Divisions Cuirassées françaises (DCR)

Les Divisions Cuirassées (DCR) sont des divisions blindées françaises mises sur pied et ayant combattu au cours de la Seconde Guerre mondiale. Elles sont parfois appelées, de façon erronée, Divisions Cuirassées de Réserve. Elles sont issues de l’Infanterie, à la différence des Divisions Légères Mécaniques qui sont issues de la Cavalerie.

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Un premier projet de division blindée est évoqué en 1929, mais repoussé pour des contraintes budgétaires. Un Détachement Mécanique de Combat issu de l’Infanterie est opposé en 1932 à Mailly au Détachement de Sûreté issu de la Cavalerie. Ce dernier est une réussite tandis que le premier est fortement critiqué et condamné par Maxime WEYGAND alors chef d’État-Major général de l’armée. Alors que la Cavalerie peut constituer sa 1ère Division Légère Mécanique, les projets de l’Infanterie dans le domaine des grandes unités blindées sont au point mort. La parution du livre de Charles DE GAULLE en 1934 et l’intervention de Paul REYNAUD le 15 mars 1935 à l’Assemblée Nationale ne permettent pas de venir à bout d’une opposition tant militaire que politique.

Le 2 décembre 1938, le Conseil Supérieur de la Guerre approuve néanmoins la création de deux divisions cuirassées. Le 17 décembre 1938, le général Gaston BILLOTTE fait approuver la création d’une troisième par Maurice GAMELIN.

Les deux premières brigades ne voient le jour qu’en septembre 1939 alors que le conflit vient d’être déclenché. Et il faut attendre début 1940 pour que cette ambition se concrétise.

Le 1er janvier 1940, la 1ère Division Cuirassée est créée à Suippes tandis que la 2ème Division Cuirassée est assemblée à partir du 16 janvier 1940 à Moivre près de Châlons-en-Champagne. La 3ème Division Cuirassée est mise sur pied à partir du 20 mars 1940 à Mourmelon.

Au déclenchement de l’offensive allemande (Fall Gelb) le 10 mai 1940, 1ère Division Cuirassée est envoyée en Belgique. Elle est littéralement taillée en pièces à Flavion. Son chef, le général Marie-Germain-Christian BRUNEAU, est capturé le 18 mai 1940, symbolisant l’échec de l’engagement de la première division blindée mise sur pied par l’Infanterie alors que la 2ème Division Légère Mécanique et la 3ème Division Légère Mécanique mises sur pied par la Cavalerie réussissent à retarder face aux Allemands à Hannut.

La 2ème Division Cuirassée est dispersée pour tenter de freiner, sans succès, les Allemands qui ont franchi la Meuse à Sedan. Seule l’action de certains de ses éléments le 19 mai 1940 à Essigny sèment temporairement le trouble chez les Allemands. Après moins de dix jours d’engagement, la division doit être retirée du front pour être reconstituée.

La 3ème Division Cuirassée s’illustre à Stonne, mais symbolise également la lenteur du commandement et des moyens français qui ne permettent pas de monter la contre-attaque pour rejeter à temps les Allemands au-delà de la Meuse.

Compte tenu de son engagement plus tardif qui lui évite directement de se retrouver au centre de l’effort allemand, la 4ème Division Cuirassée a la possibilité de contre-attaquer le flanc sud de la percée allemande. Sous les ordres de Charles DE GAULLE, une première attaque est montée sur Montcornet le 17 mai 1940, sans succès. Deux jours plus tard, le 19 mai 1940, l’objectif est Crécy-sur-Serre. Nouvel échec. Du 28 au 31 mai 1940, la division contre-attaque pour reprendre la tête de pont allemande d’Abbeville – il n’est plus alors question de couper le corridor des Panzer mais de résorber les têtes de pont établies par les Allemands au sud de la Somme qui fragilisent la Ligne Weygand. Là aussi, malgré des succès locaux et le sacrifice de nombre de ses hommes, la 4ème Division Cuirassée ne parvient pas à atteindre ses objectifs. La 2ème Division Cuirassée qui s’y essaye ensuite ne parvient pas non plus à repousser les Allemands au nord de la Somme.

A l’issue de Fall Gelb, les quatre divisons cuirassées sont soit anéanties, soit très affaiblies. A aucun moment, elles n’ont eu un réel impact sur le déroulement de la bataille.

Toutes reconstituées pour la seconde phase de la bataille de France (Fall Rot), elles disparaissent dans la défaite après avoir été engagées tout au long des combats et menées de nombreuses opérations de contre-attaque ou de couverture au profit d’autres unités.

Bibliographie

Christophe AKNOUCHE, Gamelin et la mécanisation de l’armée (2ème partie), 1936-1939 [GBM n°139 (Histoire & Collections, 2022)] : article de quatorze pages sur les positions de Maurice GAMELIN à propos de l’arme et cavalerie blindée française, sa vision des divisions blindées allemandes, des Divisions Légères Mécaniques (DLM), des Divisions Cuirassées (DCR), ses hésitations doctrinales entre accompagnement de l’infanterie avec les Bataillons de Chars de Combat (BCC) autonomes et les grandes unités blindées – Texte, photos.

