Quelques semaines avant la fin de la Première Guerre mondiale, le gouvernement français décide d’organiser une grande exposition des matériels allemands capturés à l’ennemi à la Concorde et dans le jardin des Tuileries. Parmi eux, se trouvent vingt-et-un aéronefs germaniques, dont les restes d’un Zeppelin L 49…
Avions propose dans ce numéro un fabuleux retour en images et en texte sur cet événement qui montre que l’exposition de matériels capturés, tradition qui se perpétue encore de nos jours, est loin d’être une nouveauté. Le lecteur peut ainsi découvrir les très nombreux types d’aéronefs alors utilisés.
Très original également, ce numéro se penche sur la première compagnie de transport aérien palestinienne dans les années 1930 avec des vues d’avions peu connus, dotés de lignes modernes, et des installations aéroportuaires en construction.
Concernant les articles sur la Seconde Guerre mondiale, et en l’occurrence totalement dédiés à la Luftwaffe, le magazine puise dans les publications en anglais d’auteurs bien connus des amateurs (Chris GOSS, Andrew ARTHY, Morten JESSEN).
Enfin, Avions continue son suivi des opérations militaires en Ukraine qui résultent de l’invasion russe à partir du 24 février 2022. Analyser et présenter les combats d’un conflit en cours est toujours un peu compliqué du fait du brouillard qui entoure les opérations et de la lutte informationnelle que se livrent les deux camps. En l’occurrence, il s’agit ici des combats menés pour le contrôle de l’île au Serpents qui concentre l’attention des belligérants et du public en 2022.
Le sujet pourrait être passionnant tant les rebondissements sont nombreux. Certes, une grande partie des opérations demeure cachée par le secret des opérations des belligérants et des appuis dont ils bénéficient de la part de leurs soutiens (notamment celui des moyens de renseignement et de surveillance des armées de l’OTAN dont les détails ne sont absolument pas connus et qui mettront du temps certainement à sortir).
L’effort iconographique est plutôt réussi, les photos s’attachant à illustrer les appareils dont il est question dans le texte. Cependant, les choix sémantiques et les biais de Christophe CONY réduisent à néant le travail de croisement des sources. Malheureusement, à l’instar désormais de certains autres auteurs, le parti-pris politique prend le dessus. Il faut ainsi garder à l’esprit certains de ses propos notamment au cours de la crise du Covid avec des éditoriaux très politisés et contenant nombre d’anathèmes sur le pouvoir politique en place (avec un niveau qui n’atteint cependant pas celui d’un autre auteur sur son compte Twitter désormais clôturé après avoir regretté que Staline n’est pas fait exterminer jusqu’au dernier les Allemands en 1945).
La vindicte est ici plus subtile. Ainsi, on notera “le traité de Constanza [entre l’Ukraine et la Roumanie au sujet du contentieux sur les eaux territoriales] signé sous l’égide de l’OTAN”, “beaucoup de mensonges sur le sujet ont été proférés par le gouvernement ukrainien”, “la planification et la mise en œuvre de l’attaque ont été confiées par Zelensky à un de ses favoris”, “la guerre de l’information continue à faire rage, avec comme premières victimes les médias occidentaux qui reprennent en boucle – malheureusement sans jamais les vérifier – toutes les affirmations des forces armées ukrainiennes”, “Radio Free Europe (anciennement financée par la CIA, aujourd’hui par le Congrès des Etats-Unis) et CNN (proche du Parti Démocrate de Joe Biden)”, etc. L’anti-américanisme, l’anti-atlantisme et l’anti-système pour fil conducteur ne siéent malheureusement pas à un tel exercice. Adopter davantage de recul ne signifie pourtant pas accepter les versions des uns et des autres sans se questionner et sans tenter de trier le bon grain de l’ivraie à l’image des articles publiés sur le sujet par d’autres revues, comme LOS ! par exemple (voir celui consacré à la guerre en Mer Noir, dont l’épisode de l’île des Serpents, dans le n°66).
