La course à la Meuse, bataille des Ardennes, Bastogne (tome 2) (Weyrich, 2021)

Après avoir détaillé les combats sur l’Our durant les deux premiers jours de la contre-attaque allemande dans les Ardennes en décembre 1944, Hugues WENKIN continue de revisiter l’approche historique de cette bataille en se penchant cette fois-ci sur l’avance de la 5. Panzer-Armee, et plus particulièrement des 2. Panzer-Division et 130. Panzer-Lehr-Division, jusqu’en vue de la Meuse à Dinant. Les événements décrits couvrent la période du 18 au 24 décembre 1944.

Comme dans le premier volume, le lecteur voit quelques unes de ses certitudes parfois ébranlées s’il ne connait que la version officielle américaine aux accents hollywoodiens. Bastogne apparait comme jouant un indirect dans l’arrêt de l’offensive allemande tandis que les Britanniques y voient au contraire leur apport réévalué.

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Après être difficilement venues à bout des premières lignes de la 28th US Infantry Division épaulée dans son épreuve par quelques éléments disparates de la 9th US Armored Division, les 2. Panzer-Division et 130. Panzer-Lehr-Division peuvent enfin foncer plein Ouest en direction de Bastogne. La ville n’est qu’un point de passage en direction de la Meuse qui représente le premier véritable objectif opérationnel de cette tentative désespérée de renverser la situation militaire à l’Ouest pour pouvoir ensuite atteindre la mer à Anvers afin d’encercler l’ensemble du 21st Army Group ainsi privé de son principal port de ravitaillement.

Mais le temps perdu sur l’Our, ces fameuses quarante-huit heures face aux faibles lignes américaines, permettent aux premiers renforts envoyés dans les Ardennes d’arriver devant la 5. Panzer-Armee. C’est la 10th US Armored Division qui sauve Bastogne en envoyant ses premiers éléments au devant des pointes allemandes. Ses teams O’Hara, Cherry et Desorby s’offrent en éventail pour de véritables combats de rencontre dans un véritable brouillard, météorologique et de la guerre. Fritz BAYERLEIN à la tête de sa 130. Panzer-Lehr-Division se montre particulièrement peu inspiré, comme de nombreux autres chefs allemands dans cette opération. Il n’applique pas les ordres de ses supérieurs, il se perd et ne se retrouve pas au bon endroit pour garder une vision globale des événements. Le commandement de l’avant a aussi ses défauts…

Le lecteur découvre des noms de village assez discrets dans l’historiographie alors qu’ils jouent un rôle primordial dans ces heures fatidiques. Pourtant, petite touche par petite touche, Noville, Neffe, Mageret, Longvilly, Bizory, Wardin font perdre encore un temps précieux. Au point que la 101st US Airborne Division peut arriver et s’installer, même si parfois dans des conditions acrobatiques. Bref, les Allemands ne font que rater le coche !

Tout ça pour dire que les valeureux combats des parachutistes américaines à Bastogne sont pour plus tard, une fois que l’avance vers la Meuse sera définitivement compromise. Paradoxalement, les plus durs se dérouleront après que la 4th US Armored Division (voir l’article du même auteur dans 39/45 Magazine n°371) ait rétabli la liaison avec la ville assiégée et quand les Allemands se rabattent sur ce lot de consolation. Mais c’est un autre sujet qui devra attendre le tome 3…

La seconde partie du livre détaille comment les Alliés achèvent de bloquer l’avance de la 5. Panzer-Armee. Si les Allemands continuent de progresser, leur pointe s’émousse de plus en plus, mais les Alliés se renforcent sur ses flancs. Le succès des alliés repose en effet sur leur capacité à tenir fermement les deux bases du saillant (sur les Hautes Fagnes en Nord, dans le secteur d’Echternach au Sud), de freiner en continu la progression au centre (Our, Saint-Vith, Trois-Ponts, Bastogne) puis de stopper une à une les pointes blindées germaniques les plus dangereuses (Stoumont / La Gleize pour la Kampfgruppe Peiper, Hotton pour la 116. Panzer-Division, Celles / Foy Notre-Dame pour la 2. Panzer-Division) tandis que la 130. Panzer-Lehr-Division s’éteint d’elle-même en s’étirant sur une longueur démesurée faute de s’être emparée de Bastogne à temps.

Le rôle et l’importance du XXX Corps britannique apparaissent également au grand jour. Derrière le grand arc de cercle défensif de Bastogne à Trois-Ponts composé de la 101st US Airborne Division, des restes des 28th US Infantry Division et 9th US Armored Division, des 84th US Infantry Division, 2nd US Armored Division, 3rd US Armored Division et 82nd US Airborne Division qui absorbe le choc cinétique de l’avance allemande au-delà de Houffalize, Bernard MONTGOMERY prend ses dispositions pour prévenir toute percée en redéployant certaines de ses unités. Il apparait en effet être le grand vainqueur du deuxième acte de la bataille, outre le fait d’être directement intéressé au fait que la contre-attaque allemande échoue puisque son groupe d’armées en est la cible.

Sur la forme, le livre est conforme aux standards désormais habituel du label 1944 chez Weyrich et du Mook éponyme. Bien illustré, agréablement mis en page, le lecteur ne peut être que gagné par le ton vivant et voluptueux de l’auteur dont il peut percevoir l’accent rien qu’à travers les lignes…

Sur le fond, on appréciera le recours aux sources primaires (ou presque) des After Action Reports américains, des interviews de responsables américains et allemands réalisés par les services historiques de l’US Army peu après les faits.

Sommaire

  • Introduction
  • La course pour Bastogne s’accélère
  • Le réveil des aigles hurlants
  • La liquidation du bouchon de Longvilly
  • Coup d’arrêt à Neffe
  • Affrontement sanglant à noville
  • Le Team O’Hara chassé de Wardin
  • La perte de Noville
  • Réorganisations dans les deux camps
  • Les deux Panzer-Division contournent Bastogne
  • La fin du fer de lance de von Manteuffel
  • L’importance du facteur décisionnel
  • Bibliographie et sources

Caractéristiques

  • ISBN : 978-2-87489-663-7
  • Nombre de pages : 214
  • Langue : Français
  • Reliure : reliée
  • Dimensions : 19,5 x 27,5 cm
  • Prix conseillé France à la date de parution : 35 € TTC

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