Desert Armour, Tank Warfare in North Africa, Gazala to Tunisia, 1942-43 (Osprey, 2023)

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Suite du premier volume, celui-ci poursuite l’analyse critique des combats en Afrique du Nord de Gazala à la chute de la Tunisie. Il comprend donc l’offensive germano-italienne qui permet d’atteindre et de menacer l’Egypte avant d’être battue à El Alamein puis menacée par l’opération Torch. Alors que la situation en URSS est également très critique avec l’échec de l’opération Fall Blau puis l’encerclement de Stalingrad, les Allemands envoient de nombreux renforts pourtant promis à l’anéantissement mais qui donnent du fil à retordre aux Alliés dont les Allemands qui subissent leur baptême du feu face à la Wehrmacht

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Présentation

1942/1943, une nouvelle ère en Afrique du Nord

En 1941, les Allemands consentent à envoyer quelques moyens limités, mais qualitatifs, en Afrique du Nord pour sauver leur allié du désastre. Dans le même temps, ils préparent les opérations Marita dans les Balkans et Barbarossa en URSS. Le rôle dévolu au Deutsches Afrika-Korps et à son chef Erwin ROMMEL consiste en premier lieu à préserver la Libye et conserver une tête de pont de l’Axe de l’autre côté de la Méditerranée.

Ce premier objectif atteint, la situation peut paraitre alors stabilisée d’autant plus que le Troisième Reich et ses alliés se lancent à l’assaut de l’URSS. Ce nouveau front gigantesque consomme des ressources énormes en hommes, matériels et logistique. Mais pire, la fin des combats et la victoire semblent chaque jour qui passe s’éloigner un plus.

Début 1942, alors que la Wehrmacht panse ses plaies en URSS avant de repartir à l’assaut de l’Armée rouge, qui ne veut pas mourir, en direction du Don, du Caucase et de Stalingrad (opération Fall Blau), le théâtre africain semble attirer à lui inexorablement de plus en plus de ressources. D’un côté, les ambitions de ROMMEL le poussent à aller de l’avant et voir l’avenir en grand (cf. ses plans pour la conquête de l’Egypte par Benoît RONDEAU dans Batailles n°95). De l’autre, l’Afrique du Nord représente désormais le seul point de friction permanent au sol avec l’Axe pour les Britanniques qui sont à la recherche enfin d’un succès majeur tandis qu’ils reçoivent progressivement l’aide américaine enfin débloquée qui permet d’expérimenter au combat de nouveaux matériels avant même d’aguerrir des troupes à partir de l’opération Torch.

A chaque période, sa nouveauté, son adaptation, ses leçons !

Si Robert FORCZYK suit un cheminement chronologique, chaque chapitre, ou plutôt chaque période, permet une prise de recul pour comprendre les principales évolutions qui se produisent. L’échec de l’opération Crusader amènent ainsi à revoir l’organisation de leurs formations blindées et voit également un certain nombre de mouvements dans les commandements supérieurs et subalternes pour des motifs variés.

L’arrivée chez les Britanniques du Medium Tank M3 Grant s’accompagne de quelques conseillers américains également. L’appropriation du char par les équipages anglais nécessite ainsi du temps mais également de se focaliser sur certaines tâches, notamment l’utilisation du canon qui ouvre de nouvelles perspectives par rapport aux engins préalablement utilisés. La question du canon et des munitions apparait déjà comme centrale dans ces affrontements qui voient s’opposer bien souvent des chars entre eux.

La question de la reconstitution des forces revient aussi de façon lancinante pour les belligérants soumis aux aléas de la logistique, des choix industriels et des arbitrages entre théâtres d’opérations (pour les Allemands surtout).

L’auteur insiste tout au long de son livre sur les changement qui arrivent et surtout les “premières fois” comme la bataille de Bir-Hakeim qui voit l’utilisation extensive de mines utilisées dans des dispositifs défensifs élaborés.

Une question d’hommes

A la lecture des évènements décrits par Robert FORCZYK, deux autres choses sautent aux yeux. D’abord, celle du leadership tant dans la décision que dans la capacité à écouter puis à tenir compte des changements de facteurs. Ensuite, celles des hommes. Certains peuvent se trouver à leur avantage dans ou telle ou telles situation, pour se retrouver en difficulté dans telle ou telle circonstance. La culture et l’expériences font beaucoup évidemment. MONTGOMERY est ainsi décrit en homme de l’infanterie, davantage concerné par le fait de remporter la bataille plutôt de penser à la poursuite à la différence d’un cavalier.

Les Américains arrivent

Les derniers mois en Afrique du Nord permettent aux Américains, de connaître un véritable baptême du feu dans les conditions qu’ils devront affronter ensuite en Europe. Et avec les Britanniques d’expérimenter la conduite à deux des opérations militaires dans la réduction du saillant tunisien.

