Dans la collection New Vanguard, Tanks in Operation Bagration 1944 rédigé par Steven ZALOGA analyse l’engagement des chars et chasseurs de chars allemands et soviétiques durant l’opération Bagration qui voit pour la première fois le couple T-34/85 et JS-2 mis en œuvre à grande échelle par l’Armée rouge…
Présentation
Un format toujours aussi efficace !
Publié à la suite d’une série assez longue de “Tanks in…”, ce livre ne fait pas exception aux autres ouvrages du même type de Steven ZALOGA. L’architecture retenue est identique, condition indispensable pour garantir un rythme élevé de publications ! La pagination relativement réduite force l’exercice de synthèse plutôt bien mené.
Plusieurs tableaux statistiques fournissent de très intéressantes données sur les effectifs engagés, la production des matériels, les pertes. Certains chiffres sont ainsi particulièrement frappants et illustrent parfaitement les choix opérés ou les difficultés rencontrées, même si comme le souligne l’auteur, les chiffres disponibles ne sont ni exhaustifs, ni totalement fiables…
Une douzaine de profils couleurs grand format complètent le tout ainsi que le traditionnel dessin sur deux pages en encart central qui reprend l’illustration de couverture.
Un front volontairement délaissé au profit de l’Ouest
S’emparer de la question des blindés au moment du déclenchement de l’opération Bagration permet à l’auteur de rebondir sur le constat qu’il établit déjà dans German Tanks in Normandy 1944 et Allied Tanks in Normandy 1944. La Panzerwaffe en URSS se retrouve en effet considérablement affaiblie d’un point de vue qualitatif et quantitatif comme le montrent les chiffres publiés (nombre de divisions blindées, transfert à l’Ouest de la quasi totalité des unités d’élite, sous-représentation des chars par rapport aux chasseurs de chars).
Cette situation traduit bien les priorités stratégiques retenues par le Troisième Reich mi-1944 et l’importance que représente le succès du Débarquement allié en Normandie. L’impossibilité pour les Allemands de rejeter rapidement les Alliés à la mer hypothèque ce choix de priorité et laisse l’Ostfront dans une situation volontairement précaire.
Une nouvelle ère en termes d’équipements et de doctrine
Dans la présentation de l’état des forces en présence, Steven ZALOGA expose également de façon très limpide l’évolution des deux camps et le chemin parcouru depuis l’opération Barbarossa d’une part et depuis l’opération Zitadelle d’autre part. Au début de l’invasion de l’URSS, la Panzerwaffe découvre l’infériorité technique de ses moyens blindés qu’elle compense cependant par une meilleure doctrine d’emploi des forces. Elle parvient cependant à reprendre l’ascendant en termes de puissance de feu et de protection avec l’apparition du Panzer VI puis du Panzer V même si ces nouveaux matériels sont trop peu nombreux.
En 1944, l’Armée rouge voit le fruit de sa réaction avec l’arrivée du JS-2 qui ouvre de nouvelles perspectives et la généralisation du T-34/85. Les performances s’équilibrent donc tandis que la masse reste, elle, toujours particulièrement déséquilibrée. Les expédients industriels allemands ne suffisent pas à satisfaire les besoins de ses divisions blindées pour maintenir leur potentiel de combat, ni les demandes de ses divisions d’infanterie de bénéficier d’un appui feu blindé intégré ou mutualisé à travers ses unités autonomes de canons d’assaut et plus rarement ses bataillons indépendants de chasseurs de chars lourds.
Côté soviétique, la doctrine n’est pas uniforme. Comme pour les Français en 1940, comme les Américains en 1944, les chars se répartissent entre grandes formations blindées et unités indépendantes destinées à apporter du support aux divisions d’infanterie sous l’autorité d’un corps d’armée ou d’une armée. Bref, l’Armée rouge trouve également un équilibre entre grande masse de manœuvre blindée et appui feu pour l’infanterie.