Loïc BECKER, Le B1 bis, le titan français [Ligne de Front85 (Caraktère, 2020)] : article de sept pages sur le Char B1 Bis soulignant son héritage avec la Première Guerre mondiale, la longueur de sa conception et de son développement, son concept dual et sa doctrine d’emploi qui illustre le contraste entre Divisions Cuirassées françaises et divisions blindées allemandes – Texte, photos.

Yves BUFFETAUT, 17 mai 1940, la vérité sur la bataille de Montcornet [Batailles n°94 (Ysec, 2021)] : article de douze pages décrivant la constitution de la 4ème Division Cuirassée, le plan français pour couvrir Paris en cas de poussée allemande dans cette direction, le rôle de couverture dévolu aux forces commandées par de GAULLE, les combats de Montcornet proprement dits auxquels participent aussi quelques éléments de la 3ème Division Légère de Cavalerie (DLC), soulignant les faiblesses intrinsèques des divisions cuirassées françaises, tirant les enseignements notamment tactiques et sur les chars R35, D2 et B1 bis – Texte, carte, photos, profils couleurs.

Eric DENIS, L’armée de terre française du 10 mai 1940 [Economica, 2021] : livre de deux cent pages sur les unités terrestres françaises à veille du déclenchement de l’opération Fall Gelb, détaillant l’évolution des stratégies militaires du Plan E à la manœuvre Dyle-Breda, la conception et l’organisation de Ligne Maginot, l’évolution des chars, des blindés, des véhicules de servitude, les programmes de production, les commandements, les effectifs, la formation militaire, la mobilisation générale, les Bataillons de Chars de Combat (BCC), les Divisions Légère Mécaniques (DLM), les Divisions de Cavalerie (DC), les Divisions Légères de Cavalerie (DLC), les Divisions Cuirassées (DCR), les unités du train et du génie, les divisions d’infanterie, les fusils, pistolets, mitrailleuses, pistolets-mitrailleurs, grenades, mortiers, canons ainsi que l’ordre de bataille complet au 10 mai 1940 en France – Texte, cartes, ordres de bataille, photos.

Didier HOULIEZ, De Gaulle cassandre, l’avènement de la force mécanique [GBM n°134 (Histoire & Collections, 2020)] : article de cinq pages sur l’activité de Charles de GAULLE durant la Drôle de guerre pour promouvoir la mise en place de divisions cuirassées comprenant un encart sur la signification de l’appellation et de l’abréviation en vigueur au sein de l’armée française – Texte, photos.

François VAUVILLIER, De Gaulle et le “char papier”, autopsie du projet [GBM n°134 (Histoire & Collections, 2020)] : article de quatorze pages analysant les propositions de Charles de GAULLE concernant l’arme blindée française et plus particulièrement la division cuirassée dans son livre Vers l’armée de métier (nombre et types de chars, véhicules blindés, motorisation de l’infanterie, artillerie, génie, transmissions, reconnaissance, appui aérien, camouflage, surprise, ruses de guerre, réserves) – Texte, photos, profils couleurs.

François VAUVILLIER, Le choix de Charles, le dilemme du connétable [GBM n°134 (Histoire & Collections, 2020)] : article de quatre pages sur le choix fait par Charles de GAULLE de réclamer le commandement d’une Division cuirassée durant la Drôle de guerre aux dépens d’un rôle alors plus politique et ministériel – Texte, photos.

François VAUVILLIER, La Division Cuirassée en 1940 et ses perspectives (2ème partie), l’artillerie d’accompagnement, l’artillerie antichars et la défense contre avions [GBM n°80 (Histoire & Collections, 2007)] : article de dix pages sur la composante d’artillerie, y compris antichars et contre avions des Divisions Cuirassées (DCR), les moyens associés et les projets – Texte, photos, ordres de bataille, profils couleurs.

François VAUVILLIER, La Division Cuirassée en 1940 et ses perspectives (1ère partie), les chars et les chasseurs portés [GBM n°79 (Histoire & Collections, 2007)] : article de douze pages sur la composition des Divisions Cuirassées (DCR), le projet initial de 1939, la réalité de 1940, les missions attribuées aux chars, les missions attribuées aux batailles de chasseurs (BCP), présentation synoptique des principaux matériels blindés, reconnaissance, ravitaillement – Texte, photos, ordres de bataille, profils couleurs.

François VAUVILLIER, La Division Cuirassée en 1940 et ses perspectives (2ème partie), l’artillerie d’accompagnement, l’artillerie antichars et la défense contre avions [Histoire de Guerre Blindés & Matériels n°80 (Histoire & Collections, 2007)]

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