Le courage ne remplace pas les compétences, celles-ci doivent s’acquérir avec l’entrainement et l’expérience. Force est de constater que les Américains apprennent vite et bénéficient d’une organisation et de moyens bien conçus.

Les limites du Tiger

Conçu avant tout pour casser du char russe, le Tiger se voit relativement déployer en nombre en Tunisie. Cette décision est étonnante de la part des états-majors allemands puisque les adversaires des Panzer ne posent pas de réelles difficultés en termes de protection et de puissance de feu, à l’opposé des engins soviétiques, et que les contraintes logistiques du char lourd semblent incompatibles avec un déploiement à travers la Méditerranée dans des conditions d’adversité extrêmes.

Patton et Eisenhower font leurs classes

L’Afrique du Nord représente réellement un champ d’expérimentation et d’aguerrissement pour les futurs commandants alliés en Europe. MONTGOMERY, PATTON, EISENHOWER dégagent tous des traits de personnalité qui se retrouvent ensuite, soit en Sicile, soit dans les combats à l’Ouest une fois déclenchée l’opération Overlord.

Sur la forme

Essentiellement composé de texte, cet ouvrage n’en oublie cependant l’iconographie avec des photos et des cartes distillées au fil des pages. Une maquette moins rugueuse que celle de Case White ou Case Red également édités chez Osprey.

Dans les annexes, la bibliographie est particulièrement appréciable divisée en sources primaires, mémoires et sources secondaires. Les nombreuses notes renvoient également à ces documents. Un index permet également utilement de se servir du livre après l’avoir lu pour y aller piocher tel ou tel renseignement.

On apprécie également l’honnêteté de l’éditeur de reprendre quelques illustrations publiées par ailleurs et de l’indiquer plutôt que de faire semblant qu’elles ont été spécialement conçues pour l’ouvrage.

Conclusion

C’est pourquoi, l’angle de vue adopté par l’auteur donne à ce livre une dimension particulièrement intéressante. Non seulement la narration des opérations adopte un point de vue équilibré entre les deux camps avec un séquençage qui s’appuie non pas sur la vision de l’un ou de l’autre mais sur l’appréciation des changements et des moments clefs.

La conclusion “In retrospect” mérite particulièrement le détour. On appréciera particulièrement la comparaison des chars produits par les Allemands de 1941 à 1943 par modèle, ceux envoyés en Afrique du Nord et ceux perdus lors du transfert. A mettre en parallèle avec le discussion dans le cœur du texte sur la qualité de l’équipement des divisions blindées de l’Afrika-Korps en comparaison avec celles engagées en URSS d’un point de vue équipement. Et à comparer avec la dotation de la 22. Panzer-Division chargée de protéger l’un des flans de la 6. Armee à Stalingrad.

L’auteur se montre également très critique à l’égard des quelques grands chefs pourtant reconnus comme de fins praticiens de l’arme blindée mais qui n’auraient pas en fait maîtriser toutes les subtilité de leur usage sur un terrain qui ne pardonne aucune erreur. vingt-cinq ans après leur apparition, les terres d’URSS et d’Afrique du Nord sont donc l’école de vérité pour toute une génération d’officiers supérieurs qui ont ne pas nés avec le char mais qui ont appris à s’en servir au fil de l’eau, au prix du sang de nombre de leurs équipages.

Une leçon à méditer alors que la guerre fait de nouveaux rage en Europe avec l’apparition de nouveaux systèmes d’armes (ou l’utilisation en réel d’anciens jamais réellement employés dans de telles circonstances) qui doivent tout autant être maîtrisés par ceux qui les emploient mais également ceux qui en commandent les armées…

Pour finir, les deux volumes de Desert Armour, Tank Warfare in North Africa, forment une excellente base documentaire, équilibrée, critique et parfaitement réalisée au sujet des combats en Afrique du Nord de 1940 à 1943. Loin d’être une énième narration opérationnelle, l’auteur prend un soin tout particulier à expliquer et analyser chaque engagement, chaque décision, tissant en permanence des liens de cause à effet.

De quoi satisfaire tout vieux routier comme de plus jeunes amateurs, à condition de posséder bien entendu quelques rudiments d’anglais !

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Sommaire

Thèmes abordés

Caractéristiques

  • ISBN : 9781472859846
  • Nombre de pages : 368
  • Langue : Anglais
  • Couverture : cartonnée
  • Reliure : cousue
  • Dimensions : 19,5 x 25 cm
  • Prix conseillé France à la date de parution : N/A

Historique de la page

  • Dernière mise à jour : 31/10/2023
  • Création : 22/10/2023

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