la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Bibliographie
Christophe AKNOUCHE, Gamelin et la mécanisation de l’armée (2ème partie), 1936-1939 [GBM n°139 (Histoire & Collections, 2022)] : article de quatorze pages sur les positions de Maurice GAMELIN à propos de l’arme et cavalerie blindée française, sa vision des divisions blindées allemandes, des Divisions Légères Mécaniques (DLM), des Divisions Cuirassées (DCR), ses hésitations doctrinales entre accompagnement de l’infanterie avec les Bataillons de Chars de Combat (BCC) autonomes et les grandes unités blindées – Texte, photos.
Yves BUFFETAUT, Mai 1940, les chars français au combat, in Militaria hors-série n°96 (Histoire & Collections, 2015) : numéro de quatre-vingt pages les évolutions des armes blindées françaises et allemandes durant l’Entre-Deux-Guerres, la situation des chars français et allemands à la veille du déclenchement de l’opération Fall Gelb à l’Ouest, l’emploi des Divisions Légères Mécaniques dans la manœuvre Dyle-Breda en Belgique (1ère DLM, bataille d’Hannut/Gembloux avec les 2ème et 3ème DLM du Corps de Cavalerie), les Divisions Légères de Cavalerie dans les Ardennes (1ère, 4ème et 5ème DLC), 4ème et 7ème BCC à Sedan et Stonne, le passage de la Meuse à Dinant et Houx, la 1ère Division Cuirassée à Flavion, l’éparpillement de la 2ème Division Cuirassée, la 3ème Division Cuirassée à Stonne, la 4ème Division Cuirassée à Montcornet et Crécy-sur-Serre – Texte, photos, cartes, profils couleurs.
Eric DENIS, L’armée de terre française du 10 mai 1940 (Economica, 2021) : livre de deux cent pages sur les unités terrestres françaises à veille du déclenchement de l’opération Fall Gelb, détaillant l’évolution des stratégies militaires du Plan E à la manœuvre Dyle-Breda, la conception et l’organisation de Ligne Maginot, l’évolution des chars, des blindés, des véhicules de servitude, les programmes de production, les commandements, les effectifs, la formation militaire, la mobilisation générale, les Bataillons de Chars de Combat (BCC), les Divisions Légère Mécaniques (DLM), les Divisions de Cavalerie (DC), les Divisions Légères de Cavalerie (DLC), les Divisions Cuirassées (DCR), les unités du train et du génie, les divisions d’infanterie, les fusils, pistolets, mitrailleuses, pistolets-mitrailleurs, grenades, mortiers, canons ainsi que l’ordre de bataille complet au 10 mai 1940 en France – Texte, cartes, ordres de bataille, photos.
Nicolas LEGRAND, AMR P.103 Citroën, le rêve inachevé, in Trucks & Tanks Magazine n°15 (Caraktère, 2009) : article de huit pages sur l’AMR Citroën P.103 projet destiné à équiper les Divisions Légères Mécaniques (DLM) mais qui est stoppé en raison des difficultés financières de Citroën durant l’Entre-Deux-Guerres – Texte, photos, plans.
François VAUVILLIER, Cavalerie mécanique 1919-1940, in GBM hors-série n°1 (Histoire & Collections, 2013)
François VAUVILLIER, Cavalerie moto-mécanique, in GBM hors-série n°2 (Histoire & Collections, 2015)
François VAUVILLIER, Cavalerie à cheval, 1919-1940, in GBM hors-série n°5 (Histoire & Collections, 2017)
François VAUVILLIER, Notre cavalerie mécanique à son apogée le 10 mai 1940, in GBM n°75 (Histoire & Collections, 2007) : article de dix pages sur la composante issue de la cavalerie de l’arme blindée française de 1940, en particulier ses Divisions Légères Mécaniques (DLM) et ses Divisions Légères de Cavalerie (DLC) avec une attention particulière sur leur équipement en chars et véhicules blindés – Texte, photos, profils couleurs.
Jean-Yves MARY, Les chars français au combat, la cavalerie, in 39/45 Magazine hors-série Historica n°73 (Heimdal, 2013)