La bataille de Koursk est un offensive de l’armée allemande (opération Zitadelle) en juillet 1943 contre l’Armée Rouge qui est retranchée dans un saillant en URSS au cours de la Seconde Guerre mondiale.
L’encerclement puis la destruction de la 6. Armee à Stalingrad au cours de l’hiver 1942/1943 représente la première grande défaite de la Seconde Guerre mondiale pour le III. Reich. L’effondrement est tel que le Heeresgruppe Süd est lui aussi menacé de destruction avant que la contre-offensive de Kharkiv ne rétablisse in extremis la situation en février/mars 1943.
Au printemps 1943, le Front de l’Est offre l’image de trois saillants successifs : Orel tenu par les Allemands, Koursk tenu par les Soviétiques et Kharkiv tenu par les Allemands. Chacun des belligérants a logiquement le regard attiré par chacun d’eux pour repasser à l’offensive.
Les Allemands, incapables de se lancer dans une offensive majeure sur un vaste espace comme ils l’avaient fait en 1941 (opération Barbarossa) et en 1942 (opération Fall Blau) sont réduits à se contenter de faire le maximum de dégâts à l’Armée Rouge tout en voulant raccourcir la ligne de front pour se créer des réserves et ainsi se sonner les moyens de répliquer aux prochaines offensives soviétiques attendues.
L’Armée Rouge, parfaitement bien renseignée, ayant anticipé correctement le prochain angle d’attaque allemand et STALINE ayant été convaincu de patienter pour se lancer à l’attaque, a transformé le saillant de Koursk en un véritable retranché.
Plusieurs fois reportée, dans l’attente de nouveaux matériels conçus pour dominer le champ de bataille, est finalement lancée sans pour autant générer de multiples hésitations et angoisses.
Dénouement, répercussions et conséquences :
Dix jours après son lancement, l’échec de l’opération Zitadelle est patent. Au Nord, l’offensive est rapidement stoppée tandis qu’au Sud elle meurt face aux hordes de chars soviétiques lancés contre elle et faute de pouvoir concentrer correctement ses différents axes d’attaque. Le saillant soviétique n’est pas réduit et les deux pinces n’ont pas réussi à prendre dans la nasse soldats et matériels de l’adversaire.
Mais ce n’est pas non plus une réelle victoire soviétique. L’Armée Rouge est laminée dans la zone des combats.
Si les pertes allemandes sont loin d’être catastrophiques, celles infligées à l’Armée Rouge sont imposantes mais insuffisantes pour percer mais aussi pour retarder la reprise de l’offensive par les Soviétiques. Les réserves destinées à prendre l’offensive sur Orel et sur le Donetz ne sont pas entamées.
Celles-ci n’attendent d’ailleurs pas la fin de l’offensive allemande pour se lancer eux-mêmes à l’assaut du saillant d’Orel. Puis à l’assaut de celui de Kharkiv moins d’un mois plus tard. Contrairement à la légende, les forces allemandes, notamment blindées, n’ont pas saignées à Koursk et peuvent intervenir efficacement sur les secteurs menacés par l’Armée Rouge. Les combats défensifs de fin juillet et d’août provoquent beaucoup plus de pertes dans les rangs allemands que la seule opération Zitadelle qui a surtout entamé le potentiel offensif des unités d’infanterie engagées.
Dans le même temps, les Alliées débarquent en Sicile. Si aucune grande unité allemande qui ne quitte le Front de l’Est immédiatement après Koursk, l’accumulation des menaces (tant soviétiques qu’alliées) a certainement joué un rôle dans l’arrêt de l’offensive allemande. Poursuivre plus avant n’aurait servi à rien, si ce n’est à augmenter des pertes jusqu’alors raisonnables pour un résultat plus qu’incertain.
Bref, la situation stratégique a définitivement tournée et le III. Reich ne peut désormais plus faire face aux menaces qui se bousculent, que ce soit à l’Est, au Sud, dans les airs au-dessus du Reich et bientôt à l’Ouest.
Les nouveaux chars mis en ligne par les Allemands montrent tout leur potentiel mais ne suffisent pas à emporter la décision quand ils ne sont pas tout simplement fragilisés par un manque de fiabilité lié à une mise en service trop rapide. Pourtant la stratégie de se baser sur des engins lourds pour forcer les défenses soviétiques parait non dénuée de fondement.
La stratégie allemande est la bonne : pour faire face aux barrages antichars soviétiques, il fallait bien mettre en avant les engins les plus lourds, afin d’inciter les canons antichars à se découvrir, étant ensuite détruit à longue distance par les puissants canons de 88 mm des Tiger I et Ferdinand.
Nicolas PONTIC, Les Allemands pouvaient-ils l’emporter à Koursk, des atouts indéniables (14 pages) [Batailles & Blindés n°116 (Caraktère, 2023)], page 36.
