Les légendes concernant la Seconde Guerre mondiale sont tenaces. Celles à propos de mai et juin 1940 encore plus ! Pourtant, il ne faut pas grand chose pour prendre du recul et analyser les événements. Non pas en buvant benoitement les écrits de quelques généraux tout à leur gloire, mais plutôt en se replongeant dans les faits. Nouvelle démonstration dans ce numéro de Histoire de Guerre, Blindés & Matériels (renommé ensuite GBM)…
Recension
Comprendre la défaite militaire et opérationnelle de mai 1940
Basé sur le même principe que le précédent, ce numéro “interroge” Joseph GEORGES, “l’illustre méconnu de la bataille de mai-juin 1940” pour reprendre une citation de la revue. Pourtant, il joue un rôle clef puisque de Maurice GAMELIN lui délègue la responsabilité du Théâtre d’Opérations Nord-Est, soit le champ de bataille face aux Allemands. Bref, c’est lui qui a la responsabilité de mener bataille d’autant plus que le généralissime ne souhaite pas vraiment s’en occuper.
Ses réponses se basent sur ses déclarations faites en 1948, soit huit ans après les faits. Elles n’en demeurent pas moins intéressantes émanant de celui qui conduisait la bataille et plutôt concerné par le fait de rappeler quelques éléments essentiels déjà un peu vite oubliés. Il prend ainsi la défense du général André Georges CORAP en rappelant que la responsabilité du secteur de Sedan dépend de Charles HUNTZIGER. Il critique ensuite durement la contre-attaque menée par la 3ème Division Cuirassée (DCR).
Une carte attire immédiatement l’attention. Celle de la situation les 14 et 15 mai 1940 sur la Meuse entre Namur et Dun-sur-Meuse. Elle met en évidence la percée de la 6. Panzer-Division qui après avoir été bloquée plusieurs jours à Monthermé pousse jusqu’à Montcornet entre Oise et Aisne. Elle entraine l’effondrement du front français face à la tête de pont allemande de Sedan. Et créé un véritable vent de panique dans les états-majors français.

Le XIX. Armee-Korps (mot.) de Heinz GUDERIAN profite ensuite de la situation pour se glisser dans la brèche ouverte pour prendre la direction de la Somme puis de la Manche. De quoi remettre en cause la victoire allemande acquise uniquement par le franchissement de la Meuse à Sedan et l’effondrement de la 55ème Division d’Infanterie !
Du premier au dernier jour, toujours au combat
L’absence d’engagement et de persévérance est l’autre légende qui colle à mai et juin 1940 côté français. Pourtant, rien n’est plus faux à celui à condition de se donner la peine d’explorer les multiples combats engagés par les unités françaises.
Ce numéro en fournit un nouvel échantillonnage avec la destinée des hommes des hommes du 6ème GAM versés ensuite dans le 6ème GRDI rattaché à la 3ème Division d’Infanterie Motorisée (DIM) ou encore l’action du 9ème Bataillon de Chars de Combat (BCC) à Aire-sur-la-Lys le 23 mai 1940. Ce dernier article suite le précédent numéro qui étudiait l’action de la même unité à Saint-Hilaire-Cottes.
Imagination technologique, défi industriel
L’armée française n’a rien à envier à son adversaire germanique en 1940 d’un point de vue de ses matériels. Des deux côtés, il y a de nombreux points forts mais aussi plusieurs faiblesses. Les Français possède l’avantage d’avoir des chars plutôt plus puissants et mieux protégés. Les deux sont confrontés à des défis industriels majeurs. La France est en train de les relever au moment de l’attaque allemande comme en témoigne l’article sur la production char B1 Bis. Les chiffres n’ont rien à envier à ceux de la production du Panzer IV. La comparaison manque malheureusement dans l’article. Mais celui-ci illustre les difficultés et la réelle montée en cadence que la défait vient arrêter brutalement… On apprécie les dotations détaillées des 8ème, 15ème, 28ème, 37ème, 41ème, 49ème Bataillons de Chars de Combat (BCC).
Sommaire
- Le Manifeste français
- François VAUVILLIER, La responsabilité sur le front Nord-Est, le général Georges témoigne, in GBM n°76 (Histoire & Collections, 2007)
- François VAUVILLIER, Les tracteurs d’artillerie à quatre roues motrices (1ère partie), Panhard l’initiateur, in GBM n°76 (Histoire & Collections, 2007)
- Aimé SALLES, De l’ER 17 à l’ER 17-22, fait pour une guerre improbable, défait dans une guerre imprévue, in GBM n°76 (Histoire & Collections, 2007)
- François VAUVILLIER, Produire le char B, défi ou chimère ?, in GBM n°76 (Histoire & Collections, 2007)
- Eric BARBANSON, De Spa à Stonne, les “motards” de choc du Lieutenant Thiriat, in GBM n°76 (Histoire & Collections, 2007)
- François VAUVILLIER, Produire le char B, défi ou chimère ?, in GBM n°76 (Histoire & Collections, 2007)
- François VAUVILLIER, Les voitures blindées Laffly S 15 TOE, in GBM n°76 (Histoire & Collections, 2007)
- Stéphane BONNAUD, Le 9ème Bataillon de Chars de Combat Renault R35 (3ème partie), le combat d’aire-sur-la-Lys, 23 mai 1940, in GBM n°76 (Histoire & Collections, 2007)
- François VAUVILLIER, Retourné contre son commanditaire, l’obusier de 120 Schneider, in GBM n°76 (Histoire & Collections, 2007)
C’était une revue que nous étions nombreux à apprécier… Merci à vous de ce rappel.