Les automitrailleuses Ford M8 & M20 de l'U.S. Army (Histoire & Collections, 2022)

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Présentation

Dans sa série des ouvrages consacrés aux véhicules utilitaires et blindés de l’armée américaine au cours de la Seconde Guerre mondiale (Les véhicules des transmissions de l’U.S. Army, Ambulances & véhicules médicaux de l’U.S. Army, Les véhicules Diamond T de l’U.S. Army, Les camions Chevrolet de l’U.S. Army), Didier ANDRES se penche cette fois sur sur les M8 et M20.

Loin d’être une quelconque monographie, cet ouvrage plonge en fait dans les arcanes du développement et de la production de ces véhicules tout en apportant de nombreux détails techniques.

Son premier chapitre revient sur la genèse chaotique des premiers véhicules blindés américains durant la Première Guerre mondiale et l’Entre-deux-guerres. Si l’époque n’est pas au réarmement, au même titre que pour les chars, elle permet de poser un certain nombre de fondations qui constituent ensuite la force industrielle américaine : la standardisation et la prise en compte très en amont des contraintes de fabrication.

Une fois la Seconde Guerre mondiale déclenchée en Europe, l’arsenal américain se met en marche en faisant apparaître une autre qualité : celle de la maîtrise de projets complexes qui permettant en 1943 à l’armée américaine de bénéficier d’une gamme de chars et de véhicules en tout genre faciles à construire, adaptables à peu près à tous les terrains sur lesquels ses forces se trouvent engagées ou amener à l’être. Les chiffres des engins produits et livrés à l’US Army donnent le vertige. Il aurait été intéressant de fournir quelques points de comparaison avec des engins comparables à la même époque chez les adversaires et les alliés. Cette capacité industrielle liée tant aux infrastructures qu’à la logique de standardisation et d’optimisation reste toujours bien ancrée. Elle seule permet d’avoir les moyens en 2022 de pouvoir transférer massivement certains équipements à l’Ukraine et aux pays alliés de l’OTAN qui donnent leur arsenal hérité du pacte de Varsovie.

L’engagement opérationnel représente l’aspect le moins étudié. On peut regretter l’absence des dotations réelles pour les unités, à titre initial comme de remplacement ainsi que les pertes. Les lecteurs peuvent cependant y trouver un très succinct résumé des dotations théoriques américaines dans les divisions blindées et d’infanterie ainsi que dans les bataillons indépendants de cavalerie et antichars.

L’ouvrage regorge de photos d’archives, dont de nombreuses s’intéressant aux détails techniques, aux essais et à la fabrication. Quelques profils couleurs et vues 3D auraient été bien utiles également ainsi que quelques illustrations s’appuyant sur des maquettes montées en s’appuyant sur la richesse documentaire des magazines Steelmasters publiés également par Histoire & Collections, un peu à la façon de la collection Tank Craft chez Pen & Sword.

Un arbre technologique et doctrinal à la façon de Tous les blindés français aurait été également bien utile pour embrasser d’un coup d’œil les évolutions et les filiations. D’autant que l’auteur réussit parfaitement à faire comprendre la distinction entre une base technique qui peut être largement commune d’une utilisation qui peut être bien différente entre les deux modèles M8 et M20.

Malheureusement décédé, l’auteur laisse un ultime projet éditorial. Reste ensuite à assurer la continuité de cette collection d’autant plus intéressante qu’elle s’intéresse à des famille d’engins généralement un peu délaissés par les éditeurs et les lecteurs davantage attirés par les chars, notamment germaniques. Oui, « The show must go on » !