Koursk, 1943 (Perrin, 2018)

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Présentation

Merveilleux, vivifiant, rafraîchissant, éclairant… Les qualificatifs qui conviennent à cet énième ouvrage sur la bataille de Koursk en juillet 1943 sur le Front de l’Est ne manquent pas. Ecrit par un auteur allemand originaire de l’ex-Allemagne de l’Est baigné dans sa jeunesse par une vision politiquement très orientée de la Seconde Guerre mondiale en général et du choc germano-soviétique en particulier, ce livre repose sur le postulat que tout ce qui a été écrit par l’un ou l’autre camp est faux ou non prouvé. Que les témoignages de l’époque sont par définition biaisés. Et qu’il est donc indispensable de se replonger dans les sources brutes, c’est à dire les archives. Bien entendu, celles de l’Armée Rouge sont encore très loin d’être ouvertes et accessibles. Celles de la Wehrmacht ne sont que partiellement connues et lues alors qu’elles sont intégralement disponibles, enfin pour celles qui ont subsisté aux combats et à la défaite.

Cela fait déjà quelques temps que la vision traditionnelle du champ du cygne de l’arme blindée allemande face aux défenses soviétiques était remise en cause. Pourtant Koursk restait encore la victoire claire et définitive de l’Armée Rouge sur son adversaire germanique qui a entraîné par ricochet l’effondrement du Front de l’Est…

Plus récemment encore, certains historiens ont commencé à replacer les quelques jours de Koursk dans un ensemble d’opérations et de combats plus vastes. C’est le cas notamment de Jean LOPEZ qui rédige fort intelligemment et en fin connaisseur du Front de l’Est la préface de ce livre.

Mais Roman TÖPPEL réussit l’exploit de donner une vision globale, simple et complète de la bataille de Koursk. Volontairement, il ne rentre pas dans le détail des combats (le livre de Jean LOPEZ le fait très bien tout comme Ligne de Front hors-série n°31Batailles & Blindés hors-série n°9Batailles & Blindés hors-série n°10 ou encore Batailles & Blindés hors-série n°34 pour l’aspect matériel côté allemand) mais replace les décisions des deux camps dans leur contexte.

Ce qui surprend au fil des pages, c’est encore la relative autonomie des commandants en chef allemands sur le front. L’opération Zitadelle est inspirée non par Adolf HITLER mais par ses généraux. Alors que la 9. Armee semble échouer lamentablement avec la pince Nord, l’analyse comparée des pertes allemandes et soviétiques est loin de démontrer aussi catégoriquement cette affirmation. Sans pour remettre en cause le fait que les hommes de Walter MODEL se sont assez vite retrouvés bloqués par les défenses de l’Armée Rouge. Mais le prix à payer par les Soviétiques est colossal.

Côté Sud, l’échec de la percée ne semble pas reposer uniquement sur l’incapacité de l’Armee-Abteilung Kempf à coller la 4. Panzer-Armee et à protéger ses flancs. Les pertes allemandes sont bien moins importantes que celles présentées par la propagande soviétique. Par contre, celles de l’Armée Rouge sont abyssales.

Dans les airs, idem. Les forces aériennes soviétiques sont taillées en pièce.

Pourtant, Koursk demeure un échec allemand. Le saillant soviétique n’est pas réduit et les deux pinces ont échoué à prendre dans une nasse soldats et matériels de l’adversaire. Mais ce n’est pas non plus une réelle victoire soviétique. L’Armée Rouge est laminée dans la zone des combats. Les réserves destinées à prendre l’offensive sur Orel et sur le Donbass ne sont toutefois pas entamées. Contrairement à la légende, les forces allemandes, notamment blindées, ne sont pas saignées et elles peuvent intervenir ensuite sur les secteurs menacés par l’Armée Rouge. Ce sont plutôt les divisions d’infanterie qui ont le plus souffert. Les blindés perdus pendant les quelques jours de l’opération Zitadelle sont assez peu nombreux et en tout cas bien moins nombreux que dans les combats défensifs de fin juillet et d’août.

L’offensive allemande sur Koursk apparaît dès lors comme l’une des seules alternatives sensées qui se présentait à l’état-major allemand. Son but final n’a certes pas été atteint, mais les pertes infligées à l’Armée Rouge sont telles que les offensives soviétiques suivantes ne trouveront pas assez de renfort pour anéantir encore en 1943 l’armée allemande en URSS qui disposent d’un potentiel de combat peu éprouvé par les combats de Koursk…

Ce livre revient également sur l’impact réel du débarquement allié en Sicile et sur la capitulation italienne. Force est de constater qu’il n’y a aucune grande unité allemande qui quitte le Front de l’Est immédiatement et directement après l’arrêt des actions offensives sur Koursk. Cependant, l’accumulation des menaces (tant soviétiques qu’alliées) a certainement joué un rôle dans l’ordre d’arrêt de l’offensive allemande. Poursuivre plus avant n’aurait servi à rien, si ce n’est à augmenter des pertes jusqu’alors raisonnables pour un résultat plus qu’incertain.

Egalement passionnante, la conclusion revient sur des décennies de mensonges et d’interprétations erronées par chaque camp…

Bref, ce livre très bien écrit, facile à lire et à comprendre, même pour des néophytes, est magistral et mérite amplement le soutien du Ministère des Armées dont il fait l’objet.

L’article paru dans 39/45 Magazine n°351 sur Koursk résume les principaux points de l’étude de Roman TÖPPEL et insiste sur l’importance de ce livre dans la compréhension historique de cette bataille – il met également à jour les informations parues en 1998 dans l’album écrit par François de LANNOY.

Thèmes abordés

Sommaire détaillé

  • Préface
  • Avant-propos
  • Introduction, bataille de Koursk ou bataille entre Orel et Bielgorod ?
  • Imposer sa loi à l’action, les préparatifs de l’été 1943
  • Le saillant de feu, les combats pour Koursk, Orel et Kharvov à l’été 1943
  • Bataille d’attrition, les conséquences des combats de l’été 1943 sur le Front de l’Est
  • Victoires mensongères, la bataille pour la mémoire

Caractéristiques

Historique de la page

  • 04/12/2022 : création de la page à partir de l’article paru le 07/04/2018

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