Divisions blindées allemandes (Panzer-Divisionen)

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Des trois premières unités mise en place en 1935 à la Panzer-Division Clausewitz levée en avril 1945, l’Allemagne déploie un total près d’une soixantaine de divisions blindées au cours de la Seconde Guerre mondiale. Engagées sur l’ensemble des théâtres d’opérations, elles symbolisent le renouveau de l’armée allemande libérée des contraintes du Traité de Versailles. La victoire à l’Ouest contre la France en 1940 leur apporte la consécration. Mais l’opération Barbarossa et plus généralement les combats en URSS montrent ensuite les limites d’une doctrine basée uniquement une guerre courte. Dans les tous derniers mois du conflit, la Wehrmacht met sur pied plusieurs divisions blindées à partir d’unités d’instruction. Mais à cette époque, les Panzer-Divisionen n’ont plus les moyens de leurs ambitions et représentent généralement des Kampfgruppen seulement…

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Historique

1935-1945, de l’innovation à la chute

Penser la guerre future

Les officiers de la Reichswehr analysent en profondeur les transformations qui s’opèrent au cours de la Première Guerre mondiale. Le char y fait son apparition ainsi que l’aviation militaire. Au-delà des aspects purement techniques et technologiques, ces nouveaux matériels permettent de développer de nouveaux paradigmes.

Dans le même temps, la culture militaire allemande reste imprégnée de la notion de « Schwerpunkt » et de bataille décisive. Ces nouvelles armes laissent entrevoir le moyen de briser le point de résistance ennemi et de relancer la guerre de mouvement.

L’expérience de l’arme blindée allemande reste limitée durant la Première Guerre mondiale. Seuls vingt exemplaires de son Sturmpanzerwagen A7V sortent des chaines de fabrication. Le parc allemand se compose essentiellement de chars de prise, éventuellement modifiés, et retournés contre leurs anciens propriétaires. La Reichswehr ne comprend aucun char. Elle entraine ses troupes à l’aide d’engins factices mobiles. En parallèle, elle teste des prototypes (Leichte Traktor et Grosstraktor) à partir de 1928 et bénéficie des facilités offertes par les Soviétiques pour tester engins et doctrines sur des bases secrètes en URSS. Les enseignements tirés de ces essais jettent les bases de la conception des futurs chars et d’imaginer leur doctrine d’emploi.

Sortir des contraintes du Traité de Versailles

En effet, à l’issue de la Première Guerre mondiale, le Traité de Versailles bride l’armée allemande en termes d’armement et d’unités. Seules sept divisions d’infanterie et trois de cavalerie sans aucun matériel lourd composent la Reichswehr. Cela ne l’empêche donc pas de mener en secret des expérimentations dans le domaine des blindés et de l’aviation. Ses cadres préparent en effet activement son renouveau et son expansion dès que les conditions le permettront.

A son arrivée au pouvoir le 30 janvier 1933, Adolf HITLER trouve ainsi dans les cartons des projets déjà prêts destinés à tripler le nombre de divisions d’infanterie. Le réarmement s’effectue de façon discrète dans les premiers mois. Le 17 avril 1934, l’Allemagne officialise sa sortie des dispositions contraignantes en termes d’armement du Traité de Versailles. Le 16 mars 1935, la Wehrmacht et ses trois composantes (Heer, Kriegsmarine et Luftwaffe) remplace la Reichswehr. Enfin, Adolf HITLER rétablit le service militaire obligatoire le 21 mars 1935. En deux ans, l’armée allemande pose les fondations d’une solide base sur laquelle elle peut s’appuyer pour une croissance exponentielle.

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Les fondations : naissance des troupes rapides (schnelle Truppen)

Dans le domaine des chars, deux appels d’offres sont discrètement lancés en 1932. Le premier concerne un char léger, le futur Panzer I. Le second aboutit à un char plus lourd et multi-tourelles, le Neubaufahrzeug.

L’armée allemande teste les premiers prototypes de Panzer I à partir de l’été 1933. En janvier 1934, le besoin d’un char d’accompagnement apparaît. Il prend la place du Neubaufahrzeug dont la production ne dépasse finalement pas quelques prototypes. La production en série du Panzer I démarre dès avril 1934. Trois mois après, les services de l’armement émettent un nouveau cahier des charges aboutissant au Panzer II.

Le choix décisif des grandes unités blindées

Alors que les armées françaises et britanniques, précurseurs dans la conception et l’emploi des chars au combat dès la Première Guerre mondiale, hésitent entre la création de grandes unités blindées ou l’appui à l’infanterie, l’armée allemande fait un choix draconien. Les chars rejoindront uniquement les divisions blindées. Si cette décision favorise la mise sur pied des divisions blindées et l’augmentation rapide de leur nombre, elle laisse les divisions d’infanterie sans véritablement de solution mis à part quelques canons antichars.

