Poméranie 1945

Lancée à partir du 12 janvier 1945 au cours de la Seconde Guerre mondiale en Europe, l’opération Vistule-Oder menée par l’Armée Rouge permet d’isoler la Prusse Orientale et de percer jusqu’à l’Oder où plusieurs têtes de pont sont lancées dans la foulée à moins de cent kilomètres de Berlin. Néanmoins, l’avance soviétique forme un saillant bordé au nord par la Poméranie toujours aux mains des Allemands tandis que les combats autour de Königsberg et de Posen immobilisent d’importantes forces de l’Armée Rouge

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Historique

Contexte

Avec les offensives du printemps et de l’été 1944, l’Armée Rouge parvient à repousser la Wehrmacht, ses alliés roumains et hongroise au-delà de leurs bases de départ au déclenchement de l’opération Barbarossa trois ans auparavant. Les conséquences sont catastrophiques pour le III. Reich qui doit faire face en même temps à l’opération Overlord à l’Ouest qui amène les Alliés occidentaux sur le Westwall. La Roumanie bascule du côté allié, la Heeresgruppe Nord est encerclée en Courlande, la Prusse Orientale est menacée.

Au cours de l’automne et de la fin 1944, la Wehrmacht parvient néanmoins à stabiliser quelque peu la situation tout en étant obligée d’évacuer les Balkans. La situation en Hongrie est également précaire puisque les Soviétiques encerclent désormais Budapest.

Adolf HITLER accorde la priorité stratégique à l’Ouest en planifiant et en exécutant une succession de contre-offensives (Wacht am Rhein / Herbstnebel, Bodenplatte, Nordwind) afin de reprendre l’initiative. En vain. A l’est, en Prusse Orientale et en Pologne, la Wehrmacht consolide ses positions sans recevoir de renforts significatifs tandis que la priorité se concentre sur les tentatives de dégagement de Budapest.

Opération Vistule-Oder

A partir du 12 janvier 1945, alors que l’échec dans les Ardennes est consommé, l’Armée Rouge déclenche son offensive à partir de ses têtes de pont sur la Vistule. Le front allemand est percé et les réserves sont incapables de rétablir la situation. Varsovie tombe le 17 janvier 1945. L’Oder est franchie dans le secteur de Breslau (Wroclaw) dès le 23 janvier 1945 puis à Küstrin le 24 janvier 1945. Au même moment, les pointes avancées de la 5ème Armée soviétique de Chars de la Garde atteint Elbing et encercle les unités allemandes en Prusse Orientale même si la ville reste finalement sous contrôle allemand. La ville de Posen (Poznan) est encerclée le 25 janvier 1945.

Raidissement allemand

Le 24 janvier 1945, la Heeresgruppe Weichsel est formée sous le commandement de Heinrich HIMMLER avec Heinz LAMMERDING comme chef d’état-major. Elle prend notamment en charge la Poméranie et profite de la création de la 11. SS-Panzer-Armee officiellement constituée le 26 janvier 1945 sous les ordres de Felix STEINER.

Plusieurs unités sont également transférées de Courlande en Poméranie. La 2. Armee assure la défense d’Elbling (Elblag) et le long de la Vistule tandis que la 11. SS-Panzer-Armee prend en charge le flanc sud le long des forces soviétiques qui progressent plein ouest vers l’Oder. Tenter de percer pour rejoindre les troupes encerclées à Königsberg semble impossible dans l’immédiat d’autant qu’il est urgent d’empêcher l’Armée Rouge de foncer sur Berlin qui semble être son objectif principal. En effet, les principaux commandants en chef soviétiques souhaitent profiter de l’effondrement allemand et de la faiblesse des moyens pour défendre la capitale du III. Reich.

La Poméranie devient prioritaire sur Berlin

Mais Joseph STALINE suspend les préparatifs d’assaut sur Berlin dès le 6 février 1945. Malgré leur victoire, les unités soviétiques sont usées, fatiguées et souffrent d’importantes tensions logistiques liées à leur avance rapide. En dépit de leur supériorité en hommes et en matériels, les lignes sont trop étirées et les unités trop dispersées. De plus, les relations se tendent entre les Alliés à Yalta au sujet des futures frontières entre URSS et Pologne, Pologne et Allemagne. Autant de bonne raisons de régler d’abord le sort de la Poméranie et de la Silésie pour s’emparer de la Tchécoslovaquie. A l’Ouest, les Alliés, retardés par la contre-offensive allemande des Ardennes, n’ont pas encore franchi le Rhin et ne sont pas prêts d’atteindre la capitale du III. Reich…

Ainsi, le 8 février 1945, la STAVKA ordonne au Second Front de Biélorussie de s’emparer de la Poméranie afin d’assurer le flanc nord de l’assaut final sur Berlin. L’attaque débute le 10 février 1945 face aux lignes de la 2. Armee qui tient le front oriental de la Poméranie face au corridor soviétique qui coupe la Prusse Orientale du reste des lignes allemandes. La ville d’Elbling (Elblag) doit alors être évacuée. Schwetz (Swiecie) tombe le 13 février 1945.

