Le devoir de rétablir la mémoire de ceux de 1940 et d’une certaine vérité historique représente l’une des sept raisons affichées par Histoire & Collections au moment de la transformation en 2006 du magazine Histoire de guerre en Histoire de guerre, blindés & matériels qui devient un peu plus tard GBM. Quinze ans plus, tard quel chemin parcouru ! Il faut désormais vraiment le faire exprès pour affirmer certaines contre-vérités sur les combats menés à l’Ouest en 1940. C’est encore ce que démontre ce numéro 137 en concluant une étude en cinq parties sur les chars français.
Recension
Blindés français de 1940, le bilan des pertes
En effet, après avoir passé en revue ce qui deviendra plus tard les composantes de l’arme blindée et cavalerie française dans les numéros 132, 133, 135 et 136, Jacques BELLE aborde ici le bilan des matériels restant aux mains françaises au moment de l’Armistice. Comparé aux nombre de chars livrés aux armées, il montre l’état de délabrement des forces engagées depuis le 10 mai 1940. Une infirmation claire et limpide de la légende d’un nombre important de matériels restés non engagés et conservés “bien au chaud”.
L’auteur compare également les pertes reconnues au combat, les matériels encore en dotation et les engins pris par les Allemands. Il permet ainsi de faire un tri macroscopique entre les pertes au combat et celles liées à la retraite. Rien d’étonnant et de choquant sur le fond : toute armée subissant la pression ennemie et obligée de laisser le terrain à l’adversaire abandonne mathématiquement un nombre important de matériels. Les Soviétiques en 1941 et les Allemands en 1944 subissent aussi cette dure loi.
L’article aborde également les perceptions aux fil des ans et les chiffres connus. Force est de constater que dès 1941 et le procès de Riom, certains faits et chiffres sont déjà bien établis. Bref, une étude de l’historiographie de 1940 serait donc bienvenue pour comprendre comment des biais se sont accumulés et certaines théories se sont progressivement installées durablement dans l’inconscient populaire.
Si la question du nombre de matériels engagés de part et d’autre est désormais assez bien maîtrisée par les auteurs avec un minimum de sérieux, il reste encore un travail important à faire pour réhabiliter les différents engagements et redonner une vision opérationnelle plus aboutie que le traditionnel triptyque percée de Sedan / contre-offensive de la 4ème Division Cuirassée sur Montcornet / contre-attaque d’Abbeville porté par les écrits autobiographiques de GUDERIAN et de DE GAULLE repris ensuite par pléthore d’auteurs peu critiques, une tendance encore trop présente malgré d’évidents progrès de l’historiographie.
41ème BCC sur la Marne en juin 1940
D’où l’importance des habituels articles sur l’engagement des unités blindées au niveau du bataillon. Ce numéro met cette fois en avant les chars B1 Bis du 41ème Bataillon de Chars de Combat (BCC) sur la Marne du 12 au 14 juin 1940 puis les combats de Montsuzain. Une illustration concrète de la combattivité et du sacrifice des soldats français qui luttent jusqu’au bout, ce qui explique également l’ampleur des pertes allemandes. Ne reste plus qu’à faire de même avec les unités d’infanterie !
Renaissance de l’aigle polonais en attendant la gloire…
La bataille de France voit également renaître l’armée polonaise de ses cendres. Dans le cas présent, le numéro se penche sur le 1er Bataillon de Chars polonais commandé par le futur commandant de la 1st Polish Armoured Division, Stanislaw MACZEK.
Et aussi…
Comme à son habitude, ce numéro n’hésite pas non plus à aborder des aspects moins connus telles unités volontaires de l’hôpital américain de Neuilly.
Les passionnés de la Première Guerre mondiale peuvent également apprécier l’étude sur la motorisation de la traction des pièces d’artillerie.
Bref, un numéro qui permet de mesurer le travail réalisé depuis le lancement de ce format 100% armée française 1914/1940 mais également l’ampleur des sujets qui restent à explorer…
Sommaire
Le manifeste français
Guy FRANCOIS, 1914-1918, l’artillerie lourde à tracteurs à la recherche d’une organisation optimale : article de quatorze pages sur l’expansion de l’artillerie lourde française à tracteurs durant la Première Guerre mondiale montrant la croissance du nombre d’unités, l’évolution de leurs tables d’organisation et des matériels engagés pour la traction et le tir, les problématiques de ravitaillement et d’usure – Texte, photos, profils couleurs.
Jean-Claude LATOUR, 1936-1940, le bataillon d’infanterie : article de huit pages analysant l’évolution du bataillon d’infanterie des divisions françaises durant l’Entre-deux-guerres, la motorisation progressive, les matériels de transmissions, les effectifs et leurs armements – Texte, photos, profils couleurs.
Stéphane BONNAUD, Le 41ème BCC (4ème partie), baroud d’honneur sur la Marne : article de vingt-deux pages sur l’engagement du 12 au 15 juin 1940 du 41ème Bataille de Chars de Combat (BCC) sur la Marne au sud-est de Châlons-sur-Marne puis sur l’Aube et à Monsuzain – Texte, cartes, ordre de bataille, photos profils couleurs.
Frédéric PINEAU, 1939-1940, conductrices et voitures de l’hôpital bénévole de guerre américain de Neuilly : article de quatre pages sur l’hôpital bénévole de guerre américain de Neuilly engagé dans la bataille de France de mai et juin 1940 au profit du Service de Santé des armées – Texte, photos, profils couleurs.
Jacques WIACEK, Le 1er BC polonais et le groupement Maczek : article de douze pages sur la mise sur pied du 1er Bataillon de Chars polonais (BCP) aux ordres de Stanislaw MACZEK et ses combats en Champagne, sur la Marne, l’Aube, la Seine, son repli en Bourgogne et l’engagement de Montbard – Texte, cartes, ordres de bataille, photos, profils couleurs.
Jacques BELLE, La liquidation et l’ampleur du butin : article de huit pages établissant le bilan des chars et blindés français perdus au cours des opérations de mai et juin 1940, pris par les Allemands et encore à disposition des armées françaises au moment de l’Armistice – Texte, photos, profils couleurs, tables d’effectifs.