En octobre 1935, les trois premières Panzer-Divisionen voient le jour. Trois mois seulement après la mise sur pied de la Division Légère Mécanique française dont les manœuvres de septembre 1935 paraissent particulièrement prometteurs.

Erich von MANSTEIN parvient néanmoins à lancer le projet de Sturmgeschütz (StuG) III dont Heinz GUDERIAN ne veut pas afin de ne pas détourner des ressources industrielles déjà insuffisantes.

Croître et apprendre

L’arme blindée allemande bénéficie de plusieurs opportunités pour se roder en grandeur nature. Il y a bien sûr la Guerre d’Espagne avec l’envoi de la Legion Condor qui nourrit les enseignements tactiques. Les déploiements en Autriche et en Tchécoslovaquie permettent de tester le déploiement et le mouvement sur des distances importantes d’unités complètes. Les Allemands en tirent de précieuses leçons notamment logistiques.

La principale difficulté reste l’équipement. L’armée allemande finalise uniquement en 1935 le cahier des charges de son premier vrai char de combat. En décembre 1936, elle fige le concept le concept du char d’accompagnement. Les projets des futurs Panzer III et Panzer IV sont lancés. Les premiers exemplaires n’arrivent dans les unités que respectivement en mai et octobre 1937. En termes d’ergonomie, ils fixent le standard qui s’applique désormais avec un équipage de cinq hommes dont trois prennent place dans l’espace de la tourelle.

Par ailleurs, en 1937, quatre division d’infanterie sont motorisées pour accompagner les divisions blindées dans leur avance.

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En novembre 1938, deux nouvelles divisions blindées voient le jour (4. Panzer-Division, 5. Panzer-Division). Au cours de cette même année, quatre divisions légères naissent et complètent l’ordre de bataille allemand. Ces unités ne comprennent qu’une Abteilung de chars contre deux régiments pour les divisions blindées.

Avant d’envahir la Pologne, la Wehrmacht dispose donc d’un corps de bataille rapide composé de cinq divisions blindées, quatre légères auxquels il faut ajouter deux régiments blindés non endivisionnés et une division de circonstance (Panzer-Division Kempf). Soit dix grandes unités blindées. Aucun de ses adversaires directs ne dispose alors d’une telle organisation.

Au total, les Allemands attaquent avec près de deux mille six cent quatre-vingt dix chars. Un chiffre impressionnant pour une armée qui n’avait pas le droit de posséder un tel engin avant de sortir du Traité de Versailles en 1935. Mais c’est également un chiffre en trompe l’œil. Les Panzer I armés d’une simple mitrailleuse représentent plus d’un tiers du total. L’industrie tchèque apporte un renfort non négligeable permettant d’intégrer deux cent Panzer 35(t) et Panzer 38(t).

La course au nombre

La Wehrmacht envahit la Pologne et mène ses actions à l’Ouest en mai et juin 1940 avec dix grandes formations. Si le nombre demeure identique entre août 1939 et juin 1940, plusieurs évolutions apparaissent néanmoins. Les divisions légères apparaissent trop limitées lors des combats de septembre 1939 et sont renforcées pour être transformées en Panzer-Divisionen durant la Drôle de guerre. Contrairement aux cinq premières divisions, elles ne reçoivent qu’un seul régiment de chars au lieu. Ce standard devient par la suite la norme.

Dans l’optique de l’invasion de l’URSS (opération Barbarossa), le nombre de divisions blindées s’accroit considérablement en dédoublant celles dotées de deux régiments de chars et en transformant plusieurs divisions d’infanterie classiques. Les affrontements contre l’Armée rouge prélèvent un lourd tribut dans les dotations de chars des unités. Plusieurs modèles apparaissent désormais totalement impropres aux combats en première ligne [Panzer I, Panzer II, Panzer 35(t), Panzer 38(t)], ce qui n’empêche pas certains d’eux d’être toujours en dotation en 1942 faute de mieux. Il faut donc remplacer à la fois les pertes mais également les chars obsolètes sans parler du développement de nouveaux engins capables de lutter à armes égales avec les T-34/76 et les KV-1.

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Un nombre en constante augmentation, mais des dotations de plus en plus limitées pour un rôle toujours aussi stratégique

La pénurie des matériels ne touchent pas seulement les chars, mais également les canons automoteurs, les véhicules blindés et de servitude. L’opération Barbarossa et la guerre en URSS mangent le potentiel humain et matériel de la Wehrmacht, dont bien entendu celui de ses grandes unités blindées et motorisées. toutes les grandes opérations offensives menées à l’Est recherchent la décision avec des divisions blindées : Barbarossa, Taïfun, Fall Blau, Zitadelle.