Un balcon stratégique gâché

Le 15 février 1945, la 11. SS-Panzer-Armee déclenche l’opération Sonnenwende sur Arnswalde qui est reprise. L’idée de départ est de foncer plein sud pour atteindre Küstrin permettant d’encercler l’ensemble des unités soviétiques avancées sur l’Oder. Mal conçue, manquant de moyens et piteusement commandée, la contre-attaque doit être finalement stoppée le 18 févier 1945 face à la résistance soviétique. Les quelques gains territoriaux sont immédiatement perdus. Le secteur passe ensuite sous l’autorité de la 3. Panzer-Armee dont l’état-major est évacué de Prusse Orientale afin de prendre la relève de celui de la 11. SS-Panzer-Armee.

Sur le front de la 2. Armee, la défense allemande recule mais ne rompt pas face au Second Front de Biélorussie. Les Soviétiques cessent alors leur attaque le 19 février 1945 pour se changer de plan et se redéployer. Mais le répit n’est que de courte durée.

L’effondrement

La seconde tentative soviétique pour s’emparer de la Poméranie s’effectue sur quatre axes lancés les uns après les autres en partant du sud. Le deux premiers visent à cisailler à couper en deux la province par une double percée jusqu’à la Baltique. Le troisième consiste à atteindre l’embouchure de l’Oder tandis que le quatrième vise à s’emparer de Stettin ( Szczecin) sur le fleuve.

Très fortement renforcé, le Second Front de Biélorussie repart en premier à l’assaut de la Poméranie le 24 février 1945. En face les Allemands ne reçoivent que de maigres renforts dont la 33. Waffen-Grenadier-Division der SS avec ses volontaires français qui arrivent au moment même où les Soviétiques déclenchent leur attaque. Neustettin (Szczecinek) tombe le 28 février 1945 et l’Armée Rouge progresse rapidement en direction de la Baltique.

De son côté, le Premier Front de Biélorussie attaque à partir du 1er mars 1945 et perce directement le front tenu par la 3. Panzer-Armee. En raison du désastre, Hasso von MANTEUFFEL remplace Erhard RAUS à compter du 2 mars 1945. Le 4 mars 1945, les forces soviétiques atteignent la Baltique et encerclent Kolobrzeg (Kolberg). La Korpsgruppe von Tettau parvient à s’échapper avec plusieurs milliers de réfugiés vers l’ouest par les plages sous le feu soviétique tandis que la garnison de Kolobrzeg (Kolberg) organise des évacuations nocturnes par bateau. Le 5 mars 1945, le Second Front de Biélorussie s’empare également de Koszalin (Köslin) sur la Baltique. Entre les deux pointes soviétiques disparait le X. SS-Armee-Korps tandis que la 2. Armee est définitivement encerclée dans une poche autour de Gdansk (Dantzig), isolée du reste de la Heeresgruppe Weichsel.

Le 12 mars 1945, JOUKOV suspend les attaques de ses 47ème Armée et 61ème Armée en direction de Stettin. De son côté, la 8th US Air Force bombarde violemment Swinemünde à l’embouchure de l’Oder. Plusieurs milliers de réfugiés meurent sous les bombes et dans les incendies.

Le Premier Front de Biélorussie repart à l’attaque le 14 mars 1945 avec des renforts d’artillerie mais l’intervention de la 10. SS-Panzer-Division permet de colmater les brèches. Mais le lendemain, au moment où l’Armée Rouge relance ses assauts, Adolf HITLER décide de transférer une partie des unités de la 3. Panzer-Armee sur l’Oder en direction de Küstrin afin de protéger Berlin. La tête de pont d’Altdamm est évacuée le 20 mars 1945, laissant les Soviétiques le long de l’Oder de la Baltique à Küstrin.



Bibliographie

Repères bibliographiques

Livres

Publications générales

39/45 Magazine

Batailles

  • Yves BUFFETAUT, Et si Berlin était tombé en février 1945 ? [Batailles n°91 (Ysec, 2020)]

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