L’opération Bagration et ses conséquences engendrent également la formation des Panzer-Brigaden qui absorbent une quantité importante de matériels pour un résultat qui s’avère finalement décevant. D’autant que ce format initialement conçu pour les combats en URSS se voit essentiellement utilisé à l’Ouest. Outre les pertes en hommes, en matériels et en territoires, l’offensive soviétique contribue à déstructurer un peu plus les forces armées terrestres allemandes faute d’un schéma directeur cohérent et suivi à la différence de ses adversaires. Malgré un rétablissement allemand miraculeux, l’hallali s’annonce pour début 1945.
Des alliés mineurs dans l’ombre des géants
Même si elles ne représentent que quelques lignes, le livre évoque également d’autres forces blindées que celles allemandes et soviétiques. En effet, Steven ZALOGA prend soin de brosser un rapide panorama (là aussi très bien synthétisé) des forces blindées finlandaises, roumaines, hongroises, polonaises à la mi-1944, même si celles-ci peuvent paraître modestes au regard des deux autres poids lourds qui s’affrontent.
Certaines d’entre elles s’apprêtent d’ailleurs à changer de bord et se retrouvent donc dans un camp puis dans l’autre.
Conclusion
Par ses données statistiques et sa capacité de synthèse, Steven ZALOGA propose un ouvrage simple mais indispensable pour comprendre ce qui se passe en URSS à l’été 1944, mais également la priorité donnée à l’Ouest en cette période de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Il montre comment les années de lutte face à l’Armée rouge laminent la Panzerwaffe, comment la stratégie technologique et industrielle aboutit à une impasse.
Par ailleurs, le Troisième Reich cherche prioritairement à se donner les moyens de repousser l’opération Overlord (Mur de l’Atlantique, renforcement de ses moyens blindés) en acceptant des risques ailleurs et en faisant des choix. Le succès du Débarquement du 6 juin 1944 puis l’issue de la bataille de Normandie laissent exsanguent la Wehrmacht sur les deux fronts.
La défaite du Troisième Reich n’est plus qu’une question de temps, reste à savoir si le bloc soviétique va pouvoir confirmer puis maximiser son expansion débutée avec le Pacte germano-soviétique.
Sommaire


Thèmes abordés
- Périodes : Seconde Guerre mondiale 1939/1945
- Fronts : URSS 1941/1945
- Batailles : Opération Bagration 1944, Opération Lvov-Sandomierz (Lviv-Sandomir) 1944, Opération Iaşi-Chișinău (Jassy-Kichinev) 1944
- Matériels : Chars allemands, Chasseurs de chars allemands, Chars soviétiques, Chasseurs de chars soviétiques, Panzer V Panther, Panzer VI Ausf. E Tiger, Sturmgeschütz (StuG) III, Sturmgeschütz (StuG) IV, T-34, T-34/85, JS-2/IS-2, SU-76M, SU-57, ISU-122, ISU-152
- Unités : Arme blindée allemande (Panzerwaffe), Divisions blindées allemandes, Arme blindée soviétique, Arme blindée roumaine, Arme blindée hongroise, Arme blindée finlandaise, Arme blindée polonaise, Bataillons de chars lourds allemands, Unités allemandes de chasseurs de chars, Unités allemandes de canons d’assaut, Corps d’armée de chars soviétiques (TK Tankoviy Korpus), Corps d’armée mécanisés soviétiques (MK Mekhanizirovanniy Korpus), Brigades autonomes de chars soviétiques (OTB Otdelnaya Tankovaya Brigada), Régiments autonomes de chars soviétiques (OTP Otdelniy Tankoviy Polk), Brigades autonomes de chars lourds soviétiques (TTP Tyzhëlaya Tankovaya Brigada), Heeresgruppe Mitte, Premier Front de Biélorussie, Second Front de Biélorussie, Troisième Front de Biélorussie, Premier Front de la Baltique
Caractéristiques
- ISBN : 9781472853950
- Nombre de pages : 48
- Langue : Anglais
- Couverture : souple
- Reliure : collée
- Dimensions : 18,5 x 24,7 cm
- Prix conseillé France à la date de parution : N/A
Historique de la page
- Mise à jour : 18/06/2023
- Création : 18/06/2023