Même dans une posture défensive, les divisions blindées jouent un rôle décisif pour rétablir des lignes menacées, dégager ou tenter de libérer des unités encerclées, reprendre du terrain. Les Panzer-Divisionen tiennent ce rôle jusqu’à la toute fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe.

En 1944, Adolf HITLER et l’OKW décident d’accorder la priorité stratégique à l’Ouest dans l’optique du Débarquement allié pressenti comme imminent. Leur priorité est de reconstituer un potentiel offensif capable de repousser toute tentative alliée préalablement freinée par le Mur de l’Atlantique (Atlantikwall). Pour parvenir à concentrer assez de forces, plusieurs divisions spécifiques sont levées ou reconstituées en Belgique et en France au premier semestre 1944.

Ces moyens conséquents ne suffisent cependant jamais à menacer sérieusement la tête de pont et les contre-attaques qui se veulent décisives ne parviennent qu’à ralentir la progression alliée (21. Panzer-Division le 6 juin 1944 devant Caen, 12. SS-Panzer-Division le 7 juin 1944, 130. Panzer-Lehr-Division le 8 juin en direction de Bayeux et autour de Tilly-sur-Seulles, 2. Panzer-Division face à la trouée de Caumont-l’Eventé et l’opération Perch, II. SS-Panzer-Korps face à l’opération Epsom.

Cette priorité donnée à l’Ouest se poursuit jusqu’au début 1945 avec l’opération Wacht am Rhein / Herbstnebel dans les Ardennes. L’offensive Vistule-Oder que l’Armée rouge déclenche le 12 janvier 1945 et l’effondrement des lignes allemandes qui s’en suit en Pologne et en Prusse orientale change la donne, la capitale Berlin étant désormais directement exposée.

Le territoire du Troisième Reich étant exposé de toutes parts, l’armée allemande racle les fonds de tiroir. De nouvelles unités sont montées dans l’urgence avec des noms pompeux qui cachent une situation humaine et matérielle désastreuse. Ces formations levées en urgence et le maintien en ligne des divisions plus anciennes ne font qu’illusion dans les derniers mois de la guerre. Elles ne représentent en fait que quelques Kampfgruppen de quelques centaines d’hommes dotés de quelques chars, chasseurs de chars ou canons d’assaut…

Bilan

La multiplication des unités, l’appauvrissement de leurs dotations en hommes et en matériels reflètent l’érosion de l’armée allemande après le pic qualitatif atteint pour le début de l’opération Barbarossa. Les luttes d’influence propres au III. Reich amènent la Waffen-SS et la Luftwaffe à posséder leurs propres divisions blindées, dispersant un peu plus des moyens déjà restreints. L’historique des Panzer-Divisionen reflète la montée en puissance puis la déchéance de l’armée allemande au cours de la Seconde Guerre mondiale

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Liste des divisions blindées et assimilées allemandes

