39/45 Magazine n°369 (Heimdal, 2021)

L’Histoire de la Seconde Guerre mondiale est encore loin d’être figée. En Europe et en France, deux sujets restent particulièrement sensibles : les véritables arrière-pensées de l’URSS du pacte germano-soviétique jusqu’à son invasion par le Troisième Reich lors de l’opération Barbarossa et le développement de la résistance française contre l’occupant germanique. Deux sujets que traite directement ou indirectement ce numéro de 39/45 Magazine

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Recension

La défaite du Troisième Reich permet aux alliés puis aux historiens d’avoir accès à un volume important d’archives, même si certaines d’entre elles sont détruites dans les combats ou avant d’être saisies. De plus, les témoignages s’accumulent, soit dans un cadre formel (procès de Nuremberg, études menées par l’armée américaine), soit plus librement avec des livres de témoignages ou autobiographies. Bien sûr, un certain degré de vigilance s’impose sur ces différentes sources. En effet, de nombreux acteurs cherchent par ces biais à se protéger ou à se donner le beau rôle. Ce travers, très humain, se retrouve assez naturellement également chez les Alliés.

Le contexte de la Guerre froide n’aide pas non plus à faire ressortir toutes les vérités pour ménager tel ou tel en vue de cette nouvelle confrontation. Côté soviétique et maintenant russe, la complète transparence n’a pas été et n’est toujours pas à l’ordre du jour. Jusqu’en 1989, l’URSS nie ainsi la réalité du protocole secret annexé au pacte germano-soviétique ou des massacres vis-à-vis des Polonais comme celui de Katyn. Il faut dire que l’URSS partage avec l’Allemagne et l’Italie le rôle des primo-agresseurs en Europe, sans parler des violations délibérées des conventions internationales dans le traitement des prisonniers ou des populations civiles. Plus généralement, les communistes cherchent à masquer leur attitude dans les deux premières années de la guerre. « Heureusement », le déclenchement de l’opération Barbarossa, l’invasion de l’URSS par le Troisième Reich, donne une porte de sortie par le haut. Il n’en reste pas moins que le dessein initial de Josef STALINE reste soigneusement caché, laissant ouvert toutes les supputations…

Poursuivant sa longue série d’articles sur la relation entre le Troisième Reich et l’URSS au cours de la Seconde Guerre mondiale, 39/45 Magazine se concentre donc à nouveau plus spécifiquement sur l’opération Barbarossa après en avoir rappelé la genèse dans le précédent numéro. Un premier article se penche sur les premières semaines de l’invasion de l’URSS en suivant plus particulièrement le parcours de la 18. Panzer-Division et de quelques divisions d’infanterie comme la 137. Infanterie-Division. Relativement opérationnel, il permet de comprendre les difficultés auxquelles sont confrontées très rapidement les troupes allemandes, écartelées entre la vitesse des divisions blindées et motorisées d’un côté et le rythme à pied du corps de bataille principal composé des divisions d’infanterie.

Alors que la planification stratégique de l’opération prend presqu’une année, sa préparation opérationnelle s’effectue un en temps beaucoup plus court. La majeure partie des unités n’a que quelques semaines pour se mettre en condition. Pourtant, cet handicap ne pose pas réellement de difficulté, les débuts sont plutôt prometteurs d’un point de vue tactique et opérationnel. Après le franchissement du Boug, les poches de Bialystok, Minsk et Smolensk, la mécanique s’essouffle devant une Armée rouge qui se bat et comble sans cesse ses pertes. Les carences opérationnelles et stratégiques des plans allemands prennent alors toute leur importance.

Les motivations réelles d’Adolf HITLER restent encore assez floues et la décision n’est pas si assurée que cela. Georges BERNAGE utilise pour l’occasion les propos des mémoires de Nicolaus von BELOW. D’un point de vue chronologique, l’Allemagne reste le premier agresseur en Pologne ou en URSS alors que la Grande-Bretagne puis la France sont des pays qui lui déclarent la guerre en raison de l’invasion de leur allié polonais. Si l’Armée rouge parait peu à même de prendre l’offensive en 1941, les intentions réelles de STALINE demeurent mystérieuses. Un sujet diplomatiquement toujours explosif aujourd’hui, mais crucial pour les pays d’Europe de l’Est.

Un second article revient également largement sur l’opération Barbarossa même si le sujet est en principe le parcours du vétéran Hans SIPTROTT de la Leibstandarte SS. Comme lors des précédent numéros, les informations concernant l’intéressé sont finalement très limitées. Son parcours est plutôt le moyen de proposer un historique de cette unité et de revenir sur les engagement de cette dernière. En l’occurrence, il s’agit des Balkans (opération Marita) et de l’opération Barbarossa pour laquelle Matthieu LONGUE revient aussi sur le cheminement politique et militaire de l’initiative allemande.

Les deux articles représentent à eux deux près des deux tiers du numéro.

Ce numéro poursuit également son étude de l’engagement du 442nd US Regimental Combat Team composé de soldats d’origine japonaise et son rôle dans les Vosges aux côtés de la 36th US Infantry Division qui voit l’un de ses bataillons totalement isolés. En octobre 1944, dans ce secteur également, l’armée allemande offre un résistance encore bien coriace.

