Maastricht tient géographiquement une position particulière. Située à l’ouest d’Aix-la-Chapelle (Aachen), à quelques kilomètres de la frontière allemande et sur la frontière belge, la ville est traversée du sud au nord par la Meuse et bordée à l’ouest par le canal Albert. A portée immédiate des troupes allemandes, elle peut vite représenter un point de blocage rédhibitoire en cas d’offensive. De quoi représenter un enjeu stratégique lors du déclenchement de Fall Gelb le 10 mai 1940 au cours de la Seconde Guerre mondiale en Europe.
Afin d’éviter un assaut par le Rhin et la Ligne Maginot, les Allemands préfèrent violer la neutralité des Pays-Bas, de la Belgique et du Luxembourg pour entrer en France par ses frontières nord bien moins défendues. En envahissant ces pays, les Allemands prennent le risque d’augmenter les moyens qui leur sont opposés si le conflit doit durer. D’où l’impératif de la vitesse pour empêcher les unités franco-britanniques de voler au secours des pays agressés et de mettre en place un front continu tel que prévu dans la manœuvre Dyle-Breda.
Il suffit que les Hollandais puis les Belges parviennent à faire sauter les ponts sur la Meuse et le canal Albert puis interdisent le franchissement en force de ces coupures humides et les rêves d’avance rapide s’évanouissent. Pour permettre une percée rapide, les Allemands mettent au point plusieurs opérations spéciales qui cherchent à éviter chacun de ces désagréments : commandos déguisés en uniformes hollandais pour s’emparer des ponts à Maastricht, commandos aéroportés pour s’emparer de trois ponts sur le canal Albert au débouché de la ville, un commando aéroporté pour neutraliser le fort d’Eben-Emael qui interdit de ses feux le franchissement du canal Albert au débouché de Maastricht.
Dans la nuit du 9 au 10 mai 1940, peu avant le début de l’assaut du gros des troupes, des commandos tentent donc de s’emparer des quatre points de passage sur la Meuse à Maastricht même. La ruse est découverte et les Hollandais parviennent à actionner les charges de destruction des ouvrages qui s’effondrent dans le cours d’eau. Le premier assaut de force est un échec. L’intervention de la 4. Panzer-Division permet de faire plier la résistance hollandaise et de lancer la construction de trois ponts sur la Meuse en milieu de journée. Pendant ce temps, les commandos aéroportés sur les ponts de Vroenhoven et de Veldwezelt font face à plusieurs contre-attaques belges tandis que la 3ème Division Légère Mécanique (DLM) se rapproche.
Bibliographie :
Jean-Yves MARY, Mémorial de la bataille de France, volume 1 (Heimdal, 2016)
Jean-Paul PALLUD, Blitzkrieg à l’Ouest (Heimdal, 2000)
Liens externes :
- War over Holland (en anglais)