Située dans la vallée de l’Orne au sud de Caen, la ville se retrouve plongée dès le 6 juin 1944 dans la bataille de Normandie compte tenu de sa situation géographique qui en fait un carrefour routier et un point de passage ferroviaire…
Historique
Contexte
Dans le cadre de l’opération Overlord, les Alliés projettent de débarquer en Normandie pour ouvrir le front principal face au Troisième Reich qui doit leur permettre d’atteindre l’Allemagne et plus particulièrement le cœur industriel et sidérurgique de la Ruhr.
Avant la guerre, la ville compte 942 habitants (Guide du pneu Michelin 1939). A son niveau, la voie ferrée qui longe la vallée de l’Orne en provenance de Condé-sur-Noireau et du Sud traverse le cours d’eau pour monter ensuite sur Caen. D’un point de vue routier, Thury-Harcourt se situe également sur l’axe en provenance de Laval, soit un axe naturel direct pour l’arrivée des renforts allemands en direction des plages de Débarquement. Mais la ville se situe également sur la transversale qui va de Falaise à Saint-Lô en passant par Aunay-sur-Odon et Caumont-l’Eventé puis qui rejoint le Cotentin. Cet axe peut permettre aux Allemands de faire coulisser leurs unités sur toute la ligne de front face à la zone d’assaut alliée et se substituer à celui de la Nationale 13 dont la coupure fait partie des objectifs prioritaires pour le 6 juin 1944.

Couper les axes de circulation !
L’ensemble des opérations relatives au Débarquement fait l’objet d’une préparation et d’une planification minutieuse. L’isolement de la zone côtière fait partie de l’un des objectifs principaux alliés afin d’empêcher les Allemands de rameuter rapidement des renforts qui puissent leur permettre de bloquer les troupes débarquées dans un espace réduit, comme à Anzio, voire de les contre-attaquer.
Bénéficiant d’une supériorité aérienne quasi totale grâce à l’attrition continue de la Luftwaffe et au bombardement systématique de ses terrains d’aviation qui repousse ses bases du front, les Alliés peuvent envisager un appui aérien conséquent et continu.
Mettant temporairement en pause leurs bombardements stratégiques sur le Troisième Reich, ils emploient le Bomber Command et la 8th US Air Force en appui des directs des opérations au sol. Ainsi, après avoir ciblé les défenses côtières juste avant le débarquement des premières vagues d’assaut, les bombardiers alliés doivent cibler les principaux points de transit routiers et ferroviaires, dans l’arrière-pays et sur les principaux cours d’eau (notamment Loire et Seine).

Ainsi, la 3rd US Bomb Division de la 8th US Air Force doit viser Thury-Harcourt, ainsi que Lisieux et Falaise en fin d’après-midi le 6 juin 1944 (voir Hugues WENKIN, La Mighty Eight appuie Overlord). Le mauvais temps empêche cependant les bombardements prévus de se produire. Ainsi, “Falaise et Thury-Harcourt échappent à la destruction” (Patrick FISSOT, Manche-Calvados, 11 000 victimes civiles), mais ce n’est que partie remise.
Plaque tournante du front allemand
L’attention des bombardiers alliées n’est pas fortuite. En effet, Thury-Harcourt se retrouve vite un point de passage obligé pour les renforts allemands. Ainsi, la ville se situe sur l’un des trois axes d’arrivée de la 130. Panzer-Lehr-Division qui se met en route dès le 6 juin 1944 en fin de journée (voir La Panzer-Lehr-Division, le choc des Alliés brise l’arme d’élite de Hitler).
Le front se figeant au Nord de Caen durant de longues semaines dès les premiers jours de la bataille de Normandie malgré les tentatives britanniques de trouver un passage (opération Perch par exemple), Thury-Harcourt reste longtemps à l’arrière des lignes allemandes. A quelques encablures de la ville, le quartier général de la Panzergruppe West s’installe à La Caine. Repéré par les Alliés, il est bombardé massivement le 10 juin 1944, le rendant inopérant pendant plusieurs semaines.
Combats
Il faut attendre l’opération Bluecoat, quelques jours après la percée de l’opération Cobra, pour voir le front britannique de l’Orne à Caumont-l’Eventé enfin bouger significativement. Déclenchée le 30 juillet 1944, elle permet aux Britanniques de la 2nd Army de faire un bond jusqu’à Vire et le Mont-Pinçon et de s’emparer enfin de la cote 112.
Voir aussi
Bibliographie
Livres
- Claude QUETEL (sous la direction de), Dictionnaire du Débarquement [Ouest-France, 2011]
Magazines et périodiques
- Patrick FISSOT, Manche-Calvados, 11 000 victimes civiles, in 1944, l’été sanglant : 30 villes normandes sous les bombes [Historia / Paris Normandie, 2019]
- Hugues WENKIN, La Mighty Eight appuie Overlord [Normandie 1944 Magazine n°47 (Heimdal, 2023) ]
Historique de la page
- Mise à jour : 13/05/2023