Batailles aériennes n°96 (Lela Presse, 2021)

Menacés d’un côté par l’avance britannique suite à la bataille d’El Alamein et de l’autre par l’opération Torch, les Allemands et les Italiens s’accrochent durant six mois en Tunisie. Pour y parvenir, la Wehrmacht mobilise d’importants moyens terrestres mais aussi aériens et navals. Au-dessus d’une Méditerranée âprement disputée, l’affaire tunisienne sollicite intensément la Luftwaffe du début jusqu’à la fin. Un récit au jour le jour à découvrir dans ce numéro de Batailles aériennes rédigé par Jean-Louis ROBA.

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Recension

Composé de près d’une centaine de pages, très richement illustré, le numéro permet de comprendre l’ampleur de l’effort ainsi fourni tout au long des six mois.

L’auteur met tout d’abord l’accent sur la réactivité allemande capable de mobiliser ses unités aériennes pour projeter immédiatement des premières unités en Tunisie. L’auteur insiste également sur l’accueil plutôt favorable des populations qui évite aux Allemands d’affronter un ennemie supplémentaire et qui complique un peu plus la position des autorités françaises.

Le lecteur découvre également que le rôle de la Luftwaffe ne se limite pas au seul transport stratégique de renforts terrestres et au soutien logistique. Bombardements, appui au sol et couverture aérienne sont également au menu.

Solidement structuré

Le texte se déroule de façon chronologique et distingue plusieurs périodes :

  • 9 novembre – 10 décembre 1942 : projection en Tunisie
  • 11 décembre 1942 – 15 janvier 1943 : phase de stabilisation
  • 16 janvier – 13 février 1943 : regroupement des forces allemandes
  • 14 février – 3 mars 1943 : contre-attaques pour tenter de reprendre l’initiative
  • 4 mars – 15 avril 1943 : résistance
  • 16 au 30 avril 1943 : repli
  • 1er – 12 mai : évacuation

Pour chacune de ces périodes, l’auteur relate les engagements au quotidien des différentes unités engagées. De façon pertinente, il propose également un résumé analytique qui permet aux lecteurs de mieux appréhender le contexte des actions qu’il vient de lire.

Double intérêt

La campagne aérienne de Tunisie possède un double intérêt historique. C’est la dernière, et peut-être la plus complète, où la Luftwaffe met en œuvre toute la palette de ses moyens, y compris aéroportés. ainsi, il faut lire le court encart sur les opérations commandos contre les voies ferrées algériennes avec DFS 230 sous l’autorité d’un ancien de l’assaut sur le pont de Vroenhoven sur le Canal Albert le 10 mai 1940 (voir L’attaque silencieuse). Plus aguerrie, elle souffre néanmoins de ses limites capacitaires pour soutenir un tel engagement dans la durée. Surtout, le balancier des forces penche inexorablement en faveur des Alliés qui progressent vite.

En effet, l’Afrique du Nord permet aux Alliés de gagner en expérience. D’une part, Britanniques et Américains apprennent à œuvrer ensemble au-dessus du champ du bataille. Cette apprentissage débouche sur une coordination particulièrement poussée (voir Allies in Air Power). Les seconds se confrontent dans les airs comme au sol aux exigences de la guerre moderne (voir The North African Air Campaign). Aggiornamento indispensable une année avant l’opération Overlord alors que la Luftwaffe n’a plus les moyens de s’opposer à l’ensemble des menaces alliées sur l’ensemble de l’Europe.

Il est parfois facile de juger de façon non condescendante la performance alliée, et notamment américaine en Afrique du nord. Tout comme en Normandie l’année suivante, les Alliés ont à faire à forte partie. Ce numéro en illustre le volet aérien en Tunisie. Et ils en viennent à bout.

D’un point de vue stratégique, le maintien au prix fort d’une tête de pont en Tunisie interroge. Elle permet en tout cas de repousser de quelques mois le retour en Europe des Alliés occidentaux par la Sicile puis la botte italienne.

Agréablement illustré

Outre un texte consistant, l’illustration est soignée. Quelques profils couleurs accompagnent les clichés d’époque. Ceux-ci ne se contentent pas de reproduire les habituelles photos des avions de transport allemands au-dessus des flots. Certaines d’entre alles valent réellement le coup d’œil comme celles de l’intérieur d’un BV 222 et d’un Ju 52 survolant le port de Tunis avec un système électro-magnétique pour faire détonner les mines alliées.

Profils couleurs

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