Au cours de la Seconde Guerre mondiale en Europe, face au risque identifié d’une invasion de la Belgique, du Luxembourg et de la Hollande par l’Allemagne pour contourner l’obstacle représenté par la Ligne Maginot, les Français avec leur allié britannique élabore la manœuvre Dyle-Breda. Se terminant par la poche de Dunkerque et l’opération Dynamo, l’historiographie considère pendant longtemps que ce plan représente une erreur qui permet la victoire allemande à l’Ouest en mai et juin 1940. Le jugement doit cependant être plus nuancé et son échec est d’avantage à rechercher dans son exécution que dans ses principes.
Historique
La manœuvre Dyle-Breda est le nom donné au cours de la Seconde Guerre mondiale au plan franco-britannique imaginé en réaction à une éventuellement invasion allemande de la Belgique et de la Hollande et conçu sous la houlette de Maurice GAMELIN.
L’objectif est de tenir une ligne dans le prolongement de la Ligne Maginot en s’appuyant sur la Meuse de Sedan à Namur, en couvrant la trouée de Gembloux et en tenant sur la Dyle jusqu’à Anvers pour établir un lien avec l’armée néerlandaise. Ce faisant, une partie du territoire belge est abandonné ainsi que le massif des Ardennes en Belgique et au Luxembourg. Afin de laisser le maximum de temps aux unités de s’installer sur leurs positions défensives, les unités de cavalerie doivent couvrir l’avance et faciliter le repli des unités belges.
Les motivations du plan sont logiques. Il s’agit de tendre la main à des pays qui se sont déclarés neutres mais qui sont néanmoins attaqués tout en repoussant le plus loin possible la ligne de front du territoire français et notamment des zones industrielles et minières du Nord et de Wallonie qui étaient rapidement tombées aux mains des Allemands en 1914 au cours de la Première Guerre mondiale. Les Britanniques y voient également un avantage car cette manœuvre permet de conserver la côte belge aux mains alliées afin d’éviter que les Allemands ne soient en mesure de menacer directement les côtes anglaises.
Le plan est cependant affaibli par la posture belge de neutralité qui empêche toute coordination avec les Alliés notamment français et ne permet pas la préparation de réelles lignes de défenses aux endroits prévus.
Si le déclenchement de l’opération Fall Gelb le 10 mai 1940 semble correspondre aux attentes alliées, plusieurs éléments vont cependant ruiner instantanément le plan prévu. Tout d’abord, l’usage extensif d’assauts aéroportés soit en Hollande, soit pour s’assurer de points de passage stratégiques afin de faciliter l’avance des unités terrestres réduit considérablement le délai laissé aux unités alliées pour atteindre les lignes prévues. Le manque de défenses préétablies se révèle d’autant plus grave que les Allemands se présentent déjà face aux unités franco-britanniques à peine arrivées. La Meuse est franchie relativement facilement à Dinant et Monthermé. Le 13 mai 1940, la ligne de défense de la Meuse est percée à plusieurs endroits, la trouée de Gembloux est menacée, la hollande est déjà à terre sans possibilité d’être secourue. La percée de Sedan aggrave la situation car le front français se rompt à son pivot et permet l’enveloppement du corps de bataille mobile franco-britannique qui n’est plus en mesure non plus d’épauler l’armée belge.
Bibliographie
Livres
- Jean-Robert GORCE, La ruée des Panzers des Ardennes à la mer [Heimdal, 1997]
- Erik BARBANSON, La 1ère DLM au combat [Histoire & Collections, 2021] : livre de cent cinquante deux pages retraçant la création de la 1ère Division Légère Mécanique (DLM), détaillant sa composition et son équipement, son engagement opérationnel au jour le jour de la manœuvre Dyle-Breda, ses combats en Hollande à Tilburg, Breda et Moerdjik, en Belgique à Turnhout et son repli sur le canal Albert, son engagement sur la Sambre (Berlaimont, Landrecies), dans l’Avesnois (forêt de Mormal, Jolimetz), en Thiérache (Le Cateau, Solesmes), à Denain sur l’Escaut, à Mont-Saint-Eloi, son évacuation par Dunkerque, sa reformation puis ses combats à Pacy-sur-Eure jusqu’à son repli et à l’Armistice – Texte, cartes, photos, profils couleurs.
