The Initial Period of War on the Eastern Front, 22 June - August 1941 (Cass, 1993)

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Ce livre représente l’un des premiers ouvrages de David GLANTZ, l’un des spécialistes américains de l’Armée rouge au cours la Guerre froide qui se fait connaître par ses travaux publics dans les années 1990 et 2000 à l’issue de sa carrière militaire. Il bénéficie alors de son expérience acquise au sein de l’US Army mais également de l’ouverture des archives soviétiques après le chute du Mur de Berlin. Ce livre contient en fait les actes d’un colloque tenu en 1977 avec plusieurs anciens responsables allemands de la Seconde Guerre mondiale que complètent plusieurs cartes provenant des archives des deux camps, permettant ainsi de comparer la perception de l’un par rapport à la réalité de l’autre…

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Présentation

Architecture

Après avoir rappelé la composition des forces terrestres soviétiques et allemandes, puis analysé leurs doctrines ainsi que leurs principaux équipements, cet épais pavé débute par explorer les premiers jours de l’opération Barbarossa sur les quatre principaux axes de percée menés par les unités de la Panzerwaffe :

Šiauliai (Heeresgruppe Nord, Panzergruppe 4) :
Vilnius (Heeresgruppe Mitte, Panzergruppe 3)
Bialystok / Minsk (Heeresgruppe Mitte, Panzergruppe 2)
Lutsk / Rovno (Heeresgruppe Süd, Panzergruppe 1)

Il s’en suit un long développement sur les combats pour Smolensk et de terminer par la conclusion qui évoque les difficultés de contrôle et de commandement de l’Armée rouge mais également des problèmes que rencontrent les Allemands, signes annonciateurs de ce qui va aboutir à l’échec de l’invasion de l’URSS.

Contributeurs

Autour de David GLANTZ, plusieurs plumes apportent leur contribution dans ces actes du symposium qui représentent à la fois des historiens et des vétérans allemands :

Jacob KIPP (historien)
Kenneth MACKSEY (vétéran britannique de la Seconde Guerre mondiale puis historien)
Gerd NIEPOLD (officier d’état-major allemand qui travaille avec Friedrich PAULUS quand celui-ci a la charge de préparer l’Opération Barbarossa, ancien membre de la Bundeswehr)
Johann Graf von KIELMANSEGG (officier au sein de la 6. Panzer-Division, ancien membre de la Bundeswehr, neveu de Werner von FRITSCH)
Helmut RITGEN (officier au sein de la 6. Panzer-Division, il rejoint ensuite la 130. Panzer-Lehr-Division, écrit plusieurs ouvrages après-guerre, ancien membre de la Bundeswehr)
Anton-Detlev von PLATO (officier au sein de la 1. Panzer-Division, ancien membre de la Bundeswehr)
Rolf STOVES (officier au sein de la 1. Panzer-Division, ancien membre de la Bundeswehr)
Horst OHRLOFF (officier au sein de la 7. Panzer-Division, ancien membre de la Bundeswehr)
ROTHE (officier au sein de la 7. Panzer-Division, ancien membre de la Bundeswehr)
Heinz-Georg LEMM (officier au sein de la 12. Infanterie-Division, ancien membre de la Bundeswehr)
Alfred DURRWANGER (officier au sein de la 28. Infanterie-Division, ancien membre de la Bundeswehr)
Horst ZOBEL (officier au sein de la 3. Panzer-Division, ancien membre de la Bundeswehr)
Karl Wilhelm THILO (officier au sein de l’OKH plus particulièrement en charge des affaire au sud du front avant de rejoindre la 1. Gebirgs-Division, ancien membre de la Bundeswehr)
Heinz GUDERIAN (officier d’état-major au sein du III. Armee-Korps (mot.) avant de rejoindre plus tard la 116. Panzer-Division sur laquelle il écrit après-guerre, ancien membre de la Bundeswehr)
Hans-Joachim von HOFFGARTEN (officier au sein de la 11. Panzer-Division, ancien membre de la Bundeswehr)
Edel LINGENTHAL (officier au sein de la 11. Panzer-Division, ancien membre de la Bundeswehr)
Wolfgang ODENDAHL (général au sein de la Bundeswehr)
Horst ZOBEL (officier au sein de la 3. Panzer-Division)
Rudolf KOCH-EPACH( officier au sein de la 4. Panzer-Division, rejoint plus tard de la 130. Panzer-Lehr-Division, ancien membre de la Bundeswehr)
Martin FARNDALE (général britannique)

