#Nouveauté #Magazine DSI n°164

Voilà un numéro passionnant qui peut intéresser les nombreux amateurs et passionnés d’histoire militaire, et plus particulièrement ceux dont l’intérêt se porte sur les conflits du XXème siècle, au premier rang duquel se situe la Seconde Guerre mondiale. En effet, plonger dans les conflits actuels et observer en direct certaines évolutions peuvent éclairer certains pans du passé ou tout simplement compléter ou renouveler ses approches…

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C’est le cas ici où DSI traite principalement, actualités obligent, de deux zones de tension interétatiques actuelles (l’Ukraine et Taïwan) mais également des questions industrielles (y compris taïwanaises).

Dans son éditorial, Joseph HENROTIN donne déjà l’eau à la bouche. Et permet de saisir pourquoi la seule narration des opérations militaires passées est loin d’être suffisante pour en capter toutes les subtilités.

Les très contemporains appels à la résilience (…) cachent ainsi des facteurs plus importants pour le succès militaire. C’est notamment le cas de la volonté et de la détermination, de la qualité de toutes les préparations, de la pertinence des choix qui ne sont jamais évidents, de l’importance du soutien populaire, des alliés et des alliances. Tous ces facteurs font que la guerre est avant tout un objet politique, quels que soient le lieu et la période. Ce qui était valable au temps des premières cités sumériennes l’est aujourd’hui aux alentours de Bakhmut et le sera sans doute encore longtemps. »

Joseph HENROTIN, Editorial, page 3.

Sur le plan de la compréhension des opérations militaires

Bien que portés sur l’ère contemporaine, plusieurs articles renvoient ainsi à des notions ou évoquent les conflits mondiaux du XXème siècle.

Ainsi, dans sa contribution, Michel GOYA rappelle que les guerres industrielles, quand elles ne sont pas courtes, se transforment en guerre de position, « même avec des armées modernes entièrement motorisées ».

Après des départs fulgurants, les armées de la Deuxième Guerre mondiale en Europe ou en Afrique du Nord n’ont cessé ensuite de buter sur des lignes fortifiées, El AlameinMareth, Gothique, GustaveKourskSiegfried, etc. jusqu’au mur de l’Atlantique, la plus grande de l’histoire avec la muraille de Chine.

Michel Goya, Attaquer la ligne, page 60.

Rémy HEMEZ, auteur de l’excellent livre Les opérations de déception, ruses et stratagèmes de guerre, revient sur les notions de surprise tactique et d’effet de choc.

Même l’article de Jean POTTIER sur l’artillerie française actuelle ne peut s’empêcher de faire référence à plusieurs reprises (sur l’évolution des calibres par exemple) à la Seconde Guerre mondiale.

Ce changement d’ère est au moins aussi important (et comparable en bien des points) à celui qu’elle [l’artillerie] connut au tournant du second conflit mondial.

Jean POTTIER, L’artillerie française à l’heure des défis, page 95.

Sur le plan de l’industrie de défense

L’actualité de la Loi de Programmation Militaire (LPM) donne aussi l’occasion d’aborder le sujet de la remontée en puissance. L’acronyme « DORESE » (Doctrine, Organisation, Ressources humaines, entraînement, Soutien et Equipements » apparut après 1945 apporte un filtre d’étude particulièrement utile pour comprendre les évolutions des armées durant et entre les conflits. Une construction trop peu utilisée dans l’historiographie qui se limite souvent à reprendre les mêmes références, par paresse ou tout simplement par manque de connaissance. On appréciera également l’étude sur l’hésitation permanente entre continuités et ruptures qui peut aussi renvoyer à de nombreux débats historiques.

Renseignement

Roger NOËL revient de son côté sur la notion de cycle du renseignement, née après la Seconde Guerre mondiale. Là aussi, même si le modèle n’est pas parfait, il procure une utile grille d’analyse avec laquelle peut être analysée toute opération passée, tant au niveau stratégique que tactique.

Jouer la guerre, plus qu’un loisir !

Enfin, jouer la guerre représente un loisir mais surtout permet l’éducation opérationnelle en intégrant « le jeu des possibilités » et plus globalement le principe des frictions clausewitziennes qui font qu’un plan, aussi bien établi soit-il, ne résiste jamais à l’épreuve du feu. Pour les passionnés de wargames, les notes de conception et les débats des concepteurs sur la façon de simuler telle ou telle situation sont d’ailleurs passionnants et participent à la compréhension historique.

Le présent éclaire le passé !

La culture historique et la compréhension des batailles passées fournissent de précieux atouts pour aider tout contemporain à comprendre son présent et à lui donner des réflexes. Mais l’inverse est également vrai.

De fait, l’actualité plutôt bien remplie actuellement procure de multiples passerelles à double sens que ce numéro illustre parfaitement. Un régal !

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