- Henry BIDOU, La bataille de France (10 mai – 25 juin 1940) (Editions du milieu du monde, 1941) : livre de plus de deux cinquante pages retraçant les grandes lignes des opérations militaires à l’Ouest en mai et juin 1940 (Drôle de guerre, blocus dans l’Atlantique, manœuvre Dyle-Breda, Canal Albert, Hannut/Gembloux, Ardennes, Meuse avec Dinant et Sedan, Sambre, Avesnois, Oise, Dunkerque, Ligne Weygand, résistance face à Fall Rot, Ligne Maginot, Alpes) mettant en avant la combativité de l’armée française, les écarts alors perçus avec l’armée allemande (supériorité en chars et en avions) – Texte.
- Bruno CHAIX, En mai 1940, fallait-il entrer en Belgique ? Décisions stratégiques et plans opérationnels de la campagne de France (Economica, 2000) : livre de plus de trois cent pages décrivant l’évolution des conceptions stratégiques françaises de 1919 à 1940 pour se défendre face à l’Allemagne et en cas d’agression par la Belgique, élaboration de la manœuvre Dyle-Breda, exécution en réaction au déclenchement de Fall Gelb quand les Allemands lancent les hostilités à l’Ouest le 10 mai 1940 en Hollande, Belgique et Luxembourg, les conséquences de la chute du canal Albert, Hannut/Gembloux, les combats dans les Ardennes, le franchissement de la Meuse à Dinant, Monthermé et Sedan, les réactions à la percée allemande – Texte, cartes.
- Eric DENIS, L’armée de terre française du 10 mai 1940 (Economica, 2021) : livre de deux cent pages sur les unités terrestres françaises à veille du déclenchement de l’opération Fall Gelb, détaillant l’évolution des stratégies militaires du Plan E à la manœuvre Dyle-Breda, la conception et l’organisation de Ligne Maginot, l’évolution des chars, des blindés, des véhicules de servitude, les programmes de production, les commandements, les effectifs, la formation militaire, la mobilisation générale, les Bataillons de Chars de Combat (BCC), les Divisions Légère Mécaniques (DLM), les Divisions de Cavalerie (DC), les Divisions Légères de Cavalerie (DLC), les Divisions Cuirassées (DCR), les unités du train et du génie, les divisions d’infanterie, les fusils, pistolets, mitrailleuses, pistolets-mitrailleurs, grenades, mortiers, canons ainsi que l’ordre de bataille complet au 10 mai 1940 en France – Texte, cartes, ordres de bataille, photos.
- Dominique LORMIER, Mai-juin 1940, les causes de la défaite, panorama inédit des responsabilités politiques et militaires (Alisio, 2020) : livre de plus de deux cent cinquante pages analysant les causes de la défaite française à l’Ouest en 1940 remettant en cause le principe que seule la France serait responsable en rappelant les erreurs britanniques, belges et hollandaises (héritage du Traité de Versailles, rendez-vous diplomatique raté avec l’Italie de Benito MUSSOLINI et conséquence indirectes de l’invasion de l’Ethiopie, erreurs de Maurice GAMELIN et opposition avec Alphonse GEORGES sur l’ampleur de la manœuvre Dyle-Breda, dispersion des divisions blindées, rôle d’Edouard DALADIER, combativité de l’armée française, contexte de l’Armistice) – Texte.
Magazines et périodiques
- Erik BARBANSON, La 1ère DLM dans les combats de 1940 (1ère partie), de la Hollande à Dunkerque, in 39/45 Magazine n°150 (Heimdal, 1998) : article de vingt pages sur l’engagement de la 1ère Division Légère Mécanique (DLM) en mai 1940 lors de la manœuvre Dyle-Breda, son premier contact avec la 9. Panzer-Division sur le canal de Turnhout avant de se replier derrière le canal Albert, son rappel en France pour s’opposer aux 5. Panzer-Division et 7. Panzer-Division entre la Sambre et l’Escaut avant de parvenir à nouveau à se replier, son engagement au Mont Saint-Eloi dans le secteur d’Arras toujours face aux mêmes divisions allemandes, sa défense des abords de Lille puis sur la Lys avant le repli sur Dunkerque et l’évacuation lors de l’opération Dynamo – Texte, photos, cartes.
- Loïc BECKER, Les quatre tournants de la campagne de France, là ou (presque) tout s’est joué, in Ligne de Front n°86 (Caraktère, 2020) : article de dix pages tentant d’illustrer la défaite française lors des opérations à l’Ouest en mai/juin 1940 face à l’opération Fall Gelb au travers de quatre exemples (dépassement du haut-commandement français concernant la traversée allemande des Ardennes pendant que la manoeuvre Dyle-Breda se met en place, Montcornet, Lille et Abbeville) – Texte, cartes, photos, profils couleurs.