Chronologie des créations, transformations, disparitions et dissolutions

DateCréation/reconstitutionChangement de désignationDisparition/dissolutionNombre de formations actives
10/19351. Panzer-Division
2. Panzer-Division
3. Panzer-Division
3
11/19353
12/19353
01/19363
02/19363
03/19363
04/19363
05/19363
06/19363
07/19363
08/19363
09/19363
10/19363
11/19363
12/19363
01/19373
02/19373
03/19373
04/19373
05/19373
06/19373
07/19373
08/19373
09/19373
10/19373
11/19373
12/19373
01/19383
02/19383
03/19383
04/19381. leichte Division
4. leichte Division (ex division rapide autrichienne)
5
05/19385
06/19385
07/19385
08/19385
09/19385
10/19382. leichte Division
3. leichte Division
7
11/19384. Panzer-Division
5. Panzer-Division
9
12/19389
01/19399
02/19399
03/19399
04/19399
05/19399
06/19399
07/19399
08/1939Panzer-Division Kempf10
09/193910
10/19391. leichte Division devient 6. Panzer-Division
2. leichte Division devient 7. Panzer-Division
3. leichte Division devient 8. Panzer-Division
Panzer-Division-Kempf intègre la 10. Panzer-Division
10
11/193910
12/193910
01/19404. leichte Division devient 9. Panzer-Division10
02/194010
03/194010
04/194010
05/194010
06/194010
07/194010
08/194011. Panzer-Division
14. Panzer-Division
12
09/194012
10/194012. Panzer-Division
13. Panzer-Division
18. Panzer-Division
20. Panzer-Division
16
11/194015. Panzer-Division
16. Panzer-Division
17. Panzer-Division
19. Panzer-Division
20
12/194020
01/194120
02/19415. leichte Division21
03/194121
04/194121
05/194121
06/194121
07/194121
08/19415. leichte Division devient 21. Panzer-Division21
09/194122. Panzer-Division
23. Panzer-Division
23
10/194123
11/194124. Panzer-Division24
12/194124
01/194224
02/194225. Panzer-Division25
03/194225
04/194225
05/194225
06/194225
07/194225
08/194225
09/194226. Panzer-Division26
10/194227. Panzer-Division
Fallschirm-Panzer-Division Hermann Göring
28
11/1942SS-Panzergrenadier-Division Das Reich *
SS-Panzergrenadier-Division Totenkopf *
30
12/1942SS-Panzergrenadier-Division Leibstandarte SS Adolf Hitler *31
01/1943Panzergrenadier-Division Grossdeutschland *32
02/194314. Panzer-Division, 16. Panzer-Division, 24. Panzer-Division (Stalingrad)29
03/1943SS-Panzergrenadier-Division Wiking *22. Panzer-Division, 27. Panzer-Division (Don)28
04/194314. Panzer-Division
16. Panzer-Division
30
05/194310. Panzer-Division, 15. Panzer-Division, 21. Panzer-Division (Tunisie)27
06/194327
07/194321. Panzer-Division28
08/1943Panzer-Division Norwegen29
09/194329
10/19439. SS-Panzer-Division
10. SS-Panzer-Division
12. SS-Panzer-Division
La
SS-Panzergrenadier-Division Leibstandarte SS Adolf Hitler
devient 1. SS-Panzer-Division, la SS-Panzergrenadier-Division Das Reich devient 2. SS-Panzer-Division, la SS-Panzergrenadier-Division Totenkopf devient 3. SS-Panzer-Division et la SS-Panzergrenadier-Division Wiking devient 5. SS-Panzer-Division
18. Panzer-Division (transformée en 18. Artillerie-Division)31
11/194331
12/194331
01/1944130. Panzer-Lehr-Division32
02/194432
03/194432
04/1944116. Panzer-Division33
05/194433
06/1944Panzer-Division Norwegen32
07/194432
08/194432
09/194432
10/194432
11/194432
12/1944Panzer-Division Feldherrnhalle 133
01/194533
02/1945Panzer-Division Holstein
Panzer-Division Jüterborg
Panzer-Division Kurmark
Panzer-Division Döberitz/Schlesien
Panzer-Division Tatra
13. Panzer-Division (Budapest)37
03/1945Panzer-Division Feldherrnhalle 2
Panzer-Division Müncheberg
Panzer-Division Jüterborg38
04/1945233. Panzer-Division/Panzer-Division Clausewitz5. Panzer-Division (Hela)
9. Panzer-Division, 116. Panzer-Division, 130. Panzer-Lehr-Division (Ruhr)
12. Panzer-Division (Prusse orientale)
21. Panzer-Division (Halbe)
Panzer-Division Holstein
32
* Ces unités, bien que désignées Panzergrenadier-Divisionen, possède chacune à partir du mois indiqué un régiment blindé qui en fait de facto des Panzer-Divisionen, appellation qu’elles prennent ensuite, à l’exception de Panzergrenadier-Division Grossdeutschland.

Liste des divisions blindées et assimilées mises sur pied par la Heer, la Waffen-SS et la Lufwaffe

Armée de terre (Heer)

Waffen-SS

Armée de l’Air (Luftwaffe)

Bibliographie

Repères bibliographiques

La surabondance de l’historiographie des divisions blindées allemandes reflètent le déséquilibre des centres d’intérêts des lecteurs et passionnés de la Seconde Guerre mondiale. En effet, si elles jouent un rôle essentiel dans les grandes offensives du début du conflit et permettent des coups d’éclat défensifs, elles demeurent minoritaires dans l’ordre de bataille allemand.

Sur la soixantaine de divisions mises sur pied, les auteurs s’intéressent seulement à quelques unes dans des périodes bien précises. Les ouvrages sur les divisions blindées de la Waffen-SS ne se comptent plus même si les détails sur leurs derniers engagements en Hongrie et en Autriche sont beaucoup plus rares.

A titre d’illustration, les magazines utilisent régulièrement la question des chars et unités blindées de la Wehrmacht en guise d’accroche éditoriale, pour se lancer voire se relancer…

Livres

Magazines et périodiques

Ressources en ligne

Historique de la page

  • Dernière mise à jour : 19/02/2024