Mur de l’Atlantique (Atlantikwall)

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Le Mur de l’Atlantique (Atlantikwall en allemand) est le nom donné aux fortifications construites par les forces armées du III. Reich au cours de la Seconde Guerre mondiale le long du littoral occidental de l’Europe, de la Norvège à la frontière espagnole (Norvège, Pays-Bas, France), soit cinq mille kilomètres de littoral. Son extension sur la Méditerranée s’appelle le Südwall.

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Historique

Prémices

Dès qu’ils s’installent sur les côtes en Norvège, aux Pays-Bas, en Belgique et en France à la faveur des opérations menées à l’Ouest au premier semestre 1940, les Allemands organisent la défense du littoral et des principales installations portuaires. Des premières batteries sont installées de 1940 à 1942 soit sur d’anciennes positions françaises, soit dans des emplacements sommairement aménagés ou sur voie ferrée. Les unités stationnées sur les côtes occupées organisent progressivement leurs réseaux défensifs avec des procédures d’alerte en lien avec la Luftwaffe et la Kriegsmarine. La construction d’installations radar pour la bataille d’Angleterre permet également de doter la façade maritime d’installations de détection avancée tant aérienne que maritime. Le report sine die de l’opération Seelöwe (l’invasion de la Grande-Bretagne) place les unités positionnées dans les territoires occupés dans une posture uniquement défensive.

C’est ainsi que le 14 décembre 1941, l’Oberkommando der Wehrmacht (l’état-major des forces armées du III. Reich) publie ainsi une directive précisant que les régions côtières de l’Arctique à l’Atlantique doivent devenir ligne de défense comparable au Westwall.

Bataille de l’Atlantique et commandos

La volonté de Winston CHURCHILL de continuer le combat et de maintenir la pression du l’armée allemande sur le continent fait peser une menace permanente sur le littoral. Cinquante-six raids sont organisés entre 1940 et 1944, les plus célèbres étant ceux de Saint-Nazaire, Bruneval et Dieppe.

En conséquence, le 23 mars 1942, Adolf HITLER signe sa Directive n°40 qui définit les contours du Mur de l’Atlantique.

La bataille de l’Atlantique et l’installation de bases sous-marines dans les principaux ports occupés (Brest, Lorient, Saint-Nazaire, La Pallice, Bordeaux) entraînent le renforcement des défenses vis-à-vis des raids commandos et des bombardements aériens qui menacent les infrastructures utilisées.

Crainte d’un second front et accélération des travaux

1943 marque un tournant dans l’histoire du Mur de l’Atlantique avec la mise en chantier de fortifications côtières destinées spécifiquement à entraver tout débarquement sur les plages.

La domination aérienne alliée et les bombardements de plus en plus fréquents entraînent l’accélération de la mise sous béton des batteries d’artillerie qui perdent par contre en mobilité et en champ de tir. Ce choix paraît judicieux comme en témoigne la résistance le 6 juin 1944 des batteries de La Pernelle II, Crisbecq Saint-Marcouf, Azeville,

Les travaux s’amplifient en 1943 et surtout début 1944. Le 3 novembre 1943, Adolf HITLER précise sa stratégie face aux Alliés occidentaux à l’Ouest dans sa directive n°51 et nomme Erwin ROMMEL comme Inspecteur général des côtes de la mer du Nord et de l’Atlantique. Ce dernier entame immédiatement de nombreuses tournées d’inspection et donne une nouvelle impulsion aux travaux de construction. Ces dispositions sont complétées le 19 janvier 1944, quand une nouvelle directive du Führer transforme certaines zones côtières et portuaires en forteresses.

L’Organisation Todt est chargée de la coordination des travaux et s’appuie sur des ressources locales réquisitionnées, différentes organisations paramilitaires du III. Reich (NSKK, RAD) et les unités militaires stationnées sur la côte parfois au détriment de leur entrainement au combat.

En action

Malgré les mesures de protection et de camouflage prises par les Allemands, les Alliés connaissent assez bien le détail des installations et des positions des unités, même si quelques erreurs sont commises comme à Omaha Beach avec la découverte si près de la côte de la 352. Infanterie-Division.

