Le second volume de la collection Chars de combat & engins blindés se projette dans l’univers contemporain avec le char Leclerc, un projet franco-français plein d’ambition technologique conçu en pleine Guerre froide qui voit finalement le jour alors que le risque de conflit de haute intensité s’éloigne alors provoquant un effondrement des budgets militaires…
Présentation
Enfant de la guerre froide, arme de masse née en pleine période de reflux budgétaire…
La narration de la genèse du char Leclerc illustre parfaitement le dilemme permanent que doit affronter la France dans ses programmes d’armement, au temps de la Guerre froide et au XXIème siècle. N’ayant pas les moyens financiers et industriels des Etats-Unis ou de l’URSS, elle ne peut envisager d’aligner un nombre d’engins qui représente une part significative de l’ordre de bataille de ces deux puissances. Ses ambitions géopolitiques et l’héritage gaullien l’obligent cependant à vouloir se démarquer et à rechercher une solution nationale, voire en collaboration avec un pays proche. Il en est ainsi dans le domaine des avions de combat comme des navires et bien sûr des armements terrestres.
Les première pages du livre rappellent ainsi les débats qui accompagnent la gestation du Leclerc. Si celui de la coopération, finalement avortée, avec l’Allemagne est bien connue, celui de l’Engin Principal de Combat l’est beaucoup moins. En effet, il ressort que dans les années 1960 et 1970, le char lourd doit affronter la concurrence de l’hélicoptère dans ce rôle ! Ce n’est qu’à la fin des années 1970 que le premier peut définitivement assurer sa place face aux voilures tournantes.
Très vite, à défaut du nombre, les Français vont rechercher la supériorité technologique, une course à l’échalotte sans fin compte tenu de la durée de vie des matériels qui s’allonge et l’accélération des avancées dans l’électronique, l’optronique, la numérique, etc.
Revue des versions et des régiments (français) utilisateurs
Deux chapitre décrivent les particularité des deux versions principales du Leclerc, celle équipant l’armée française et celle exportée aux Emirats Arabes Unis, unique client à l’export. On notera l’utilisation de la dénomination AMX-56 rarement usitée en France pour désigner le char.
L’ouvrage propose ensuite un court historique des régiments français équipés du Leclerc (501ème Régiment de Chars de Combat, 12ème Régiment de Cuirassiers, 5ème Régiment de Dragons, 1er Régiment de Chasseurs et 5ème Régiment de Cuirassiers) avant de passer en revue les engagements opérationnels (Kosovo, Liban) et les différents déploiements extérieurs pour renforcer le flanc oriental de l’OTAN ou participer à différents exercices interalliés. Seuls les EAU utilisent réellement au combat le Leclerc. Malheureusement, à peine une page l’évoque, et encore, avec deux photos, ce qui réduit d’autant plus le texte. Et il manque les unités émiraties qui utilisent le char, cela aurait été bien original !
La dernière partie se concentre sur les ruptures technologiques apportées par le char (motorisation, suspension, chenilles, tourelles et systèmes d’armes, canon et obus, chargement automatique, autodéfense, blindage et contre-mesures).
Conclusion
Globalement, le livre se lit bien et son iconographie est agréable à regarder. Entre l’ambition d’être le meilleur char au monde (cocorico) et la réalité, le lecteur ne trouve cependant pas vraiment de réponse. Ce sentiment en demi-teinte transpire à la lecture de ces pages, d’une genèse compliquée et alambiquée à une naissance à contre-saison, le tout dans une période où un tel engin devient bien encombrant pour le faible budget dévolu aux armées françaises alors bien plus concernées par les opérations extérieures dans des affrontements asymétriques que par un conflit majeur inter-étatique.
Le conflit en Ukraine depuis 2014 et l’invasion russe généralisée du 24 février 2022 arrivent bien trop tard pour mettre en lumière cette fierté française qui s’est traduite en désastre industriel et financier avec le contrat émirati. Sujet tout juste évoqué au détour d’une phrase, mais qui plombe lourdement le complexe militaro-industriel national dans un moment où les possibilités de se rattraper sont rares… Peut-être que le retour de la guerre en Europe assurera au moins au Leclerc d’avoir un successeur au sein des armées françaises ?
Comme pour les autres fascicules de la collection, il faut regretter l’absence de références et pistes de lecture. Sans parler des contributeurs dont les noms n’apparaissent pas. Même revalorisé à 6,99€ par rapport aux 2,99€ du numéro de lancement, le prix demeure particulièrement attractif et compétitif pour un ouvrage de ce format (à comparer aux 29,90€ de la monographie De l’AMX 13 au Leclerc parue chez Caraktère pour le double de page dans un format plus petit). Une initiative d’autant plus louable que le nombre d’ouvrages dédiés au Leclerc demeure très restreint, un succès éditorial à l’image du commercial de char !
Voir aussi…
Sommaire


Thèmes abordés
Caractéristiques
- ISBN : N/A
- Nombre de pages : 62
- Langue : Français
- Couverture : cartonnée
- Reliure : collée
- Dimensions : 23,5 x 29 cm
- Prix conseillé France à la date de parution : 6,99€ TTC
Historique de la page
- Création : 23/09/2023