Desert Armour, Tank Warfare in North Africa, Beda Fomm to Operation Crusader, 1940-41 (Osprey, 2023)

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Osprey et Robert FORCZYK publient un nouvel historique sur la guerre du désert en Afrique du Nord. Le sujet bénéficie déjà d’une littérature bien abondante. Pourtant, l’angle d’approche se veut ici différent, loin de l’habituelle légende dorée qui entour l’Afrika-Korps, Erwin ROMMEL ou la victoire d’El Alamein…

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Présentation

L’Afrique du Nord, terrain d’étude par excellence des forces mécanisées nées durant l’entre-deux-guerres

En raison de sa nature profondément mécanisée, la guerre du désert représente pour Robert FORCZYK le terrain d’étude par excellence des forces blindées directement issues de l’entre-deux-guerres, qu’elles soient britanniques, italiennes, allemandes ou américaines. Il fait en effet le constat que les matériels déployés sont tous issus des programmes d’armement lancés avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, même si des évolutions sont évidemment apparues depuis.

Ce qui vaut pour les matériels vaut également pour les hommes, même s’il remarque que tant Bernard MONTGOMERY et Erwin ROMMEL ne viennent pas des chars, mais de l’infanterie. Ils découvrent l’utilisation de cette arme sur le tard, contrairement à certains de leurs subordonnés y ayant baigné dès le début de leur carrière militaire.

Ainsi, pour à la fois illustrer ses propos suivants et planter le décor, l’auteur consacre le premier tiers de cette étude en deux volets sur les racines des forces blindées des quatre principaux pays engagés. Le lecteur bénéficie ainsi d’une rétrospective équilibrée, parallèle du cheminement emprunté par ces nations qui va conditionné leurs forces dans la première moitié du conflit avant que d’autres évolutions et innovations ne provoquent de plus vastes changements.

Ces quelques cent pages permettent de plus amples développement de ce qui peut également se trouver en beaucoup plus condensé, et surtout éparpillé, dans d’autres volumes des séries de fascicules proposées Osprey.

Une approche revigorante bien loin d’être centrée sur les matériels et les seuls combats

La conclusion de ce premier volume insiste déjà sur un leitmotiv qui revient aussi dans le second. L’Afrika-Korps bénéficie d’un réel avantage par rapport à ses homologues engagés en URSS d’un point de vue qualité et performance des matériels alignés, alors que les chars britanniques représentent une menace moins élevées que leurs homologues soviétiques.

En dépit de la légende surfaite (et poussée par ses ennemis) qui entoure Erwin ROMMEL, l’auteur souligne que ses premiers mois de l’aventure africaine ne voient pas réellement de victoire significative, en raison des difficultés du commandant allemand à donner davantage d’autonomie à ses subordonnés et à sa sous-estimation des contraintes logistiques qui pèsent encore plus qu’ailleurs sur ce théâtre d’opérations.

Robert FORCZYK attache également beaucoup d’importance dans ses explications et démonstrations à la qualité, la formation et l’expérience des hommes qui occupent les différents niveaux responsabilités, ainsi qu’aux conditions d’emploi des matériels et des unités. Une approche particulièrement utile pour rappeler que la guerre repose sur beaucoup de facteurs, dont la compétence des personnes qui la font et la mènent n’est pas le moins important.

La table n°5 propose en page 74 un très intéressant tableau comparatif des doctrines de chaque camp au niveau tactique et au niveau opérationnel.

39/45 Magazine hors-série Historica n°103 (Heimdal, 2023)

J’y vais, j’y vais pas…

Dans l’inconscient populaire, les Allemands volent au secours des Italiens en Afrique du Nord un peu à leur corps défendant alors qu’ils ont bien d’autres priorités.

Ce n’est pas tout à fait vrai puisque l’OKW envisage dès juillet 1940 d’envoyer deux divisions blindées en Afrique du Nord pour participer à l’offensive italienne sur l’Egypte alors même que se prépare l’opération Sealöwe. Malgré le refus de MUSSOLINI, l’idée reste sous-jacente les mois suivants, même si concrètement rien n’est réellement prévu. L’appel à l’aide du dictateur transalpin après les déboires de son armée est finalement une aubaine qui ne prend pas totalement au dépourvu les Allemands qui sont début 1941 en plein préparatif des opérations Marita et Barbarossa. Alors qu’ils ont toujours soigneusement évité d’ouvrir plusieurs fronts en même temps, la gestion des priorités devient chaotique depuis la victoire à l’Ouest en mai et juin 1940. Entre ça et le nouveau d’équipement de l’Afrika-Korps bien supérieur aux divisions de la Panzerwaffe engagées en URSS, l’auteur dénie en creux que les Italiens sont les seuls responsables de cet éparpillement des efforts, le tout cumulé avec l’ambition d’Erwin ROMMEL qui pousse de son côté à la consommation.

Les Américains arrivent par le petite porte

L’année 1941 voit également arriver les Américains sur le théâtre d’opération africain, même s’ils ne sont pas encore en guerre officiellement contre le Troisième Reich et l’Italie fasciste. Le premier convoi avec des Light Tank M3 Stuart arrive ainsi en juillet tandis que les premiers exemplaires du Medium Tank M3 Grant parviennent en fin d’année.

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Conclusion

D’un format très agréable, formant un subtile équilibre entre texte et forme, Desert Armour Tank, Warfare in North Africa, contient tous les ingrédients pour bien introduire la série des deux volumes et inciter le lecteur à prolonger l’expérience avec le second volume.

Bref, un travail qui n’est pas une énième reproduction des poncifs enfilés depuis plusieurs décennies sur la guerre en Afrique du Nord. Avec une étude des premiers combats entre Britanniques et Italiens aussi bien analysée que ceux après l’arrivée de l’Afrika-Korps.

Les différents tableaux proposés apportent de nombreux détails intéressants, à la fois dans le corps du texte comme en annexes, à l’image de celui listant les envois de matériels aux différents belligérants par convoi.

Voilà donc une nouvelle belle référence sur ce théâtre d’opérations durant la Seconde Guerre mondiale !