Cette liste témoigne de plusieurs choses. Tout d’abord, la Bundeswehr recycle dans ses rangs plusieurs jeunes officiers au début de la Seconde Guerre mondiale et au moment de l’invasion de l’URSS. Tous les vétérans allemands qui participent au symposium viennent tous aussi de la Bundeswehr. Leur participation active à la rédaction des opérations militaires du conflit (plusieurs d’entre eux sont également des auteurs de livres connus) marque durablement l’historiographie des thèmes qu’ils traitent. On sent ainsi les liens qui se tissent entre les vétérans occidentaux et allemands, réunis, à l’Ouest au sein notamment de l’OTAN face au Pacte de Varsovie.

Le recours aux témoignages et l’utilisation extensive des anciens responsables militaires par le biais de ce types de travaux, mais également au sein de l’initiative prise immédiatement à la fin du conflit avec les Foreign Military Studies, façonne le regard historique porté sur les opérations allemandes et l’attitude de la Wehrmacht pendant le conflit. Il faut réellement attendre le XXIème siècle pour s’extraire de ce corpus.

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La vision soviétique

Si l’analyse et le retour d’expérience des vétérans allemands apporte d’indéniables perspectives passionnantes, David GLANTZ réussit parfaitement à éclairer également la vision soviétique en ayant recours, non aux vétérans, mais aux archives militaires de l’Armée rouge réunies entre 1959 et 1964 et enfin déclassifiées.

L’ensemble des cartes montrant la vision russe provient de cette source. Celles-ci, mises en parallèle avec celles établies par les Allemands permettent de comprendre la vision qu’ils ont, ou pas, du dispositif adverse.

Le titre même de l’ouvrage fait également référence à celui paru à Moscou en 1974 (et disponible traduit en anglais).

Compte tenu des secteurs étudiés, sont plus particulièrement les Fronts du Nord-Ouest, de l’Ouest et du Sud-Ouest et à l’intérieur desquelles on retrouve notamment les :

Comment bien (ou mal débuter) un conflit

La conclusion ne se contente pas d’être un simple résumé des points abordés. Elle cherche à tirer un certain nombre de conclusions sur comment bien débuter une guerre. Un sujet alors toujours d’actualité en 1987 quand ce déroule le symposium puisque le Mur de Berlin n’est pas encore tombé et que les grands blocs continuent de se faire face.

On notera la critique en toute fin d’ouvrage sur l’inflation des effectifs d’état-major alors que celui d’une Panzer-Division ne comprenait que vingt-huit officiers, dont huit seulement présents au poste de commandement. Idem sur les exercices de pré-planification devenus trop importants par rapport au besoin de laisser exprimer leur liberté d’action.

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Conclusion

Ce livre et les textes qu’il contient apportent de nombreux éclairages critiques d’un côté comme de l’autre. Le fait que des vétérans de l’époque ayant ensuite accompli une carrière militaire au sein de la Bundeswehr et de l’OTAN apportent leurs contributions permet d’avoir un ouvrage qui ne se content pas d’une seule lecture historique des actions mais qui cherchent à identifier les causes et les conséquences, y compris organisationnelles, culturelles, matérielles, logistiques, etc.

Sur la forme, la succession de chapitres relativement brefs permet une lecture aisée et vivante. Le fait que plusieurs parties alternent également questions et réponses renforce le dynamisme du texte.

Malgré ces multiples vues de détails, la dimension gigantesque de l’opération Barbarossa apparait clairement. Les qualités des deux armées transpirent également, mais aussi leurs défauts. Pour l’Armée rouge, cela conduit notamment aux désastres qui ponctuent les premiers mois du conflit en URSS, mais aussi au délitement de la Wehrmacht qui vient de s’attaquer à un morceau bien trop gros pour elle et qui ne se laisse pas faire.

En cela, The Initial Period of War on the Eastern Front annonce les ouvrages majeurs que David GLANTZ publie par la suite, notamment sa série de quatre volumes sur la bataille de Smolensk ou encore son monumental essai sur l’Armée rouge.

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