Les chasseurs de chars recyclant des châssis disponibles sont puissants mais trop exposés en cas de combats au contact de l’infanterie soviétique. A Koursk, la Panzerwaffe s’est, enfin, doté des moyens de dominer techniquement ses adversaires, situation qu’elle n’a connu ni face à la France en 1940, ni lors de l’opération Barbarossa. Pourtant, elle ne pourra paradoxalement jamais renouer avec ses succès des trois premières années de guerre handicapée par la situation géostratégique de plus en plus défavorable et des adversaires bénéficiant d’un potentiel humain et industriel incomparable à celui du III. Reich. Sauf retournement improbable, la victoire des Alliés est désormais inéluctable.
Bibliographie
Livres
- Collectif, PzKpfw VI Tiger, le félin des steppes – Chars de combat & engins blindés #1 [Hachette Collections, 2023] : historique, caractéristiques et contraintes techniques, emploi du Panzer VI Ausf. E Tiger en URSS (Koursk), Tunisie, Italie, Ouest (notamment Villers-Bocage), variantes (Jagdtiger, Sturmtiger, Befehlstiger) (64 pages)
- Collectif sous la direction de Jean LOPEZ, La Wehrmacht, la fin d’un mythe [Perrin, 2023]
- François de LANNOY, La bataille de Koursk [Heimdal, 1998]
- François de LANNOY & Jean-Claude PERRIGAULT, La Grossdeutschland, du Régiment au Panzerkorps [Heimdal, 1998]
- Jean RESTAYN, Operation Citadel, volume 1, The South [J.J. Fedorowicz, 2021]
- Roman TÖPPEL, Koursk, 1943 [Perrin, 1998]
Magazines
- Mathias ANDRE, Moscou, Stalingrad, Koursk, les erreurs à l’origine des échecs allemands [Ligne de Front n°88 (Caraktère, 2020)]
- Alexandre ASHURALIEV, SU-152, un « Zveroboy » de propagande [Trucks & Tanks Magazine n°27 (Caraktère, 2011)]
- Loïc BECKER, La 3. SS-Panzer-Division Totenkopf (2ème partie), du zénith au crépuscule [Batailles & Blindés n°91 (Caraktère, 2019)]
- Georges BERNAGE, Koursk, 1943, victoire avortée des panzers ? [39/45 Magazine n°351 (Heimdal, 2018)]
- Pierre-Edouard CÔTE, Koursk, tournant de la guerre à l’Est [Ligne de Front hors-série n°31 (Caraktère, 2017)]
- Eric DENIS, Borgward BIV, les engins de démolition commandés à distance [Tank Zone n°3 (Histoire & Collections, 2009)]
- Sylvain FERREIRA, Les secrets du Pakfront, les tactiques antichars soviétiques de la Seconde Guerre mondiale [Ligne de Front n°82 (Caraktère, 2019)]
- Yannis KADARI, Journée d’enfer à Koursk ! [Batailles & Blindés n°2 (Caraktère, 2004)]
- Yannis KADARI & Laurent TIRONE, Panzerjäger Tiger(P) Ferdiand/Elefant, Sturmgeschütz ou Panzerjäger ? [Trucks & Tanks Magazine n°25 (Caraktère, 2011)]
- Philippe NAUD, Juillet 1943, une autre bataille oubliée, la 23. Panzer-Division contre-attaque sur le Mious [Tank Zone n°3 (Histoire & Collections, 2009)]
- Philippe NAUD, Les marquages de la 1.SS-PzGren-Div. Leibstandarte SS Adolf Hitler, Koursk, 1943 [Vae Victis n°112 (Histoire & Collections, 2012)]
- Heinz LEUSCHEN, Baptême du feu pour « Ferdinand » [Batailles & Blindés n°5 (Caraktère, 2004)]
- Jean-Philippe LIARDET & Nicolas PONTIC, Koursk 1943, Les forces en présence [Champs de Bataille Seconde Guerre mondiale thématique n°16 (Conflits & Stratégie, 2012)]
- Jean-Philippe LIARDET & Nicolas PONTIC, Koursk 1943, von Manstein attaque au Sud [Champs de Bataille Seconde Guerre mondiale thématique n°17 (Conflits & Stratégie, 2013)]
- Jean-Philippe LIARDET & Nicolas PONTIC, Koursk 1943, Model mis en échec au Nord [Champs de Bataille Seconde Guerre mondiale thématique n°18 (Conflits & Stratégie, 2013)]
- Nicolas PONTIC, Les Allemands pouvaient-ils l’emporter à Koursk, des atouts indéniables (14 pages) [Batailles & Blindés n°116 (Caraktère, 2023)]
