Kiev 1941

Lors de l’opération Barbarossa, l’invasion de l’URSS durant la Seconde Guerre mondiale en Europe, les Allemands entrent dans Kiev le 19 septembre 1941. Mais bien plus que la prise de la ville, ils réalisent un gigantesque encerclement sur un territoire grand comme la Belgique, capturant plus de six cent mille hommes et détruisant toute l’aile sud de l’Armée Rouge. Malgré l’ampleur de la victoire opérationnelle, la bataille de Kiev illustre également les limites de la stratégie allemande en URSS.

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L’Armée Rouge tient Kiev

Le 22 juin 1941 l’Allemagne et ses alliés attaquent l’URSS malgré le pacte germano-soviétique. Au sud des marais du Pripiat, la Heeresgruppe Süd a pour objectif de détruire les forces de l’Armée Rouge en Ukraine et de s’emparer de Kiev. Ce groupe d’armées est le moins homogène de tous, incluant des contingents importants roumains, hongrois et slovaques. Face à lui, sont concentrées des forces importantes appartenant aux Fronts du Sud et du Sud-Ouest. Les Allemands progressent s’emparant de Lviv (Lemberg) et repoussant plusieurs contre-attaques soviétiques comme à Dubno. Cette avance est cependant moins spectaculaire que celle des Heeresgruppen Nord et Mitte. Le 21 juillet 1941, la 6. Armee est bloquée à une vingtaine de kilomètres de Kiev. Ce n’est que le 3 août 1941 que la Panzergruppe 1 parvient à réaliser un premier encerclement d’importance à Ouman ouvrant ainsi la voie à la conquête de la boucle du Dniepr.

La Heeresgruppe Mitte déjà dans le dur…

Pendant ce temps-là, la Heeresgruppe Mitte réalise trois encerclements majeurs à Bialystok Minsk et Smolensk. Mais la résistance de l’Armée Rouge est vive, provoquant une attrition continue des unités. Les combats se concentrent sur Roslav et Ielna, cette dernière devant être finalement évacuée. Un des premiers reculs allemands sous la pression soviétique.

Fin juillet 1941, l’opération Barbarossa apparaît déjà comme une impasse stratégique et opérationnelle, provoquant d’intenses débats au sein des états-majors allemands.

Nouvelles opportunités

Le 15 août 1941, Adolf HITLER confirme l’arrêt des opérations offensives de la Heeresgruppe Mitte en direction de Moscou tant que la question de Kiev et de Leningrad n’est pas réglée. Le 19 août 1941, la 2. Armee s’empare de Gomel au nord-nord-est de Kiev qui apparaît dès lors comme une position avancée vers l’Ouest. Considérant Moscou comme un objectif secondaire pour 1941, Adolf HITLER ordonne le 22 août 1941 d’exécuter une vaste manœuvre d’encerclement des forces soviétiques massées dans la région de Kiev.

Le 25 août 1941, la Panzergruppe 2 débute son attaque vers le sud-est. De violents combats se déroulent sur la Dessna et pour Konotop. De son côté, le LII. Armee-Korps de la 17. Armee parvient à établir une tête de pont sur le Dniepr à Krementchouk le 29 août 1941.

Le 11 septembre 1941, Konotop tombe finalement aux mains des Allemands tandis que plus au sud, la Panzergruppe 1 franchit le Dniepr à Krementchouk profitant de la tête de pont conquise quelques jours plus tôt. Ces deux événements confirmant ses craintes du danger d’un encerclement, Semion BOUDIENNY prévient Joseph STALINE de son intention de se replier. Celui-ci lui interdit formellement et lui ordonne tenir ses positions.

Le 16 septembre 1941, la 3. Panzer-Division de la Panzergruppe 2 et la 16. Panzer-Division de la Panzergruppe 1 font leur jonction sur les arrières soviétiques. La mâchoire tient bon malgré les tentatives de l’Armée Rouge de sortir de la poche. Au fond de la poche, la 6. Armee se remet en mouvement et pénètre dans Kiev le 19 septembre 1941. Les combats dans la poche se terminent le 26 septembre 1941.

Une victoire opérationnelle

La bataille de Kiev est assurément une victoire opérationnelle allemande. Elle libère la progression de la Heeresgruppe Süd vers la Crimée et Rostov-sur-le-Don. Mais contrairement la poche de Dunkerque en 1940, elle ne permet pas d’obérer définitivement les capacités militaires de l’Armée Rouge.

Cette dernière perd l’intégralité du Front Sud-Ouest. Les 5ème, 21ème, 26ème, 37ème, 38ème et 40ème Armées soviétiques sont soit détruites, soit très sévèrement amoindries.

Après trois mois de campagne, il apparaît que l’armée allemande et ses alliés ne sont pas assez forts pour obtenir une décision sur trois voire deux axes d’effort malgré les énormes pertes concédées par l’Armée Rouge. Pourtant, la progression va de nouveau diverger avec le déclenchement de l’opération Taïfun vers Moscou en fin d’année dans des conditions climatiques très défavorables. La décision d’Adolf HITLER de profiter de l’opportunité des positions conquises au nord et au sud de Kiev parait justifiée contrairement à ce que soutient Heinz GUDERIAN sur le moment et dans ses mémoires a posteriori. L’erreur est d’avoir cherché une décision dans des conditions très défavorables avant la fin de l’année 1941 plutôt que de continuer à détruire le plus possible d’unités soviétiques tout en préservant le potentiel militaire afin d’entamer 1942 dans un position favorable.

Bibliographie :