Quand il sort, ce livre donne un véritable coup de jeune à l’historiographie des combats pour Villers-Bocage dans le cadre de l’opération Perch une semaine après le Débarquement alliée du 6 juin 1944. Dans les mythes de la bataille de Normandie, ils symbolisent l’échec britannique à percer le front allemand, le manque de réussite de Bernard MONTGOMERY, confortent l’impression de supériorité tactique allemande réhaussée de quelques as sur des montures hors normes tel Michael WITTMANN sur son Tiger…
Présentation
Un mythe revisité
Cette vision construite par la propagande allemande dans les heures qui suivent la charge du commandant de compagnie de la schwere SS-Panzer-Abteilung 101 sur les pointes avancées de la 7th Armoured Division ne donne qu’une vision tronquée des évènements.
Selon de nombreux commentateurs, la bataille de Villers-Bocage a été un “pitoyable épisode de la guerre” et, si l’attaque hardie du général Montgomery avait réussi, le résultat aurait pu être “fantastiquement différent”. Nous verrons que la “bataille perdue” a eu des prolongements positifs et qu’elle a apporté de nombreux enseignements aux Britanniques. L’armée allemande a vu un de ses contre-attaques stoppée net. Elle a subi dans la bataille du 13 juin et du 14 juin dans la région de Villers des pertes importantes, surtout en blindés, qui l’ont affaiblie dans cette partie du front, ce qui permet de penser que les sacrifices consentis par les soldats britanniques n’ont pas été vains.
Henri MARIE, Villers-Bocage [Heimdal, 2003], page 3.
Les premiers chapitres servent à poser le décor et à présenter quelques uns des acteurs. L’auteur commence par présenter le village tel qu’il se trouve au moment où les Alliés lancent l’opération Overlord. Le second présente la schwere SS-Panzer-Abteilung 101 à l’aide essentiellement de nombreux clichés bien connus des amateurs d’Histoire auxquels il faut ajouter un organigramme véhicule par véhicule. Un peu plus loin, une double pages présente les régiments et les matériels (artillerie, chars, blindés) de la 7th Armoured Division en appui du rappel de son historique.
La suite détaille les combats en prenant pour point départ le 12 juin 1944 quand la division blindée britannique s’élance afin de profiter de la percée réalisée dans le secteur de Caumont-l’Eventé par les Américains.
Le lecteur suit pas à pas la charge de Michael WITTMANN jusqu’à ce qu’il soit immobilisé en centre-ville et doive évacuer à pied en territoire hostile. Les Allemands s’organisent et contre-attaquent en lançant plusieurs chars dans la localité que les Britanniques neutralisent.
En résumé, on peut établir que l’engagement des deux compagnies de Tiger (en partie avec des éléments de la Panzer-Lehr-Division) a éliminé la menace d’une percée britannique décisive. […] L’engagement des 1ère et 2ème compagnies de la schwere SS-Panzer-Abteilung 101 fut tout sauf grandiose. La propagande du SS-Panzerkorps l’a ensuite falsifié de façon délibérée.
Henri MARIE, Villers-Bocage [Heimdal, 2003], page 159.
Villers-Bocage, nouvelle illustration de l’incapacité allemande à reprendre l’initiative et à menacer sérieusement la tête de pont alliée malgré les renforts envoyés
La partie la plus intéressante concerne la narration de la bataille d’Amayé-sur-Seulles qui voit les efforts de la 2. Panzer-Division arrêtés par les restes de la 7th Armoured Division. Après les échecs de la 21. Panzer-Division le 6 juin 1944, de la 12. SS-Panzer-Division dans le secteur de Caen les deux jours suivants, de la 130. Panzer-Lehr-Division sur Bayeux le 8 juin 1944, celui-ci illustre encore l’incapacité des Allemands à pouvoir mener une contre-attaque décisive. Les quatre premières divisions blindées arrivées en Normandie échouent toutes et subissent des pertes non négligeables sans réel gain autre que de figer le front. Or le temps est compté pour les Allemands alors que les Soviétiques s’apprêtent à relancer l’offensive en URSS avec l’opération Bagration. Les prochains renforts significatifs sont ceux du II. SS-Panzer-Korps, mais qui ne serviront qu’à bloquer l’opération Epsom et à stopper les Britanniques sur la cote 112.
Les dernières pages remettent l’éclairage sur Villers-Bocage après les combats du 13 juin 1944 car la ville n’en a pas fini des souffrances de la guerre. Il faudra le succès de l’opération Cobra puis Bluecoat pour enfin forcer les Allemands à abandonner les lieux désormais réduits à l’état de ruines…
Conclusion
Si la pagination fait la part belle aux photos, le texte se veut clair et précis. Il ouvre les yeux des lecteurs qui peuvent désormais voir cette bataille autrement que comme une victoire éclatante allemande et une défaite britannique sans appel.
De nombreux croquis permettent de situer les lieux et de suivre les combats char par char et maison par maison. Ses rares défauts sont le texte bilingue français / anglais qui rend le suivi des paragraphes un peu laborieux, une mise en page qui fait un peu alambiquée et une cartographie faite de bric et de broc.
Une référence sur la bataille qui inspire ensuite de nombreuses publications, dont Villers-Bocage, Operation Perch, The Complet Account édité en 2023.
Sommaire


Caractéristiques
- ISBN : 9782840481737
- Nombre de pages : 160
- Langue : Français/Anglais
- Couverture : cartonnée
- Reliure : collée
- Dimensions : 23,5 x 29 cm
- Prix conseillé France à la date de parution : NC
Historique de la page
- Création : 15/10/2023