- Loïc BECKER, L’Infanterie de l’Air, le “faux départ” des parachutistes français, in Ligne de Front n°82 (Caraktère, 2019) : article de huit pages sur les premières unités parachutistes françaises, la naissance des Groupes de l’Infanterie de l’Air (GIA) numérotés 601 et 602, leur éventuelle participation à la manœuvre Dyle-Breda, leur utilisation pendant la Drôle de Guerre comme corps francs dans les intervalles de la Ligne Maginot – Texte, photos, dessin couleurs.
- Yves BUFFETAUT, Mai 1940, les chars français au combat, in Militaria hors-série n°96 (Histoire & Collections, 2015) : numéro de quatre-vingt pages les évolutions des armes blindées françaises et allemandes durant l’Entre-Deux-Guerres, la situation des chars français et allemands à la veille du déclenchement de l’opération Fall Gelb à l’Ouest, l’emploi des Divisions Légères Mécaniques dans la manœuvre Dyle-Breda en Belgique (1ère DLM, bataille d’Hannut/Gembloux avec les 2ème et 3ème DLM du Corps de Cavalerie), les Divisions Légères de Cavalerie dans les Ardennes (1ère, 4ème et 5ème DLC), 4ème et 7ème BCC à Sedan et Stonne, le passage de la Meuse à Dinant et Houx, la 1ère Division Cuirassée à Flavion, l’éparpillement de la 2ème Division Cuirassée, la 3ème Division Cuirassée à Stonne, la 4ème Division Cuirassée à Montcornet et Crécy-sur-Serre – Texte, photos, cartes, profils couleurs.
- Yves BUFFETAUT, Le corps expéditionnaire britannique débarque en France, in Batailles n°26 (Histoire & Collections, 2008) : article de huit pages sur le British Expeditionary Force (BEF) en Belgique lors de l’exécution de la manœuvre Dyle-Breda en réaction à l’invasion allemande (opération Fall Gelb), les combats sur la Dyle où la 2nd Infantry Division repousse une tête de pont établie par la 31. Infanterie-Division – Texte, photos.
- Maurice GAMELIN, Manœuvre Dyle-Breda, le général Gamelin s’explique, in GBM n°75 (Histoire & Collections, 2007) : article de huit pages transcrivant les commentaires a posteriori de Maurice GAMELIN sur la manœuvre Dyle-Breda et l’entrée en Belgique face au déclenchement de l’offensive allemande Fall Gelb le 10 mai 1940 – Texte, cartes, photos.
- Jean-Philippe LIARDET, Les plans et les forces en présence, in Champs de bataille Seconde Guerre mondiale thématique hors-série n°4 (Conflits & Stratégie, 2010) : article de dix-huit pages (dont douze entièrement couvertes de cartes, d’ordres de bataille et de profils couleurs) présentant la stratégie allemande et celle française pour les opérations militaires à l’Ouest en 1940 avec l’opposition entre Fall Gelb et la manœuvre Dyle-Breda – Texte, cartes, ordres de bataille, photos, profils couleurs.
- Régis POTIE, Vie et mort d’un escadron Somua, l’escadron de Ségonzac, 1/4e Cuirassiers de la 1re DLM, in GBM n°81 (Histoire & Collections, 2008) : article de huit pages sur l’un des deux régiments de combat de la 1ère Division Légère Mécanique (DLM) décrivant sa formation, l’entrée en Belgique lors de la manoeuvre Dyle-Breda, le retour précipité en France pour s’opposer à la percée allemande, les combats de Berlaimont et la couverture du Quesnoy – Texte, cartes, ordre de bataille, photos, profils couleurs.
- Camille VARGAS, France 1940, la défaite passée au crible [Batailles & Blindés hors-série n°48 (Caraktère, 2022)]
- François VAUVILLIER, L’escadron H35 du 1er RAM [GBM n°145 (Histoire & Collections, 2023)] : historique du régiment affecté à 1a 1ère Division Légère de Cavalerie (DLC) avec ses Hotchkiss H35 engagé dans les Ardennes lors de la couverture de la Meuse dans le cadre de la manœuvre Dyle-Breda à Dinant et son anéantissement dans le secteur de Philippeville (10 pages)
Historique de la page
- Dernière mise à jour : 23/07/2023