Si devant l’Histoire de GAULLE personnalise le refus de la défaite, la résistance française est véritablement plurielle. Son histoire et les tensions qui en résultent traduisent à la fois des questions d’ego, d’ambition personnelle et idéologique. Les déclics se déclenchent à différent moment pour des raisons variées. Il n’y a pas grand chose à voir entre un marin qui choisit de quitter le territoire national pour continuer la lutte armée malgré l’Armistice, le militaire qui cherche à soustraire des armes aux Allemands puis s’engage dans l’ORA ou l’AS lors de l’invasion de la zone libre, le communiste qui choisit de résister à partir du moment où le Troisième Reich envahit l’URSS, le militaire qui se retrouve en Afrique du Nord après l’opération Torch, celui qui se réveille après le Débarquement en Normandie, etc. Incarner l’unité de ces différents courants sur le plan national et international est l’objet d’une âpre lutte interne et diplomatique qui permet cependant à la France de finalement exister sur le plan international et d’éviter de tomber dans la guerre civile.

L’affrontement entre de GAULLE et GIRAUD illustre à merveille ces tensions. Le dénouement parait logique entre un militaire qui est avant tout un politique et un militaire qui se met à faire de la politique malgré lui. Non initiée par de GAULLE, l’ORA ainsi demeure dans l’ombre de l’Histoire malgré un hommage finalement appuyé dans les mémoire du chef de la France libre. Une histoire passionnante à découvrir peuplée de véritables héros pour certains morts à l’ennemi. Les lecteurs peuvent apprécier une très visuelle carte de France des zones de responsabilité de l’ORA couvrant l’intégralité du territoire national (y compris les secteurs annexés depuis 1940) avec les responsables qui en ont la charge.

Un conflit tel que la Seconde Guerre mondiale fait naturellement émerger des personnalités extraordinaires, qu’on les apprécie ou non. Ce n’en sont pas moins des êtres humains comme tout le monde, comme en témoigne le court article savoureux sur les problèmes dentaires et les soins apportés aux dentas de Winston CHURCHILL et de Charles de GAULLE.

Comme de coutume, 39/45 Magazine propose son exploration des objets liés au Troisième Reich avec de très belles illustrations d’objets d’époque fournies par la maison de vente aux enchères Hermann Historica. Au menu de ce numéro, les insignes du Deutscher Luftsport Verband (DLV), des documents et objets appartenant à Hasso von MANTEUFFEL, Erwin ROMMEL, Walter von HIPPEL ou encore à membre de la Kampfgeschwader (KG) 55.

Comme depuis plusieurs numéros, les auteurs prennent soin d’annoter largement leurs articles de références. Cela fait sérieux mais aussi valorise le travail de construction réalisé même s’ils s’inspirent de textes déjà existants et non d’archives primaires.

Sommaire

Georges BERNAGE, Barbarossa, objectif Minsk (22 juin – 6 juillet 1941) : article de cinquante pages sur les débuts de l’opération Barbarossa au sein de la Heeresgruppe Mitte à travers notamment des parcours des 18. Panzer-Division, 129. Infanterie-Division et 137. Infanterie-Division lors des combats pour Bialystok, Minsk et Smolensk comprenant une réflexion sur les raisons d’Adolf HITLER de lancer l’invasion de l’URSS basée en partie sur le témoignage de Nicolaus von BELOW – Texte, cartes, photos, profils couleurs.

Matthieu LONGUE, SS-Hauptscharführer Hans Siptrott (3ème partie), chef de groupe de mitrailleurs dans la Leibstandarte SS Adolf Hitler (1941) : article de vingt-huit pages sur le parcours de la Leibstandarte SS Adolf Hitler lors de l’opération Marita dans les Balkans et de l’opération Barbarossa reprenant, outre le détail des opérations militaires de l’unité et les prémices de la création d’un premier bataillon de chars de la Waffen-SS sous l’impulsion de Wilhelm MOHNKE, la genèse de l’invasion italienne de la Grèce, du coup d’état en Yougoslavie et de l’invasion de l’URSS ainsi qu’une analyse des erreurs commises par les Allemands lors de leur ruée vers l’Est – Texte, cartes, photos.

Stéphane JACQUET, 14-30 octobre 1944, les US Niseï combattent et meurent dans les Vosges (2ème partie), le sauvetage du bataillon perdu : article de dix-huit sur les combats menés dans les Vosges autour de Saint-Dié-des-Vosges par le 442nd US Regimental Combat Team composé de soldats d’origine japonaise pour rétablir le contact la liaison avec un bataillon isolé de la 36th US Infantry Division.

Philibert de LOISY, L’ORA et le général de Gaulle : article de sept pages sur la création, l’organisation et le rôle de l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA), son intégration au sein des Forces Français de l’Intérieur (FFI) sous fond de rivalité entre de GAULLE et GIRAUD – Texte, cartes photos.

Xavier RIAUD, Deux colosses aux dents d’argile : article de trois pages sur les dentitions et les soins dentaires de Winston CHURCHILL et de Charles de GAULLE – Texte, photos.

Alain TAUGOURDEAU, Les insignes du DLV et du NSFK (1ère partie) : article de huit pages sur le Deutscher Luftsport Verband (DLV), ses tenues et ses insignes – Texte, photos, reproductions couleurs d’objets d’époque.

Georges BERNAGE, Les rendez-vous de l’Histoire : article de dix pages sur les objets et documents ayant appartenu à Hasso von MANTEUFFEL, Erwin ROMMEL, Walter von HIPPEL et à membre de la Kampfgeschwader (KG) 55 mis aux enchères par Hermann Historica – Texte, reproductions couleurs de documents et objets d’époque.

Bibliothèque (L’armée de terre française du 10 mai 1940, Hindenburg, l’homme qui a conduit Hitler au pouvoir, Decima Mas, l’unité mythique du Prince Borghese)

Caractéristiques

  • Nombre de pages : 128
  • Langue : Français
  • Reliure : brochée
  • Dimensions : 21 x 29,7 cm
  • Prix conseillé France à la date de parution : 12 € TTC

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