- Nicolas PONTIC, Les chars soviétiques à Koursk, un emploi innovant ? [Batailles & Blindés n°115 (Caraktère, 2023)] : emploi en défense des unités blindées soviétiques et dans des contre-attaques lors de la bataille de Koursk (14 pages)
- Nicolas PONTIC, Panzer-Stellung, quand le char passe sur la défensive [Ligne de Front n°101 (Caraktère, 2023)]
- Nicolas PONTIC, L’artillerie, atout maître de l’armée russe ? La « déesse » de la guerre en question [Ligne de Front n°100 (Caraktère, 2022)]
- Nicolas PONTIC, Sapery contre Pionere, les sapeurs soviétiques et allemands à Koursk [Ligne de Front n°99 (Caraktère, 2022)]
- Nicolas PONTIC, Opération Roland, l’ultime espoir de von Manstein [Ligne de Front n°93 (Caraktère, 2021)]
- Dominique RENAUD, La bataille de Koursk, l’erreur ultime du III. Reich ? [Trucks & Tanks Magazine n°97 (Caraktère, 2023)] : objectifs et principes de l’opération Zitadelle, résumé de la bataille de Koursk, les raisons de l’arrêt allemand, bilan de l’engagement des nouveaux matériels allemands (Panther, Tiger, Ferdinand, Sturmpanzer IV, Wespe, Hummel, Grille), détail de l’engagement de Prokhorovka entre le II. SS-Panzer-Korps et la 5ème Armée de chars de la Garde soviétique (12 pages)
- Jean RESTAYN, Koursk, tome 1 [Batailles & Blindés hors-série n°9 (Caraktère, 2008)]
- Jean RESTAYN, Koursk, tome 2 [Batailles & Blindés hors-série n°10 (Caraktère, 2009)]
- Richard von ROSEN, Avec nos Tiger ! [39/45 Magazine hors-série Historica n°97 (Heimdal, 2019)]
- Rolf STEINER, Tueurs de chars, l’aviation antichar de la Seconde Guerre mondiale [Aérojournal n°68 (Caraktère, 2018)]
- Alexandre THERS, Koursk, pourquoi les Allemands ont-ils perdu ? [Ligne de Front n°37 (Caraktère, 2012)]
- Pierre TIQUET, Koursk, Karl Rettlinger et la StuG-Abteilung de la LSSAH [39/45 Magazine n°380 (Heimdal, 2023)] : parcours d’un vétéran de la SS-Division puis SS-Panzergrenadier-Division Leibstandarte SS Adolf Hitler puis 1. SS-Panzer-Division, combats à Koursk, Ukraine, Normandie, Ardennes, Hongrie (14 pages)
- Pierre TIQUET, Sturmartillerie de la Waffen-SS, la Totenkopf [39/45 Magazine hors-série Batailles & Témoignages n°15 (Heimdal, 2020)]
- Laurent TIRONE, Le char de combat T-34, autopsie d’une bête de guerre révolutionnaire [Ligne de Front n°87 (Caraktère, 2020)]
- Laurent TIRONE, Comment la Panzerwaffe a perdu la guerre, l’illusion de la supériorité technologique [Trucks & Tanks Magazine n°55 (Caraktère, 2016)]
- Laurent TIRONE, 1943, Panzer vs Tanks soviétiques, choc des générations à Koursk [Trucks & Tanks Magazine n°55 (Caraktère, 2016)]
- Laurent TIRONE, StuG III, le sauveur de la Panzerwaffe [Trucks & Tanks Magazine n°43 (Caraktère, 2014)]
- Laurent TIRONE, Panzer III Lang, les oubliés de la propagande [Trucks & Tanks Magazine n°28 (Caraktère, 2011)]
- Laurent TIRONE, La bataille de Koursk, les Tiger à la pointe de la Panzerwaffe [Trucks & Tanks Magazine n°18 (Caraktère, 2010)]
- Laurent TIRONE, Panzerjäger Tiger(P) Ferdinand versus Samokhodnaya Ustanovoka 152 [Trucks & Tanks Magazine n°8 (Caraktère, 2008)]
- Laurent TIRONE, Le Flammpanzer III ou un dragon d’acier sans ses griffes [Trucks & Tanks Magazine n°4 (Caraktère, 2007)]
- Hugues WENKIN, Le Sherman face au Panther (1ère partie), les Sherman de première génération face à leur destinée [39/45 Magazine n°376 (Heimdal, 2022)]
- Hugues WENKIN, Le Panther face au Sherman [Trucks & Tanks Magazine n°45 (Caraktère, 2014)]
Ludographie
- Trevor BENDER, Battle for Kursk, the Tigers Are Burning, 1943 [RBM Studio, 2020]
Historique de la page
- Dernière mise à jour : 13/12/2023
- Création : 09/09/2017
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.