Dans les pays occupés, la Résistance joue un rôle important dans la récupération et la transmission d’informations détaillées qui complète l’imagerie aérienne.

Le 6 juin 1944, les Alliés donnent l’assaut par mer et par les airs. Rapidement, les ouvrages défensifs sur les plages sont neutralisés, y compris sur Omaha Beach. Les batteries côtières obtiennent peu de résultat. Seules quelques positions résistent un peu plus longtemps mais sans pour autant donner un avantage stratégique aux Allemands dans la suite des opérations. Le Mur de l’Atlantique échoue donc dans sa mission principale de résister à toute opération de débarquement faute de densité à certains endroits (Utah Beach par exemple), de profondeur et de renforts immédiatement disponibles pour contre-attaquer (c’est le cas à Omaha Beach). La protection apportée par les ouvrages est cependant une réponse appropriée à la domination aérienne et navale alliée, même si elle se fait aux dépens de la mobilité des unités positionnées sur la côte qui par conséquent ne sont pas aisément redéployables.

Néanmoins, la présence du Mur de l’Atlantique complexifie la préparation du Débarquement, oblige les Alliés à déployer des moyens spécifiques (Sherman Duplex Drive, embarcations, chars de la 79th Armoured Division), sans pour autant l’empêcher.

La fortification des grands ports produit de son côté plus d’effet. Si elle n’empêche pas la chute de Cherbourg, du Havre et de Brest après de longs combats ou de coûteuses opérations, elle permet à plusieurs forteresses de se maintenir jusqu’à la fin de la guerre privant ainsi les Alliés de facilités logistiques, ce qui sera l’une des raisons des difficultés rencontrées lors de l’avance en France, en Belgique et en direction de la Hollande à l’automne 1944.

(c) King & Country

Voir aussi…

Bibliographie

Repères bibliographiques

La bibliographie consacrée au Mur de l’Atlantique est assez nombreuse, mais souvent très focalisée sur les côtes françaises et plus particulièrement la Normandie où se déroule le Débarquement ainsi que sur les bases sous-marines allemandes. L’un des ouvrages de référence est l’album Atlantikwall paru aux Editions Heimdal. Alain CHAZETTE publie à travers les Editions Histoire & Fortifications de nombreuses monographies détaillées. Les revues spécialisées comme 39/45 Magazine ou Batailles proposent régulièrement des articles généraux ou ciblés sur des installations. Pour le grand public, les guides proposés par les Editions Ouest-France permettent de combiner connaissances générales et tourisme. Alors que l’érosion naturelle et l’urbanisation détruisent progressivement les traces des ouvrages, plusieurs livres traitent également des vestiges préservés à différentes époques.

Les ouvrages généraux sur le Débarquement en Normandie reviennent également sur le Mur de l’Atlantique dans le cadre de l’étude de la stratégie allemande. Countdown to D-Day, livre en anglais, fournit une vision des cent jours qui précèdent le déclenchement de l’opération Overlord permettant de comprendre les efforts frénétiques pour renforcer au maximum les fortifications malgré les contraintes et les restrictions en hommes et matériels.

Le rôle de la résistance est très bien illustré dans Robert Thomas, résistant et cartographe du Mur de l’Atlantique paru chez Maranes.

Livres

Georges BERNAGE, Jean-Pierre BENAMOU, Bernard CROCHET, François de LANNOY, Laurent MARI & Ronald McNAIR, Overlord, Jour-J en Normandie (Heimdal, 1993)

Alain CHAZETTE, Le Mur de l’Atlantique en Normandie (Heimdal, 2000)

Magazines et périodiques

Musées

  • Batterie Todt (Audinghen, France)
  • Blockhaus Hôpital (Les Sables d’Olonne, France)
  • Grand Blockhaus (Batz-sur-Mer, France)
  • Grand Bunker (Ouistreham Riva-Bella, France)

Historique de la page

  • Dernière mise à jour : 05/03/2024
  • Création : 07/06/2017